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L'ACTUALITE DE LA DANSE |
01 juillet 2025 |
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Faces, de Maguy Marin par le ballet de l’Opéra de Lyon au Théâtre de la Ville, Paris.
Beauté et sobriété
Avec cette pièce créée en 2011 à l’Opéra de Lyon, Maguy Marin renoue avec l’esprit d’originalité puissant qui marqua ses plus grandes œuvres. Les vingt-huit danseurs du ballet de l’Opéra de Lyon investissent cette superbe suite de tableaux à la gestuelle minimale, voire absente, nous rappelant qu’immobilité et silence sont aussi des fondamentaux de la danse.
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Déroutante, cette pièce l’est certainement pour le public pour qui le mot danse est synonyme de mouvement perpétuel, exception faite, bien sûr, de ceux qui firent les beaux soirs des aberrations qui marquèrent la mode de la sinistre non danse.
Elle s’impose néanmoins d’elle-même avec une force irrésistible, par la beauté de ses images, par la manière implacable dont elles sont structurées dans le temps et dans l’espace, dont elles dialoguent avec le son, avec le silence, dont elles déploient les corps, isolément ou en groupes, aussi évocatrices de solitude que de multitude.
C’est physique, avant tout, le contraire de ce qu’un texte publié dans l’important programme tente de nous faire croire avec des phrases absconses comme : « Faces porte un éclairage – tout de clair-obscur – sur la fragile condition capable d’ouvrir une échappée à l’emprise asphyxiante des algues vertes de l’homogénéité. » [sic]
Au cas où vous ne seriez pas sensible aux images proposées, voilà sans aucun doute de quoi les comprendre et en ressentir beaucoup d’émotion. Mieux vaut donc se laisser prendre dans la logique interne de ce que propose Maguy Marin sur l’apparence et le difficile rapport aux autres comme individus ou comme groupes, sur la solitude et sur l’identité, d’autant que la chorégraphe nous ménage en bâtissant son spectacle comme par petits coups de pinceau successifs.
L’obscurité qui scande cette structure et introduit autant de tableaux nouveaux devient vite notre complice. Que va-t-on voir la seconde suivante ? Que va-t-on entendre ? Et tout s’élabore naturellement, avec le complément des images vidéo des écrans côté cour et côté jardin, omniprésentes mais discrètes, sans ostentation, comme autant d’interrogations complémentaires.
On admire la formidable qualité des danseurs, aussi maîtres de l’immobilité que du mouvement ralenti, du geste ou du déplacement simple consistant à entrer ou à sortir de scène en marchant comme tout le mode, la chose la plus difficile qui soit. On aime aussi le choix du son, juste agressif quand il faut, presque angoissant dans sa pureté dépouillée dans l’ultime tableau.
Et puis, quelle intelligence du silence, aussi important que le son dans la danse comme dans la musique, quel travail créatif sur la lumière ! Une grande heure de vrai spectacle dansé qui ne ressemble à aucun autre, qui parle avec les vrais moyens de la danse, et fascine, au delà de sa puissance émotionnelle directe, par tout ce qu’il éveille dans notre imaginaire.
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Théâtre de la Ville, Paris Le 20/10/2012 Gérard MANNONI |
 | Faces, de Maguy Marin par le ballet de l’Opéra de Lyon au Théâtre de la Ville, Paris. | Faces
chorégraphie et mise en scène : Maguy Marin
collaboration à la conception du spectacle et création sonore : Denis Mariotte
costumes et accessoires : Montserrat Casanova
scénographie : Michel Rousseau
éclairages : Alexandre Bénéteaud
Production Opéra de Lyon – Coréalisation Théâtre de la Ville, Festival d’Automne.
Avec les danseurs du Ballet de l’Opéra de Lyon |  |
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