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L'ACTUALITE DE LA DANSE |
26 avril 2024 |
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Dernières distributions pour Giselle au Palais Garnier, Paris.
Les étoiles maison tiennent le choc
Trois dernières distributions pour cette série de Giselle au Palais Garnier. Très attendue, la belle Svetlana Zakharova n'aura finalement pas plus brillé que les étoiles maison.
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Elle a incontestablement tout pour elle : le physique, la technique, l'aura des vraies étoiles. Déjà applaudie ici dans Don Quichotte et dans La Bayadère, Svetlana Zakharova, qui était aussi apparue avec le Bolchoï dans La Fille du Pharaon, s'est bien montrée apte à incarner de manière convaincante l'héroïne type du premier romantisme, mais sans surpasser en rien nos meilleures étoiles.
Elle ne danse pas totalement la version actuelle de l'Opéra. C'est de bonne guerre, d'autant que ses apports sont de bon goût et jamais inutiles. Là n'est pas le problème. Irréprochable quant à son incarnation tant dans le premier acte que dans le deuxième, ce sont plutôt quelques erreurs de style et un comportement scénique très sophistiqué qui ont un peu tempéré notre enthousiasme.
Ainsi, il n'est pas nécessaire de lever aussi haut les jambes ici, ni dans les développés ni dans les arabesques. Ce n'est pas encore la grande école russe de la fin du siècle. Les ports de bras du deuxième acte également ne sont pas encore ceux du Lac des cygnes. Et puis, nous sommes aujourd'hui habitués à un comportement plus direct avec le partenaire. Zakharova est « ballerine » en permanence, comme intouchable, exprimant tout par le geste de la danse, y compris les moindres incidents du mimodrame.
Cela rend le personnage un peu glacé au premier acte, et c'est dommage, car Laurent Hilaire, qui danse sans doute là ses derniers Albrecht, est magnifique de bout en bout. Très théâtral, expressif, humain, avec une danse de grande classe, il apporte toute la dimension romantique de cette époque où les tourments intérieurs trouvaient souvent leur exutoire dans la magie du rêve.
Quelques jours avant, avec Nicolas le Riche, Laetitia Pujol avait montré tout le chemin qu'elle a parcouru avec ce rôle depuis le mois de juin. Beaucoup plus fluide et naturelle, elle travaille actuellement ce ballet dans la direction adéquate et sera sans aucun doute très accomplie d'ici peu. Giselle est un rôle que l'on travaille et où l'on évolue pendant toute une carrière.
Quant à Agnès Letestu, elle forme à nouveau avec José Martinez une sorte de couple idéal, symbole de la grande école française. Ils ont tous deux la pureté technique et stylistique, l'élégance, la subtilité, le sens du théâtre, et cette intégrité artistique qui fait qu'avec eux, on est certain de voir totalement la chorégraphie. Au premier acte, avec beaucoup d'intelligence, Letestu sait composer un personnage qui correspond à ses capacités physiques. D'ailleurs, il n'est dit nulle part que Giselle était petite ! Un très beau spectacle nullement éclipsé par l'attrait du nouveau apporté par Svetlana Zakharova.
Impossible de conclure sur cette série de représentations sans souligner la manière magistrale dont Marie-Agnès Gillot incarne la Reine des Wilis. De la technique de pointes à celle du saut, de la fluidité à la force et à l'impact dramatique, elle est éblouissante.
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Palais Garnier, Paris Le 25/02/2004 Gérard MANNONI |
| Dernières distributions pour Giselle au Palais Garnier, Paris. | Giselle
Orchestre de l'Opéra national de Paris
direction : David Coleman
musique d'Adolphe Adam
chorégraphie d'après Jean Coralli et Jules Perrot, transmise par Marius Petipa et adaptée par Patrice Bart et Eugène Polyakov
décors et costumes d'Alexandre Benois
Avec les étoiles, les solistes et les danseurs de l'Opéra national de Paris.
Opéra national de Paris Garnier les 10, 18 et 25 février. | |
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