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L'ACTUALITE DE LA DANSE |
09 mai 2025 |
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Entrée au répertoire du Ballet de l’Opéra national de Paris de The Dante Project de Wayne McGregor et Thomas Adès au Palais Garnier.
Amour dantesque
La création française de The Dante Project est un superbe ajout au répertoire du ballet de l’Opéra national de Paris. Dans la fosse du Palais Garnier, la direction du compositeur Thomas Adès communique toutes les richesses d’une partition protéiforme, tandis que sur scène les danseurs font honneur à une chorégraphie tout autant ambitieuse.
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Commandé pour célébrer le septième centenaire de la mort de Dante (1321), The Dante Project dépasse heureusement l’exercice ou l’étude que son titre étrange peut laisser imaginer. Il ne s’agit rien moins que d’une libre adaptation de La Divine comédie. Ce long poème médiéval qui conte le voyage de son auteur, et par-là celui métaphorique de l’âme humaine, à travers, tour à tour, l’Enfer, le Purgatoire et le Paradis, trouve avec la chorégraphie de Wayne McGregor, la musique de Thomas Adès et la scénographie de Tacita Dean une illustration puissante et riche.
Le chorégraphe a partiellement contourné le caractère statique des principaux protagonistes, Dante, Virgile et Béatrice, en les faisant interagir régulièrement avec les autres personnages. La scénographe a parfaitement compris que l’œuvre est entièrement traversée par la lumière, en passant par le noir et par le feu jusqu’à l’éblouissement final. Le compositeur a su donner à chacune des trois parties une identité forte. Aux Enfers, Inferno, Adès retrouve du beau monde : Stravinski, Moussorgski, Mahler, Offenbach, Chostakovitch, Ravel et surtout Liszt, dans toutes sortes de procédés de citations, collages ou transformations étourdissantes de virtuosité.
Le très serein Purgatorio utilise un chant enregistré dans une synagogue de Jérusalem, nommée… Adès, sur lequel se greffent des riffs et mélopées orchestrales irrésistibles. Le Paradiso à l’orchestration toujours aussi habile prend la forme musique répétitive en écho aux cercles de lumière figurés par Gustave Doré dans l’une de ses gravures célèbres. Avec son chœur final extatique, c’est sans doute une partie plus convenue que les deux autres, mais il est bien connu que le Paradis est moins intéressant et inspirant que l’Enfer.
Suite au désengagement ou burn-out, on ne sait, du directeur musical de l’Opéra de Paris, le compositeur a accepté de diriger la plupart des représentations. Si l’on compare la prestation de ce soir au disque récemment enregistré par Gustavo Dudamel chez Nonesuch, on relève que la musique gagne avec Adès une profondeur supplémentaire. Il faut ajouter que l’Orchestre de l’Opéra de Paris paraît se régaler de ses nombreuses parties difficiles dont il ne fait qu’une bouchée pour un résultat glorieux.
Sur scène, le Corps de ballet sert avec précision diabolique les figures très évocatrices imaginées par McGregor. Dans des petits rôles variés, Valentine Colasante, Guillaume Diop et Marc Moreau imposent sans peine leur présence. Sans doute un peu jeune pour le rôle de Dante, Germain Louvet n’a pas l’expressivité du créateur du rôle à Londres, l’extraordinaire Edward Watson, mais montre le technicien accompli qu’il est. À l’opposé, le Virgile incarné par Irek Mukhamedov rayonne d’expérience, même lorsqu’il est immobile. C’est en définitive la Béatrice d’Hannah O’Neill qui communique à tout le plateau une émotion irradiante, celle de « l’amour qui meut le soleil et les autres étoiles ».
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