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L'ACTUALITE DE LA DANSE |
19 avril 2024 |
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Création mondiale de La septième lune de Davide Bombana, et reprise des Noces de Bronislava Nijinska et du Sacre du printemps de Paul Taylor au Palais Garnier, Paris.
Modernités
La création mondiale de La septième lune de Davide Bombana est-elle plus moderne que Les noces selon Nijinska ou le Sacre du printemps selon Paul Taylor ? Un beau spectacle qui montre à quel point ces notions sont relatives.
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La rigueur de la gestuelle et des pas, l'apparente simplicité des lignes pourtant fort élaborées, l'austérité des costumes, tout nous entraîne au plus profond de la musique si colorée de Noces de Stravinsky dans la chorégraphie géniale que Nijinska signa pour les Ballets russes en 1923. Absolument hors du temps, cette pièce aurait aussi bien pu être créée aujourd'hui. Remise parfaitement en place par Elisabeth Platel, interprétée par Karin Averty, Hervé Moreau, Benjamin Pech et Mélanie Hurel notamment, contraire absolu d'une démonstration technique, elle a gardé tout son impact et toute sa modernité. Comme, d'ailleurs, la vision si originale du Sacre du printemps de Paul Taylor, créée en 1980 et entrée au répertoire de l'Opéra en 1984.
Substituant au rite traditionnel une histoire d'enlèvement d'enfant qui se termine dans le sang de manière à la fois poétique, humoristique et cruelle, Paul Taylor réussit une sorte de chef d'oeuvre qui à la fois évoque et parodie la gestuelle des Ballets Russes, et demande, comme Robbins dans Le concert, autant d'esprit que de qualités théâtrales de la part des interprètes. Géraldine Wiart, Nicolas Paul, Adam Thurlow, Caroline Bance, Laure Muret, tous membres du corps de ballet, eurent la possibilité de rappeler à quel point cette compagnie est composée de véritables artistes, quel que soit leur grade dans la hiérarchie. Un moment de pur bonheur.
Commande de l'Opéra national de Paris qui avait aussi demandé une partition originale à Jean Prodromidès, La septième lune, de Davide Bombana était également servie par de magnifiques interprètes en la personne des étoiles Agnès Letestu et José Martinez, puissants, virtuoses et d'un grand impact scénique, et de Stéphanie Romberg, première danseuse à la forte et intéressante personnalité. De facture franchement néoclassique, aussi sobrement réglée que décors et costumes blanc et noirs sont sobrement dessinés, la pièce se rattache à un langage qu'il faut défendre à l'heure où la danse dérive si souvent vers le n'importe quoi sous prétexte de nouveauté et où l'on estime qu'enlever sa culotte pour la mettre sur la tête est un acte chorégraphique plus pur et intéressant que de faire trois grands jetés ou deux pirouettes.
La partition de Jean Prodromidès a recueilli tous les suffrages. Avec une orchestration osée, le compositeur a créé des rythmes et des couleurs d'une grande originalité, alliant séduction et étrangeté, interpellant sans cesse l'oreille sans jamais la choquer. Une très belle pièce, certainement peu aisée à chorégraphier, mais qui convenait très bien au climat de ce conte d'inspiration japonaise traitant de la solitude de la femme abandonnée.
Trois manières d'être moderne et de le rester !
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Palais Garnier, Paris Le 16/04/2004 Gérard MANNONI |
| Création mondiale de La septième lune de Davide Bombana, et reprise des Noces de Bronislava Nijinska et du Sacre du printemps de Paul Taylor au Palais Garnier, Paris. | Noces
chorégraphie de Bronislava Nijinska
Le Sacre du printemps
chorégraphie de Paul Taylor
La septième lune
chorégraphie de Davide Bombana (création mondiale).
Etoiles, premiers danseurs et corps de ballet de l'Opéra national de Paris | |
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