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L'ACTUALITE DE LA DANSE 20 avril 2024

Stepping Stones, Il faut qu'une porte
et Doux mensonges, de Jiri Kylian à l'Opéra Garnier, Paris.


Kylian au sommet

Pour la deuxième fois, Jiri Kylian donne une création mondiale, Il faut qu'une porte
, à l'Opéra de Paris. Un bonheur rare, mais total, agrémenté des reprises de Stepping Stones et Doux mensonges du « chorégraphe qui ne se met jamais en colère Â», pour une soirée littéralement grisante.

 

Palais Garnier, Paris
Le 17/02/2004
Gérard MANNONI
 



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  • On attendait depuis presque cinq ans une nouvelle création de Kylian pour le Ballet de l'Opéra. Doux mensonges, également au programme de cette soirée, avait été créé ici même en mai 1999, dix ans tout juste après l'entrée au répertoire de Sinfonietta et de Tantz-Schul. Et puis, en 2001, on avait aussi acquis Stepping Stones, repris aujourd'hui, et Bella Figura. Adoré des danseurs, figure majeure et incontestée de la création contemporaine, le chorégraphe qui ne se met jamais en colère n'encombre pas l'affiche de l'Opéra. Dommage, mais on en goûte sans doute encore mieux ces rares incursions.

    Ainsi le très subtil Il faut qu'une porte
    que viennent de créer Aurélie Dupont et Manuel Legris prend la saveur de quelque fruit rare et savoureux, comme la pomme que le couple finit par croquer après bien des atermoiements. Directement inspirée du célèbre tableau de Fragonard Le verrou dont elle reproduit fidèlement costumes et décors, cette pièce d'une vingtaine de minutes est un régal d'intelligence, d'invention et de belle danse.

    Kylian a totalement compris l'esprit de ce marivaudage en peinture, aussi délicat et cru que les moeurs du XVIIIe siècle. Il l'a traduit par une chorégraphie où les corps glissent plus qu'il ne courent ou sautent, où les étreintes sont aussi sensuelles que fugaces, où l'humour n'est jamais loin sans pourtant s'afficher ouvertement, où les hésitations, les bouderies, les provocations des deux amants qui achèvent une nuit certainement agitée, trouveront leur symbolique conclusion dans un gaillard croquage de pomme.

    Sur la musique du Prélude en ré mineur de Louis Couperin dûment remodelé par Dirk Haubrich, Aurélie Dupont et Manuel Legris sont magnifiques de sensibilités, d'esprit, d'élégance spontanée et de charme. Il n'y a pas une once de vulgarité dans tout cela. Nous sommes bien en plein Siècle des Lumières, où l'on embarquait pour Cythère et pas pour des vols de tourisme sexuel. En outre, avec la danse la plus parfaite, ils ont tous deux le physique idéal de l'époque.

    Excellentes distribution aussi pour les reprises de Stepping Stones et de Doux mensonges. Ballet étrange d'une grande rigueur formelle et d'un forte densité spirituelle, Stepping Stones était dansé par les étoiles Aurélie Dupont et Agnès Letestu et une forte délégation de premiers danseurs auxquels était joint l'excellent sujet Christophe Duquenne. Une occasion de rappeler le niveau remarquable de la compagnie, capable d'aligner pareille équipe de solistes.

    Plus poétique, avec ces images filmées dans les dessous du plateau, ces arrivées des danseurs et des chanteurs par des trappes, Doux mensonges paraît toujours aussi original, attachant, rigoureux dans sa forme et sa structure. Avec la splendide Delphine Moussin, Manuel Legris et Nicolas Le Riche, Eleonora Abbagnato s'y est montrée sous un jour beaucoup plus positif que lors de ses dernières apparitions. D'autres distributions doivent venir prendre la relève de celles de cette première soirée à l'issue de laquelle Jiri Kylian fut élevé au rang de Chevalier de la Légion d'Honneur par Hugues Gall.




    Palais Garnier, Paris
    Le 17/02/2004
    Gérard MANNONI

    Stepping Stones, Il faut qu'une porte et Doux mensonges, de Jiri Kylian à l'Opéra Garnier, Paris.
    Jiri Kylian
    Stepping Stones
    musique : John Cage, Anton Webern
    scénographie et éclairages : Michael Simon
    costumes Joke Visser.

    Il faut qu'une porte

    Création mondiale
    musique Dirk Haubrich d'après Louis Couperin
    costumes Juke Visser
    éclairages : Kees Tjebbes

    Doux mensonges
    musiques : Chant grégorien, Gesulado, Monteverdi (les Arts Florissants)
    scénographie et éclairages : Michael Simon
    costumes : Juke Visser
    images en direct : services vidéo de l'Opéra de Paris.

    Chorégraphies de Jiri Kylian
    Ballet de l‘Opéra national de Paris

     


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