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L'ACTUALITE DE LA DANSE |
26 avril 2024 |
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The Hard Nut, de Mark Morris au Sadler's Wells Theater, Londres.
Conte de saison acidulé
Le facétieux chorégraphe américain Mark Morris présente pour la première fois à Londres The Hard Nut, sa version revisitée de Casse-Noisette, humour et fantaisie pour un public familial ou non. En cette période de proches fêtes de fin d'année, un conte de saison particulièrement acidulé !
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Aux Etats-Unis comme maintenant partout dans le monde ou presque, Casse-Noisette, comme les crocus en leur saison, annonce l'approche des fêtes de fin d'année. Aussi, chaque chorégraphe, d'abord pour la musique, et par logique économique, propose sa version de la partition rêvée de Tchaïkovski.
Ainsi, Mark Morris, du temps de sa résidence bruxelloise au Théâtre de la Monnaie, créé en 1991 The Hard Nut, une variante au titre anglais, une pièce qu'on donne chaque année en Californie et qui tourne très régulièrement avec sa compagnie, le Mark Morris Dance Group. La bande-dessinée est souvent retenue pour évoquer le monde de l'enfance mais Charles Burns, célèbre dessinateur, associe en outre dans cette production très étroitement le dessin à sa chorégraphie.
D'une manière générale, le maître américain fourmille de clins d'œil qu'il égrène plus ou moins discrètement dans son récit. Il choisit le procédé très shakespearien du théâtre dans le théâtre ou plus précisément du programme de télévision dans le théâtre. Les personnages traditionnels répondent à l'invitation à la soirée de réveillon chez les Stahlbaum. Les ensembles sont transposés en danses américaines avec des pas de fox-trot ou de jerk. Barbie, un robot échappé de Star Wars et un Jackson Five se succèdent sous les yeux excités de Marie, Fritz et d'une soeur presque pubère, Louise. Tous les ingrédients du Christmas sacré chez les anglo-saxons se trouvent tour à tour caricaturés et à la fois loués par Mark Morris, véritable Père-Noël qui se ne résiste pas à l'envie de se glisser parmi les invités à la soirée.
Aux douze coups de minuit, des rats téléguidés, sortis de paquets d'enfants gâtés, font pencher le conte dans le merveilleux. Le décor dont le sapin grandit au son de la musique crescendo et le Casse-Noisette se métamorphose sous l'œil ambigu de Drosselmeier. Les flocons débarquent alors, sans pointes, filles et garçons, volontairement mal synchronisés. Plus que dans certaines chorégraphies classiques, Mark Morris saisit la magie de la musique et s'amuse de confetti lâchés avec musicalité.
Le second acte paraît un peu moins lisible car Morris ajoute un épisode oublié d'E.T.A. Hoffmann. Néanmoins, il offre un tour du monde habilement mis en scène par une carte dont une ampoule marque chaque étape. Habituellement languissante et dénudée, la Danse arabe s'exécute voilée avec un humour politiquement incorrect mais des plus efficaces. La Valse des fleurs, malgré la musique valeureusement défendue par le Royal Ballet Sinfonietta, déçoit comparativement par son manque d'inspiration. Le Pas de deux final se poursuit dans le monde de l'enfance, sans autre allusion à la danse classique que sa construction en adage, variations et coda.
Le nom des danseurs importe peu dans cette dans cette compagnie caractérisée par sa bonne humeur et celle du public qui l'applaudit avec le sourire de l'enfance retrouvée.
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Sadler's Wells, Londres Le 21/11/2004 Vincent LE BARON |
| The Hard Nut, de Mark Morris au Sadler's Wells Theater, Londres. | The Hard Nut
The Mark Morris Dance Group
chorégraphie : Mark Morris | |
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