|
|
L'ACTUALITE DE LA DANSE |
28 mars 2024 |
|
Ligeti Essais et Pigmalion de Rameau mis en scène par Karole Armitage et dansés par le Ballet de Lorraine au Théâtre du Châtelet, Paris.
Ancien et moderne sans querelle
Programme à la fois contrasté et homogène pour cette confrontation de l'ancien et du moderne dans un spectacle partagé entre Ligeti Essais et le Pigmalion de Rameau, donnés par le Ballet de Lorraine au Théâtre du Châtelet, dans le cadre du Festival des Régions. Une cohabitation sans querelle.
|
|
Ivresse grecque
Flambeau partagé
Fulgurante beauté
[ Tout sur la danse ]
|
Un seul chorégraphe et metteur en scène pour deux univers musicaux bien différents, c'était un pari un peu risqué. Mais Karole Armitage l'a gagné aisément grâce à une imagination et à une intelligence artistique qui lui ont permis de bien voir jusqu'où elle pouvait aller dans la modernité en chaque occasion.
Les musiques de Ligeti choisies pour Ligeti Essais, très joli ballet d'une vingtaine de minutes, sont variées, colorées, pleines de rythmes, et rappellent à certains égards les pages de Bartók ancrées dans le folklore hongrois. Dans un beau décor dépouillé habillé de lumière, la chorégraphe a réglé une série de courtes pièces très vives, bien diversifiées, alternant solos, duos et ensembles avec un charme incontestable. C'est bien dansé, bien mis en place et sans une seconde d'ennui.
Avec Pigmalion, l'enjeu était tout autre, car il fallait également mettre en scène les chanteurs. S'inspirant du théâtre de marionnettes japonais où plusieurs acteurs manipulent les personnages, Karole Armitage a joué ce jeu semi-oriental sans en abuser, mais qui lui a permis de trouver un langage scénique à mi chemin entre la danse et l'action dramatique. Les chanteurs se mêlent ainsi à la chorégraphie, sage, néo-classique, presque balanchinienne, dans un décor lui aussi translucide, éthéré, avec de beaux costumes très fluides.
La partition de Rameau est brève, quarante-cinq minutes environ, concise, très typique du goût de l'époque, avec ses alternances de danses, d'airs déclamés ou vocalisants et de choeurs. Hervé Niquet et ses musiciens connaissent cet univers mieux que quiconque et en tirent le meilleur parti possible. Les chanteurs sont sans reproche, Cyril Auvity se tirant même avec beaucoup de panache du redoutable rôle de Pigmalion.
Tout cela constitue un spectacle agréable, plein de charme et d'originalité, qui atteste de la vitalité et de la personnalité du Ballet de Lorraine et qui rappelle que Karole Armitage reste l'une des valeurs du monde chorégraphique avec lesquelles il faut compter.
| | |
| | |
|