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L'ACTUALITE DE LA DANSE 25 avril 2024

Trois premières distributions de Giselle au Palais Garnier, Paris.

Nouveaux visages
© Icare

Giselle, le ballet romantique par excellence, réserve toujours des surprises aux danseurs qui s'y frottent. Cette reprise de la production 1998 à l'Opéra de Paris permet de découvrir des ballerines jamais vues ici dans le rôle des rôles, ou s'y lançant pour première fois. Trois premières distributions.
 

Palais Garnier, Paris
Le 08/02/2004
Gérard MANNONI
 



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  • On attendait avec beaucoup d'intérêt la jeune ballerine roumaine Aina Cojocaru qui avait produit une forte impression dans le pas de deux de Giselle lors d'un gala au Théâtre des Champs-Élysées. Née à Bucarest, c'est à Kiev qu'elle travailla la danse et débuta avant de rejoindre le Royal ballet de Londres où elle est aujourd'hui « principal Â». A vingt-trois ans, elle a déjà un très vaste répertoire et on ne jure que par elle outre-Manche.

    Des qualités, elle en a incontestablement. Petite, tonique, très agile, elle apporte de la fraîcheur et de la spontanéité au premier acte. Au deuxième, elle manque en revanche de mystère et du côté impondérable et immatériel qui sont indispensables. Trop charnelle, malgré d'admirables portés totalement aériens, elle paraît étrangère à cet univers de conte morbide à mi-chemin entre fantasme et réalité et surtout, elle ne parvient pas à donner une vision cohérente du personnage que ce soit au premier ou au deuxième acte. Elle a de beaux moments et d'autres assez médiocres, ce qui finit par constituer une composition sans intérêt majeur, surtout ici. Et puis, il faut reconnaître que Milena Cojocaru a de très vilains pieds, même s'il est assez cruel de le souligner, et des chaussons tout aussi laids. Dans Giselle plus qu'ailleurs, c'est un défaut majeur.

    L'Albrecht de Manuel Legris s'impose, lui, avec une autorité absolue. Danse parfaite, incarnation dramatique à tous égards très travaillée, le danseur étoile est égal à lui-même dans ce rôle où il rayonne depuis longtemps. Yann Bridard propose sa très personnelle conception d'Hilarion. Ce remarquable artiste sait donner au personnage un relief bien spécifique, en campant un anti-héros attachant plus que rebutant, employant mille menus détails pour alimenter cette approche qu'il continue à perfectionner au fil des années.

    Très brillante intervention de Benjaminn Pech avec Mélanie Hurel dans le pas de deux des paysans, mais légère déception avec la Reine des Wilis d'Eleonora Abbagnato qui semble ne toujours pas vouloir s'abandonner librement à ses dons exceptionnels. Elle reste trop prudente, trop frileuse, pour s'imposer dans des rôles où tant de fortes personnalités se sont illustrées.

    Deuxième distribution

    Deux prises de rôle « maison Â» devaient ensuite se succéder. Première danseuse, Mélanie Hurel avait l'occasion de montrer si elle savait saisir une chance de cette importance. Elle n'a pas vraiment concrétisé les espoirs mis en elle, malgré un indubitable potentiel. Une première Giselle est toujours une épreuve. Mieux vaut, sauf cas exceptionnel, attendre de posséder une certaine expérience avant de se lancer dans l'aventure. Manquant de confiance en elle, trop introvertie, Mélanie Hurel en est donc restée au stade des « espoirs à confirmer », face à un Benjamin Pech très noble, très technique, nous gratifiant d'une belle série d'entrechats-six, mais qui semblait un peu distant. On l'a vue beaucoup plus engagé dramatiquement dans le rôle, mais sa danse, notamment la variation du deuxième acte, reste exemplaire.

    Soirée donc un peu morne, d'autant que Nathalie Aubin distribuée en Reine des Wilis ne put achever le spectacle, s'étant apparemment blessée en se recevant mal sur un grand jeté. Très belle présence technique en revanche de Mallory Gaudion aux côtés de la ravissante et délicate Myriam Oulm-Braham dans le pas de deux des paysans.

    Troisième distribution

    Et puis, il y eut Aurélie Dupont. Avec sagesse, la grande étoile avait préféré attendre ce stade de sa carrière pour aborder Giselle. Comme elle a eu raison! Et quel talent ! Belle comme on le sait, Dupont a imaginé cent manières de donner vie à l'héroïne fragile du premier acte, touchante, amoureuse, facile à tromper sans être pour autant naïve. La sûreté de la danse, aux premier comme au deuxième acte, avec la technique la plus propre qui soit, beau jeu de bas de jambe, pieds ravissants, travail de bras sobre mais expressif , style de la plus grande rigueur, tout a touché à la perfection, d'autant que Nicolas Le Riche lui donna la plus émouvante et théâtrale réplique.

    Lui aussi est au sommet de ses moyens. Chaque pas prend dès lors une portée captivante et l'intérêt ne faiblit pas car il propose sans cesse des idées personnelles et intéressantes sur la vision dramatique de son personnage. Très brillante et impérieuse Reine des Wilis de Delphine Moussin et Hilarion presque trop séduisant de Karl Paquette, qui avec un physique de cinéma s'efforce de composer un méchant qui convient mal à ses traits et à sa blondeur. Mais sa danse est excellente. Bons paysans d'Emmanuel Thibault et de Dorothée Gilbert.

    Le corps de ballet hommes et femmes a paru en belle forme, avec des ensembles homogènes, toniques L'orchestre a fait de son mieux avec de beaux solos de violoncelle, d'alto, de hautbois, sous la baguette assez capricieuse et incertaine de David Coleman. Trois distributions sont encore à venir, avec notamment le couple Letestu-Martinez et la belle Zakharova face à Laurent Hilaire.




    Palais Garnier, Paris
    Le 08/02/2004
    Gérard MANNONI

    Trois premières distributions de Giselle au Palais Garnier, Paris.
    Giselle
    Musique d'Adolphe Adam
    Orchestre de l'Opéra national de Paris
    direction : David Coleman.
    chorégraphie d'après Jean Coralli et Jules Perrot transmise par Marius Petipa et adaptée par Patrice Bart et Eugène Polyakov
    décors et costumes d'Alexandre Benois

    Avec les étoiles, les solistes et les danseurs de l'Opéra national de Paris.

    Opéra national de Paris Garnier les 3, 7 et 8 février.

     


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