









|
 |
L'ACTUALITE DE LA DANSE |
03 juillet 2025 |
 |
Reprise de La Dame aux camélias de Neumeier au Ballet de l’Opéra national de Paris.
L’art du drame dansé
Pléthore de distributions pour cette énième reprise, au Palais Garnier, du chef-d’œuvre de Neumeier, La Dame aux camélias, créé à Stuttgart en 1978 et entré au répertoire de l’Opéra de Paris en 2006. La jeune Étoile Léonore Baulac s’y montre en ce 18 décembre digne partenaire d’un Mathieu Ganio à la somptueuse maturité.
|
 |
Réveil en majesté
Un bonheur si proche
L’addiction de la danse
[ Tout sur la danse ]
|
Rencontrée à l’entracte dans un des promenoirs de Garnier, immense Étoile qui brilla au firmament de l’époque Noureev, Monique Loudières remarquait : « Qui saura à l’avenir créer des ballets dramatiques de cette ampleur, de cette invention chorégraphique, à partir d’une œuvre littéraire de grande envergure ? » On ne peut que lui donner raison car cette Dame aux camélias reste un modèle du grand ballet dramatique qui semble insurpassable.
Tout y est impressionnant d’esprit, d’invention, dans la manière de raconter l’histoire, dans ce parallèle à la fois discret et omniprésent avec l’histoire de Manon, dans la structure de la chorégraphie, classique, mais apportant des images nouvelles comme ces acrobatiques portés hélicoptères pour lesquels Ganio se montre un partenaire de la plus grande sûreté et Baulac une très hardie ballerine.
C’est une Marguerite Gautier quasi juvénile qu’incarne d’ailleurs Léonore Baulac, rappelant à ceux qui l’ignoreraient que l’héroïne est morte à vingt-trois ans. La technique est impeccable de sûreté et d’élégance et la composition du personnage très intelligemment pensée, sans aucun excès vers le mélodrame facile ni un expressionnisme outrancier. C’est beau et d’une très grande pureté qui correspond bien au fond de l’âme de l’héroïne.
Physique incroyable à rendre neurasthéniques tous les jeunes premiers du monde cinématographique, Mathieu Ganio déploie une danse en pleine maturité, riche d’expression, parfaite de technique, et lui aussi avec une élégance fougueuse idéale pour ce provincial d’Armand qui débarque dans un monde dont il ignore les clés et qui ne va guère tarder à le broyer de mille manières. Une grande interprétation.
Et autour de ces deux Étoiles au sens le plus complet du terme, une foule de très beaux danseurs dans cette population dont Neumeier a voulu les entourer. Il y a l’étonnant couple Manon-Des-Grieux d’Héloïse Bourdon, nouvelle Première Danseuse à la promotion très méritée face à Marc Moreau, lui aussi promu Premier Danseur au dernier concours. Et tous les autres, comme Bianca Scudamore et Paul Marque ou les trois suivants de Manon : Yann Chailloux, Axel Ibot et Fabien Révillon. Et tant d’autres.
Il faut aussi souligner l’importance des deux pianistes, Emmanuel Strosser et Frédéric Vaysse-Knitter, et bien sûr de l’Orchestre de l’Opéra dirigé par James Tuggle, car ici, le dialogue musiciens-danseurs doit être d’une précision et d’une homogénéité absolues. Une grande soirée de très belle danse, donc, comme on les aime avec cette compagnie.
|  | |

|
Palais Garnier, Paris Le 18/12/2018 Gérard MANNONI |
 | Reprise de La Dame aux camélias de Neumeier au Ballet de l’Opéra national de Paris. | La Dame aux camélias
chorégraphie : John Neumeier
musique : Chopin
décors et costumes : Jürgen Rose
éclairages : Rolf Warter
Emmanuel Strosser et Frédéric Vaysse-Knitter, piano
Orchestre de l’Opéra national de Paris
direction : James Tuggle
Avec les Étoiles, les Premiers Danseurs et le Corps de ballet de l’Opéra national de Paris |  |
|  |
|  |  |
|