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L'ACTUALITE DE LA DANSE |
20 avril 2024 |
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La chambre d'Isabella, de Jan Lauwers, par les danseurs de la compagnie Needcompany au Théâtre de la Ville, Paris.
Envoûtante saga
Inspirée à Jan Lauwers par la collection d'objets africains et égyptiens de son père récemment décédé, centrée autour de l'incroyable personnalité de Viviane De Muynck, cette saga intime, intitulée la chambre d'Isabella, est aussi émouvante qu'amusante. Une réussite absolue.
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Donner une idée de ce qu'est cette dernière création du chorégraphe belge Jan Lauwers est presque mission impossible. En fait, il nous raconte en paroles, en musique, en danse, en images, la vaste sage d‘un rêve, celui qui hante la vie d'Isabella : aller en Afrique. Dans cette vie, tout est tour à tour vrai et faux, caché et révélé, mais l'Afrique, fantasme omniprésent, n'existe que par ces objets hérités, exposés en nombre sur de vastes tables et dans des vitrines dont les images sont projetées, car Isabella n'y fera qu'un séjour de quelques heures.
Alors tout se passe autour de ce désir inassouvi, et de multiples autres désirs, ceux-là très goulûment assouvis ! Si bien des détails sont révélés par Isabella, qu'incarne l'irrésistible Viviane de Muynck, les non-dits jouent aussi leur rôle pour nous tenir en haleine et surtout nous faire osciller sans cesse entre comique et drame. On est en permanence dans une demi-tonalité qui interpelle notre sensibilité, la faisant basculer d'un côté ou de l'autre. Au rire succède vive la nostalgie et maints épisodes présentés dans la bonne humeur sont en fait de petites scènes de drame.
Et puis, il y a les interprètes, tous fascinants par leur talent et leur personnalité physique. Ils sont très typés, de Viviane elle-même avec sa joviale rotondité, à Benoit Gob, faux balourd violent, en passant par Maarten Seghers, filiforme adolescent brun et sensuel, par le velu Julien Faure ou encore par le suédois Ludde Hagberg aux longs cheveux blonds dans le rôle du narrateur. Sans oublier Louise Perterhof et Tijen Lawtton qui incarnent l'hémisphère droit et l'hémisphère gauche du cerveau d'Isabella ni Anneke Bannema, en Anna, la mère de l'héroïne.
Et tous ces personnages se lancent dans cette histoire rocambolesque avec la plus absolue conviction, qu'ils dansent, qu'ils parlent ou qu'ils chantent. La pièce échappe à tous les genres. Inutile de chercher à la classer. Il suffit de regarder, d'écouter et se laisser porter par ce long fleuve pas tranquille du tout. Un vrai bonheur, mais qui ne laisse pas indemne.
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Théâtre de la Ville, Paris Le 08/02/2005 Gérard MANNONI |
| La chambre d'Isabella, de Jan Lauwers, par les danseurs de la compagnie Needcompany au Théâtre de la Ville, Paris. | La chambre d'Isabella
texte : Jan Lauwers et Anneka Bonnema
musique : Hans Petter Dahl, Maarlem Seghers
danse : Jan Lauwers, Ludde Hagbergn, Tijen Lawton, Louise Peterhoff
costumes : Lemm&Barkey
scénographie : Jan Lauwers
Ă©clairages : Jan Lauwers, Jeroen Wuyts
Par les danseurs de la compagnie Needcompany | |
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