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L'ACTUALITE DE LA DANSE |
25 avril 2024 |
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Kabuki, au Théâtre national de Chaillot, Paris.
Kabuki dans la prestigieuse capitale
Double suicide à Mont-Toribé
Du 9 au 22 octobre, une troupe de kabuki, théâtre traditionnel japonais, se lançait à l'assaut du public parisien. Ce programme, festif et dépaysant, revêt un caractère pédagogique mais se révèle également une fête des sens grâce à la qualité des artistes.
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Avec le Festival d'Automne à Paris, le Théâtre National de Chaillot a l'heureuse initiative de convier les membres de la famille Ichikawa et la compagnie Shochiku pour plus de trois heures de spectacle de kabuki, initiatrices et distrayantes. L'invitation au voyage débute dès la descente des marches du palais avec une profusion de kimonos et de zoris, ces sandales en bois si peu pratiques. Alors, la salle Jean Vilar, comble, se trouve presque à parité de japonais et de français avides de ce théâtre traditionnel ou de le découvrir. Avec le nô, le kyogen et le bunraku, le kabuki perpétue une tradition de divertissement au Japon. L'idéogramme « bu » signifie danse et chaque artiste se doit de rassembler les qualités de chanteur, de comédien et de danseur. Le programme, résumé des marathons japonais du genre, se compose de trois parties bien distinctes.
La première pièce, Double suicide au Mont-Toribé, se rapproche plus directement du conte social ou moralisateur. Cette oeuvre, levé le rideau de circonstance vert, rouge et noir, réunit tous les ingrédients de ce théâtre flamboyant : maquillages élaborés, scène étirée avec ses changements de décors, musiciens assis derrière des paravents. Le placement des acteurs, la façon très étudiée et contrôlée de se mouvoir, confèrent à la représentation un aspect très codifié. Sans en saisir toutes les subtilités, le spectateur français y trouve néanmoins un sens, aidé par le surtitrage. Mais, le plaisir réside autant dans le charme très pictural de l'ensemble, ponctué par les percussions et les sorties de scènes par l'hanamachi, sorte de chemin surélevé pour mieux admirer les acteurs.
En deuxième et fulgurante partie, la nomination répétée chaque soir de Kikunosuke Onoe V au nom d'Ebizo XI s'appelle un Kôjô. Cet événement rare et émouvant débute avec les cinq acteurs pliés et costumés, adoucissant l'impression en prenant la parole, pour certains en français. L'intéressé s'exprime en ultime lieu, avec humilité, avant de procéder au « nirami ». Cette épreuve du « regard intense », censé chasser les mauvaises humeurs pour l'année, consiste en une préparation solennelle terminée par une bien vilaine grimace. L'effet se révèle fascinant, échantillon de « l'aragoto », le jeu agressif réservé aux personnages masculins.
En troisième partie, le puîné Ebizo XI se meut en onnagata, autrement dit en travesti. La pièce s'intitule Danse des Lions et comporte un long solo dansé par une geisha, Salomé orientale. La danse d'Ebizo XI séduit par son raffinement, dans l'utilisation de chaque pli du kimono que par le maniement très lié des éventails. A aucun moment le travestissement ne dérange, ce qui n'est pas le cas des deux femmes d'honneur, également déguisées en papillons. Enfin, métamorphosé en lion, Ebizo XI livre toute sa fougue, dans un costume au kitsch assumé.
On ressort avec l'envie de partir en ExtrĂŞme-Orient ou de prolonger cette introduction magistrale.
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Théâtre National, Chaillot Le 10/10/2004 Vincent LE BARON |
| Kabuki, au Théâtre national de Chaillot, Paris. | Double suicide au Mont-Toribé
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Danse des Lions | |
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