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L'ACTUALITE DE LA DANSE |
20 avril 2024 |
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Giselle revue par Mats Ek au Palais Garnier, Paris.
Une Giselle fulgurante
Marie-Agnès Gillot (Giselle)
Première grande prise de rôle pour la nouvelle étoile Marie-Agnès Gillot avec cette revisitation de Giselle par Mats Ek. Avec des partenaires rôdés à cette géniale chorégraphie, elle a totalement justifié sa récente promotion.
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D'abord, il y a José Martinez et Nicolas Le Riche. Certes, on les déjà vus il y a dix ans, lors de l'entrée de l'oeuvre au répertoire, respectivement dans les rôles d'Hilarion et d'Albrecht. Ils avaient alors Marie-Claude Pietragalla comme partenaire. Avec les années, ces deux grandes étoiles ont mûri, et leur incarnation de ces deux personnages, tout en restant d'une technicité ahurissante, a acquis une dimension émotionnelle considérable. On touche là vraiment à de très grandes interprétations non seulement du domaine de la danse mais de celui du théâtre.
Quant à Marie-Agnès Gillot, elle est entrée d'emblée dans ce rôle qui semble avoir été créé pour elle, comme l'avaient fait avant elle sur cette même scène Pietragalla, Monique Loudières et Céline Talon. Cette dernière sera d'ailleurs de l'autre distribution aux côté de Kader Bélarbi et de Manuel Legris. Gillot a trouvé le ton exact de cette chorégraphie qui nous entraîne au plus profond du drame, tout en frôlant parfois le comique, au moins dans la gestuelle.
Elle a parfaitement compris tout ce qu'il y a de désespéré, de touchant, de cruel, d'attendrissant dans cette Giselle et dans les rapports qu'elle a avec ce monde d'où elle ne pourra s'échapper que dans la folie, folie où la rejoindra Albrecht dans la très forte scène finale, alors que nu, il cherche la même issue qu'elle au premier tableau vers le lointain. Stéphane Phavorin, Jean-Christophe Guerri, Stéphanie Romberg et tous les autres comme Hervé Courtain ou Laure Muret sont formidables par leur présence scénique et la qualité de leur danse. A ne manquer sous aucun prétexte.
Talon-Legris : un couple idéal
Deuxième distribution pour cette Giselle vue par Mats Ek et toujours la même qualité d'émotion. On ne redira jamais assez avec quelle perfection cette reprise a été assurée à tous égards.
Mats Ek semble avoir resserré sa chorégraphie, les danseurs paraissent encore plus investis et l'oeuvre acquiert une dimension dramatique et émotionnelle accrue. José Martinez, en raison d'une blessure de Wilfried Romoli, aura assumé toutes les représentations sans montrer, pour cette ultime représentation, la moindre trace de fatigue. Avec toujours la même sobriété, la même intériorité et une identique rigueur, il vous tirerait des larmes lors de ses interventions du deuxième acte.
On avait déjà vu Céline Talon et Manuel Legris dans ce ballet, mais pas ensemble. Chacun y atteint toujours le même niveau d'excellence individuelle, mais leur couple fonctionne de manière inattendue. A la fois fragile et dotée d'une énergie intérieure fulgurante, variant les expressions, totalement dans son personnage, Céline Talon confirme ben qu'elle est l'une des fortes personnalités de la compagnie.
Quant à Manuel Legris, danse somptueuse aujourd'hui complétée d'un véritable impact dramatique, il est comme d'habitude le partenaire idéal qui sait garder toute sa personnalité en mettant en valeur celle des autres. Belle présence également Guillaume Charlot en Ami d'Albrecht et de la splendide Nathalie Riqué en Bathilde. Présente dans la salle, Pina Bausch ne ménagea pas ses compliments à l'ensemble de la distribution à la fin du spectacle !
GĂ©rard Mannoni
Giselle vue par Mats Ek
musique d'Adolphe Adam
chorégraphie de Mats Ek
décors et costumes de Marie-Louis Ekman
lumières Göran Westrup
Avec : Céline Talon (Giselle), José Martinez (Hilarion), Manuel Legris (Albrecht), Guillaume Charlot (son ami), Nathalie Riqué (Bathilde) et les danseurs du Ballet de l'Opéra national de Paris.
01/06/2004
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