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L'ACTUALITE DE LA DANSE 28 mars 2024

Les Epousés, de Kader Berlarbi, à l'Amphithéâtre de l'Opéra Bastille, Paris.

Belarbi et le piège des mots
© Icare

Nicolas Le Riche

Danseur étoile de l'Opéra de Paris, chorégraphe depuis une vingtaine d'années, Kader Belarbi est aussi passionné de peinture. Avec Les Epousés, qui illustre la relation entre le peintre Vincent Van Gogh et son frère Théo, il marie ses passions.
 

Amphithéâtre de l'Opéra Bastille, Paris
Le 17/06/2004
Gérard MANNONI
 



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  • Il était inévitable que Kader Belarbi soit un jour tenté par un thème de ce type. Superbe danseur et chorégraphe original et inventif, curieux de tous les styles, il aime aussi peindre à ses heures de loisirs, même si une étoile en a peu. Son rapport à la peinture est d'ailleurs plus qu'un passe-temps, une vraie passion, et l'objet d'une profonde réflexion.

    Rencontre fatale donc, avec Van Gogh, et avec son frère Théo, et incontournable nécessité de mettre en danse ce que sa sensibilité lui raconte sur cette belle liaison fraternelle qu'une célèbre correspondance nous a fait connaître. Les mots et l'image sont à l'origine de ce spectacle, et non la musique, comme c'est le cas dans une certaine tradition de la création chorégraphique. Ici, comme souvent aujourd'hui, les éléments marchent ensemble dans une même démarche créatrice : musique, texte, chorégraphie, lumières, scénographie, avancée collective où sont également inclus les interprètes. C'est ambitieux à tous égards, par le propos et par les forces mises en oeuvre, même avec seulement trois personnes sur scène.

    Et c'est là que l'on s'interroge sur la conception même de cette « pièce chorégraphique Â». Disons d'abord qu'elle comporte plusieurs passages absolument magnifiques et d'une indiscutable force émotionnelle, expressive, théâtrale. Ce sont ceux, en général, où les danseurs sont seuls en action. Kader Belarbi a trouvé un langage des corps parfaitement apte à traduire ce type de lien, à la fois charnel et affectif entre deux frères, sans la moindre équivoque, dans une pureté et une profondeur qui touchent et qui correspondant vraiment à ce que l'on peut imaginer à travers les textes dont nous disposons. C'est beau, personnel, intelligent et dansé de manière supérieure par Nicolas Le Riche et Wilfried Romoli. On songe bien sûr à Bacon, mais aussi à tant de groupes sculptés, à Michel-Ange, à Rodin et à Bourdelle.

    © Icare

    Mais reste le problème de la comédienne Nora Krief et du texte. Pour le spectateur, le texte fait appel à un type d'attention et de sensibilité beaucoup plus cérébrales que la danse, la musique ou la peinture. Ces trois dernières touchent directement nos sens et l'analyse ne peut venir qu'après. Le texte passe forcément par les réflexes cérébraux acquis de la compréhension et de l'analyse, même s'il est volontairement incompréhensible comme c'est le cas ici dans certains passages. Et s'il est projeté avec trop de force, voire de personnalité comme c'est également le cas avec Nora Krief, il mange la chorégraphie, accapare l'attention et s'approprie un espace qui nuit à la danse. Très forte nature dramatique, Nora Krief semble avoir quelque peu échappé au contrôle de Kader Belarbi, ou tout au moins avoir, même inconsciemment, gagné trop de présence, trop de terrain.

    Dans une pièce chorégraphique, l'intérêt premier doit rester la danse, même si s'accomplit une parfaite osmose avec tout ce qui l'entoure, la complète, la soutient. Quand Nora Krief est en scène, sa voix, sa gestuelle, ses mots absorbent l'attention plus qu'ils ne s'intègrent au jeu d'ensemble. Etait-ce évitable ? Peut-être, mais il est bien peu d'exemples passés ou présents où les épousailles d'un texte trop présent et de la danse ne causent pas quelques dommages au propos chorégraphique lui-même. En revanche, on ne peut qu'admirer le travail musical de Sergio Tomassi, les lumières de Philippe Duvauchelle et les éléments scénographiques de Valérie Berman, tous idéalement intégrés au propos. Le public, fort nombreux, réserve un accueil proche du triomphe au spectacle. C'est important et doit être dit.




    Amphithéâtre de l'Opéra Bastille, Paris
    Le 17/06/2004
    Gérard MANNONI

    Les Epousés, de Kader Berlarbi, à l'Amphithéâtre de l'Opéra Bastille, Paris.
    Les Epousés
    Pièce chorégraphique de Kader Belarbi
    Livret de Kader Belarbi et Dominique Lautré
    Musique originale et arrangements : Sergio Tomassi
    Scénographie et costumes : Valérie Berman
    Eclairages : Philippe Duvauchelle
    Avec : Nora Krtief, Nicolas le Riche, Wilfried Romoli.

     


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