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L'ACTUALITE DE LA DANSE |
23 avril 2024 |
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Les Fables à la fontaine, au Théâtre National de Chaillot.
La Fontaine intarissable
Trois chorégraphes, invités par La Petite Fabrique à la salle Gémier du Théâtre National de Chaillot, poursuivent l'exploration des Fables de La Fontaine à destination du plus large public, en commençant par le plus jeune à compter de 4 ans.
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[ Tout sur la danse ]
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Pas moins de douze représentations et la salle Gémier du Théâtre National de Chaillot ne désemplit pas pour cette heure de danse, composée de trois pièces de chorégraphes différents. L'objectif de cette entreprise demeure celui de la première série de fables présentée la saison passée : offrir à un public à partir de 4 ans un spectacle adapté à leur univers et leur faire apprécier ces Fables de La Fontaine autrement que par ces récitations ânonnées au tableau ou par ces dictées tant redoutées. A entendre l'engouement des enfants et à juger de l'enthousiasme de leurs accompagnateurs de partager ce projet artistique et éducatif, il faudrait prévoir une réédition.
Dominique Hervieu débute la soirée avec la reprise du Corbeau et le Renard. Cette fable des plus accessibles aux enfants est racontée, illustrée et dansée en vingt minutes d'invention et d'humour. Les deux interprètes, le musculeux italien Bobo Pari (le Renard) et le chinois Wu Zheng (le Corbeau) invitent d'abord le public à s'initier à la langue des signes, brève pantomime qui détend si besoin les jeunes esprits. Comme à son habitude avec José Montalvo, Dominique Hervieu utilise la vidéo avec humour, en la combinant à la chorégraphie fluide qui évolue entre académisme et hip hop. Un aspect cosmopolite de son oeuvre qui renforce le plurilinguisme de la narration qui amuse les enfants, séduits également par ce final en défilé de mode aux costumes imaginatifs de Mireille Hersent. Incontestablement le travail le plus abouti.
L'invitation de Béatrice Massin, chorégraphe de danse baroque, associée à la regrettée Francine Lancelot, promettait plus que son Loup et l'Agneau. L'entrée en scène des danseurs dissimulés et mouvants sous la peau de bête qu'ils incarnent intrigue. Seulement, les danseurs découverts et le vocabulaire baroque « prenant le pas », la Fable s'éloigne comme l'attention des enfants se relâche. Il est regrettable de ne pas entendre une seule phrase de ces strophes si précieuses et à leur façon si baroques, alors que les prétextes pour nous infliger des lectures abondent dans les spectacles de danse ces derniers temps.
Avec le Rat de Ville et le Rat des Champs, l'universalité du fabuliste réapparaît grâce à Dominique Rebaud, habituée des chorégraphies à destination du jeune public. Le Rat de Ville (Séverine Adamy), se présente telle un souriceau des années 1990, lolita acidulée à la technique virtuose. Son pendant campagnard (Hugues Barrouin) se distingue par son vocabulaire hip hop et la rencontre des deux interprètes symbolise sans prétention métaphorique le choc des cultures. Parfois un peu rapide et peu intelligible, le texte de la fable n'est pas mis au banc.
En guise de conclusion, après les saluts, la lecture du texte sur les intermittents, annonçant une possible reprise du mouvement si la réforme mise en place en janvier n'était pas remise en cause, n'a pas surpris ni intrigué les enfants. Ces derniers et leurs proches ainsi habilement divertis et instruits, remontent les longues marches du théâtre pleins d'images en tête et de questions à la bouche. Une sortie culturelle dans le meilleur sens du terme.
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Théâtre National, Chaillot Le 30/04/2004 Vincent LE BARON |
| Les Fables à la fontaine, au Théâtre National de Chaillot. | Le Corbeau et le Renard
chorégraphie : Dominique Hervieu
Le Loup et l'Agneau
chorégraphie : Béatrice Massin
Le Rat de Ville et le Rat des Champs
chorégraphie : Dominique Rebaud | |
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