Oscillant entre la danse plus purement indienne et une expression contemporaine où elle n'est que sous-jacente, Akram Khan reste une personnalité décidément particulière dans le paysage chorégraphique actuel. Il y a d'abord son physique et sa danse, aussi exceptionnels l'un que l'autre, dotés de la même pureté de ligne, de la même énergie et d'une dimension intérieure presque palpable.

C'est un peu la force de ce rayonnement qui anime l'ensemble de Kaash, stimulant les autres interprètes et se trouvant sans aucun doute à la base de l'admirable scénographie imaginée en commun avec Anish Kapoor et Aldeen Malone. Pureté des éclairages et des couleurs, simplicité géométrique des formes, tout contribue à mettre en valeur une gestuelle puissante et raffinée, animée d'une énergie qui prend source, on le sent bien dans un savant métissage d'écoles et de pensées.

Nous sommes en permanence à la frontière du plus physique et du plus cérébral, l'émotion bien spécifique ressentie émanant de l'éphémère équilibre entre le suggéré et le vécu. Les corps sont présents au plus haut degré par la vitesse, la rigueur de leurs mouvement, le dessin de leurs ensembles, la langueur de certains ralentis, l'angoisse de certains solos, dans leurs affrontements aussi, sans que cela n'ait pourtant jamais rien de vraiment charnel ni sensuel.

Nous sommes dans le domaine de la beauté pure, inspirée, avec ce que cela peut avoir parfois d'un peu lointain, d'un peu abscons. Mais on est emporté par l'énergie irrésistible du geste et de l'image et l'expérience demeure unique, puissante, lumineuse.