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L'ACTUALITE DE LA DANSE |
24 avril 2024 |
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Reprise de Signes de Carolyn Carlson et Olivier Debré à l'Opéra Bastille, Paris.
Un chef d'oeuvre intact
Marie-Agnès Gillot
Créé en 1997, fruit d'une collaboration entre le peintre Olivier Debré et la chorégraphe Carolyn Carlson, Signes s'est imposé avec encore plus de force pour cette reprise à l'Opéra Bastille.
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Sept années se sont écoulées depuis la création de ce ballet magnifique, avec une seule reprise en 2000. On attendait donc avec passion ce retour à l'affiche d'une oeuvre où avaient à l'époque triomphé Marie-Claude Piatragalla et Kader Belarbi. Est-ce dû à la présence de Marie-Agnès Gillot, légitime héritière du rôle de Pietra et à celle d'une nouvelle génération de danseurs du corps de ballet ? Toujours est-il que l'impression a été encore plus forte qu'avant.
On sait qu'à l'origine, Carlson avait eu un peu de mal à s'adapter au projet tel que l'avait conçu Brigitte Lefèvre : créer sa chorégraphie à partir des décors d'Olivier Debré, eux-mêmes adaptation d'une certain nombre de toiles existantes. Ce n'était pas une démarche qui lui était coutumière. Elle parvint tendant à bâtir une oeuvre aussi belle plastiquement que profonde, dense, spirituellement.
Avec la musique parfaitement adaptée commandée à René Aubry, son complice de longue date, Carlson a en effet su imaginer une gestuelle et des déplacements qui, bien que totalement dans son style et dans sa manière, sont d'une absolue originalité et d'une belle unité malgré la diversité des thèmes. Se succèdent en effet les tableaux intitulés Signe du sourire, Loire du matin, Monts de Guilin, Les moines de la Baltique, L'esprit du bleu, Les couleurs de Maduraï, Victoire des Signes.
Solos, duos, ensembles, tantôt méditatifs, tantôt figuratifs, tantôt ludiques voire humoristiques, se suivent dans un éblouissement permanent de couleurs, de mouvements, mis en valeur par les somptueux éclairages de Patrice Desombes. Kader Belarbi, concentré, beau, efficace à chaque seconde, retrouve avec un impact accru le rôle qu'il avait créé il y a sept ans. Marie-Agnès Gillot, de plus en plus belle, confirme si besoin était qu'elle est bien le grand tempérament qui peut remplacer dans la compagnie une Pietragalla. Sa danse est aussi forte que fluide, esthétique que dramatique. Une splendeur.
Et tous les autres méritent que l'on souligne leur investissement et leur talent, qu'il s'agisse d'Hervé Courtain, de Yann Saïz, de Vincent Cordier ou d'Amélie Lamoureux pour ne parler que des solistes. Un spectacle à voir absolument.
Opéra national de Paris Bastille jusqu'au 3 avril.
Nouvelle étoile à l'Opéra
A l'issue de la représentation de Signes de Carolyn Carlson et Olivier Debré où elle tenait le principal rôle féminin à l'Opéra national de Paris Bastille le 18 mars, Marie-Agnès Gillot, première danseuse, a été nommé danseuse étoile de l'Opéra national de Paris par Hugues Gall sur proposition de Brigitte Lefèvre, directrice du Ballet.
On attendait cette nomination depuis longtemps sans plus trop l'espérer sous l'ère Gall. Le directeur de l'Opéra s'est finalement décidé à accorder le titre suprême à Marie-Agnès Gillot qui le mérite amplement. Que cela soit intervenu à l'issue d'une représentation de Signes est quasiment un symbole. De formation purement classique, Marie-Agnès Gillot est un tempérament assez atypique dans la compagnie, un très fort tempérament, peut-être plus adapté aux grandes pièces contemporaines qu'au répertoire classique traditionnel. Que cela soit clair, à ce degré d'accomplissement, il ne s'agit que de légères nuances d'appréciation.
Marie-Agnès Gillot a interprété au plus haut niveau les grands rôles du répertoire, Raymonda, Kitri dans Don Quichotte, Gamzatti et Nikiya dans La Bayadère, Odette/Odille dans Le Lac des cygnes. Elle fut aussi exemplaire dans Le jeune homme et la mort, Notre-Dame de Paris et Clavigo de Roland Petit. Mais c'est pourtant dans les ballets de Forsythe, de Mats Ek, de Kylian, de Preljocaj, de Neumeier qu'elle révèle les aspects les plus originaux de son talent : un impact scénique irrésistible, une présence implacable et un rayonnement immédiat dû à une danse large, puissante, généreuse.
A vingt huit ans, elle est typique de cette nouvelle « génération Opéra de Paris » qui a été très tôt initiée aux chorégraphes contemporains et qui, sur la base de la plus solide et pure école française, peut s'aventurer avec éclat dans n'importe quelle avant-garde. Au sein du petit groupe des étoiles elle a donc sa place, mais une place un peu à part. De par sa taille, de par la spécificité de son énergie, elle se différencie nettement de ses collègues, que ce soit Agnès Letestu, Elisabeth Maurin, Aurélie Dupont, Laetitia Pujol ou Cairemarie Osta. C'est un vrai talent, aujourd'hui en pleine maturité et que cette nomination va permettre de développer encore et de nous montrer sous des aspects certainement encore insoupçonnés.
GĂ©rard Mannoni
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Opéra Bastille, Paris Le 16/03/2004 Gérard MANNONI |
| Reprise de Signes de Carolyn Carlson et Olivier Debré à l'Opéra Bastille, Paris. | Signes
chorégraphie : Carolyn Carlson
décors et costumes : Olivier Debré
musique originale : René Aubry
Ă©clairages : Patrice Besombes.
Avec : Marie-Agnès Gillot et Kader Belarbi.
Les corps de ballet de l'Opéra national de Paris. | |
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