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L'ACTUALITE DE LA DANSE |
24 avril 2024 |
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Herrumbre de Nacho Duato, et création d'Aluminium de Mats Ek au par la CompañÃa Nacional de Danza au Teatro Real, Madrid.
Sourde violence
La CompañÃa Nacional de Danza se produit le plus souvent dans le répertoire de son directeur Nacho Duato. Son dernier programme au Teatro Real en est l'illustration avec la reprise d'Herrumbre, accompagné d'une création de Mats Ek, Aluminium, véritable bouffée d'oxygène.
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Présentée à Paris au cours de sa saison au mois de mars, Herrumbre de Nacho Duato saisit encore par son originalité au regard de l'oeuvre du chorégraphe espagnol et de la violence crue qu'elle contient. Si Duato fut longtemps stigmatisé d'élève un peu scolaire de son maître Jiřà Kylián, cette pièce lui assure l'émancipation attendue. Moindre fluidité et absence de musicalité – et pour cause avec cette bande-son assourdissante – conduisent le témoin de cette apocalypse des temps modernes à s'interroger au sujet de l'actualité qui l'entoure. Cette dénonciation a priori intéressante s'avère à la longue étouffante et l'heure de spectacle peut être vécue comme un long tunnel.
Sans transition, bien que Nacho Duato semble assez perméable à la gestuelle de Mats Ek, douze danseurs de la compagnie nationale se trouvent associés à la création mondiale d'Aluminium. Il s'agit de la quatrième collaboration du maître suédois avec la CompañÃa Nacional de Danza. Cette proximité s'explique par l'entremise du Nederlands Dans Theater et peut-être par la nationalité espagnole d'Ana Laguna, aujourd'hui entre autres assistante du chorégraphe.
Le titre de l'oeuvre provient de cette couleur argentée des costumes et des tables qui meublent avec austérité la vaste scène du Teatro Real récemment et richement rénové. La lumière diaphane et la musique de l'américain John Adams exercent une plongée dans l'atmosphère confinée et l'univers expressionniste chers au chorégraphe.
La pièce débute par un solo sans musique, exécuté par la danseuse japonaise Tamako Akiyama. Grands pliés, centre de gravité proche du sol et extension sans préparation, repères stylistiques de langage de Mats Ek que son interprète s'est appropriée pour dialoguer avec son partenaire Dimo Kirilov. S'ensuit une découverte réciproque du corps et de la différence de l'autre, un échange non sans rappeler certains duos de Giselle ou de Solo for Two.
Les ensembles, réglés avec précision et prouvant la capacité de la compagnie à maîtriser un vocabulaire étranger, offrent notamment de grandes traversées très athlétiques. Les danseurs déplacent également avec une certaine brutalité des tables en aluminium, une pratique non sans rappeler et sans jeu de mot One flat thing, reproduced de William Forsythe. Le propos de cette pièce reste assez énigmatique.
Difficulté de communiquer, attirance et répulsion, isolement des sexes peuvent en être quelques clefs de lecture. Au-delà du propos, la pièce s'impose comme un concentré réjouissant caractéristique de Mats Ek. Nombreuses sont les compagnies qui aspireraient à une telle création, manifeste est le mérite de Duato d'avoir su le fidéliser.
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Teatro Real, Madrid Le 23/04/2005 Vincent LE BARON |
| Herrumbre de Nacho Duato, et création d'Aluminium de Mats Ek au par la CompañÃa Nacional de Danza au Teatro Real, Madrid. | Aluminium
chorégraphie : Mats Ek
Herrumbre
chorégraphie : Nacho Duato
CompañÃa Nacional de Danza | |
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