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L'ACTUALITE DE LA DANSE |
09 mai 2025 |
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Soirée Balanchine-Millepied et départ de Laurent Hilaire au ballet de l’Opéra national de Paris.
Plaisir et regrets
Au moment où va s’achever l’ultime saison de la direction de Brigitte Lefèvre et où se termine la série de spectacles comprenant la création du Daphnis et Chloé du futur directeur de la compagnie, l’Opéra annonce que Laurent Hilaire, maître de ballet associé à la direction de la danse, va quitter le navire. Une mauvaise nouvelle accompagnant un joli spectacle.
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Ne prêtons par l’oreille aux différentes rumeurs ayant laissé entendre depuis quelque temps que Laurent Hilaire, maître de ballet associé à la direction de la danse, était sur le départ. Regardons seulement les faits. L’annonce de ce départ est maintenant officielle. Combat de chefs ? Laurent Hilaire, immense danseur et star de la brillante époque Noureev, assurait efficacement son rôle aux côtés de la directrice. Il avait même été à juste titre considéré comme son successeur potentiel.
Au bout d’une carrière des plus glorieuses effectuée entièrement au sein de ce théâtre et largement à l’international, il s’est vu préférer un outsider bien moins grand danseur que lui et connaissant infiniment moins la maison que lui, mais grand maître en l’art de la communication et, dit-on, bon gestionnaire capable d’attirer maints sponsors vers l’une des institutions pourtant déjà les mieux dotées du monde. Ne faisons aucun procès a priori mais amusons-nous simplement d’inverser la célèbre phrase de Beaumarchais : « Il fallait un grand danseur, ce fut un calculateur qui l’obtint ».
Laurent Hilaire apparaissait à ceux qui n’étaient qu’à moitié convaincus de la justesse de cette nomination, sans doute elle aussi expliquée par l’idée répandue qu’ailleurs l’herbe est toujours plus verte, comme un verrou de sécurité pouvant éviter imprudents dérapages, réformite inopportune ou simplement maladresse due à un évident manque d’expérience de la gestion d’une compagnie de cette importance. Il s’en va donc. Quelle qu’en soit la raison, c’est une grosse perte pour la compagnie et un risque supplémentaire pour le nouvel arrivant.
Hilaire sera certes remplacé par une autre valeur des plus sûres, qui sera à la rentrée 2014 elle aussi associée à la direction de la danse. Artiste exceptionnelle, intelligente, très belle danseuse, Clotilde Vayer, déjà maître de ballet, est le nouveau verrou de sécurité mis en place. Il y a tout lieu de lui faire confiance, mais cela n’enlève pas l’impression de confusion que ces changements aux raisons obscures procurent, un peu comme dans la casse politique actuelle. On annonce aussi qu’Aurélie Dupont, qui part à la retraite la saison prochaine, deviendra ensuite maître de ballet. C’est une bonne nouvelle que de savoir que cette grande ballerine restera à un poste de responsabilité de première importance.
Juste un peu d’eau froide dans le soleil de ce spectacle Balanchine-Millepied proposant une reprise du Palais de cristal de Balanchine et la création du Daphnis et Chloé de Millepied, commandé par Brigitte Lefèvre avant qu’elle ne sache qui serait son successeur.
Dans de nouveaux costumes absolument magiques à tous égards signés Christian Lacroix, le Palais de cristal, créé en 1947 à Garnier, bénéficie d’un lot de solistes remarquables, menés par Amandine Albisson et Mathieu Ganio, Marie-Agnès Gillot et Karl Paquette, Valentine Colasante et Pierre-Arthur Raveau, particulièrement percutant. Le Corps de ballet a en revanche paru quelque peu figé, coincé, manquant de charme, de cette élégante impertinence du style Balanchine si bien maîtrisée en revanche par les solistes, Étoiles ou Premiers Danseurs. La Symphonie en ut de Bizet bénéficiait de la très adéquate direction de Philippe Jordan.
On retrouvait ce dernier au pupitre du Daphnis et Chloé de Ravel, dirigé aussi avec beaucoup d’intelligence et de goût. Défendue par une élite de solistes où Aurélie Dupont et Hervé Moreau dans les deux rôles principaux sont parfaits en tous points, où Eleonora Abbagnato et Alessio Carbone tiennent avec panache les rôles de Lycénion et de Dorçon, où François Alu fait une époustouflante démonstration de ses incroyables possibilités techniques, la chorégraphie de Benjamin Millepied déploie de réelles séductions.
Du beau néo-classicisme fluide, mené rondement, avec beaucoup de danse, une intéressante recherche dans le travail des bras et un sens très exact de la personnalité de chaque soliste. Ensembles bien imaginés, entrées et sorties des groupes souvent originales. Rien de foudroyant, mais un très joli travail soutenu par les magnifiques inventions scénographiques de Daniel Buren, véritable fête de la couleur et des formes, très en accord avec la partition et admirablement éclairée par Madjid Nakimi. Sinon un événement, du moins une réussite.
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Opéra Bastille, Paris Le 28/05/2014 Gérard MANNONI |
 | Soirée Balanchine-Millepied et départ de Laurent Hilaire au ballet de l’Opéra national de Paris. | Le Palais de cristal
musique : Bizet
chorégraphie : George Balanchine
costumes : Christian Lacroix
éclairages : Madjid Nakimi
Daphnis et Chloé
Musique de Maurice Ravel
chorégraphie : Benjamin Millepied
scénographie : Daniel Buren
costumes : Holly Hynes
éclairages : Madjid Nakimi
Chœurs et Orchestre de l’Opéra national de Paris
direction : Philippe Jordan
Avec les Étoiles, les Premiers Danseurs et le Corps de ballet de l’Opéra national de Paris |  |
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