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L'ACTUALITE DE LA DANSE |
18 avril 2024 |
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Tricodex de Philippe Decouflé à l'Opéra national de Lyon.
Decouflé au pays des merveilles
Decouflé renoue avec les mystères de Codex. Une pièce originale et poétique qui n'exploite pourtant pas toutes les possibilités de l'une des meilleurs compagnies de France.
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Après Iris au Théâtre de Chaillot, Philippe Découflé vient de présenter Tricodex pour le Ballet de l'Opéra de Lyon. Ce doux rêveur, mâtiné d'un artiste au franc-parler, ne crée pas ex nihilo, mais ouvre une fois encore le Codex Seraphinianus, une encyclopédie fantaisiste peuplée de créatures animales et végétales. Quatrième opus sur ce thème, le public pénètre immédiatement l'univers du chorégraphe connu, plus ou moins consciemment, entre autres grâce à ses incursions dans le monde de la publicité pour Butagaz ou France Télécom, et les cérémonies d'ouverture et de clôture des Jeux Olympiques d'Albertville.
Les lumières posées sur le corps des danseurs, héritage de son maître Alwin Nikolaïs ainsi qu'une gestuelle parfois proche de Merce Cunningham suffisent à rappeler sa filiation. Au-delà , Découflé abonde de trouvailles en tous genres : bestiaire, florilège ou volée d'idées échappées des feuilles de dessin qu'il utilise d'ailleurs pour chaque création. Un hommage à la bande dessinée fantastique.
Découflé, c'est aussi le nom d'une tribu : Sébastien Libolt et Hugues de Courson pour la musique, Patrick Besombes pour les lumières aussi animées que les corps et Philippe Guillotel pour les costumes. Ornements habituellement plus ou moins signifiants, ils font corps avec l'oeuvre, telles ces antennes, trompes éléphantesques ou ailes qui ne sont pas sans rappeler la danse serpentine de Loïe Fuller. Ce couturier à part entière déborde d'imagination et la richesse des matières réjouit en songeant au misérabilisme ambiant dans la danse contemporaine.
Si le reproche de patchwork fait à Iris semblait sévère, force est de reconnaître que Tricodex manque de liant, certaines séquences gommant cet écueil par leur humour ou leur poésie, d'autres prêtant le flanc à la critique, sans que l'on puisse pourtant plagier le titre de l'une de ses oeuvres précédentes en parlant de petites pièces mal montées.
Pour les trente danseurs de la compagnie, l'appropriation de ces « découfleries » mérite les applaudissements et rappels qui les saluèrent. Ce travail proche du cirque ou du « théâtre d'objet », très à la mode, est assuré avec la même exigence que celle des répétitions de Forsythe ou de Kylián. Un véritable regret : si l'ensemble des danseurs brille par cette faculté d'adaptation, la réciproque n'est pas vraie. En effet, Philippe Découflé aurait pu profiter davantage du potentiel de cette grande compagnie que les plus grands chorégraphes apprécient.
Tricodex va dès ce mois d'avril tourner dans le pays de Nikolaïs et de Cunningham, un échange coutumier dans le monde de la danse, avant d'être présenté au Théâtre du Châtelet la saison prochaine.
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Opéra national, Lyon Le 28/03/2004 Vincent LE BARON |
| Tricodex de Philippe Decouflé à l'Opéra national de Lyon. | Tricodex
chorégraphie : Philippe Decouflé
Ballet de l'Opéra national de Lyon | |
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