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L'ACTUALITE DE LA DANSE |
26 avril 2024 |
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Les 4 saisons
d'Angelin Preljocaj au Théâtre de la Ville, Paris.
Preljocaj au beau fixe
Valeur sûre de sa génération depuis déjà vingt ans, Angelin Preljocaj dévoile à Paris, après sa création cet été dans le sud de la France, sa dernière création : les 4 saisons
Œuvre essentiellement légère et enjouée, dans laquelle on trouvera également licence et angoisse. On a pourtant connu plus audacieux au Théâtre de la Ville.
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Depuis Near Life Experience, le Songe de Médée et N, Angelin Preljocaj explore les aspects les plus sombres et obscurs de l'humanité. Changement de ton avec les 4 Saisons
L'idée d'exploiter cette partition de Vivaldi injustement snobée surprend, même si elle s'avère avec Caligula de Nicolas Le Riche très « tendance » pour cette rentrée. La simple écoute de l'enregistrement du Venice Baroque Orchestra, dirigé par Giuliano Carmignola, réconcilie les plus sceptiques avec ce chef-d'oeuvre.
Le travail de Preljocaj ne peut être présenté dissocié de celui de son acolyte pour l'occasion, Fabrice Hyber qui signe une « chaosgraphie ». Artiste plasticien et provocateur mondialement célèbre, il livre à l'inspiration du chorégraphe et de ses interprètes objets, costumes et sa marque de fabrique, les POF (Prototypes d'Objets en Fonctionnement). Loin d'être prétentieux ou outrageusement conceptualiste, le résultat se révèle intriguant ou franchement divertissant.
Pour un chorégraphe comme un réalisateur de cinéma ou un écrivain considéré comme sérieux, toute incursion dans un registre plus léger comprend une part de risque. Ainsi, ces 4 Saisons
avec leur esthétisme et leur immédiateté dérangent le public le plus critique. De même, les plus cultivés reprochent quelques emprunts, assez évidents il est vrai, à Pina Bausch, José Montalvo ou encore Philippe Découflé. Il ne faut pas oublier qu'en danse, comme pour bien des arts, sans parler école ou filiation, on doit reconnaître l'existence de mouvements, de tendances ou pour le moins de citations plus ou moins conscientes.
Côté danseurs, les douze interprètes du Ballet Preljocaj forment un ensemble cohérent et coloré. Les physiques sont certes différents mais ils s'opposent et se répondent harmonieusement. Comme Pina Bausch, Preljocaj donne à chacun solo, duo ou personnage adapté à son corps et personnalité.
Derrière ces apparences et au gré des saisons, il glisse en forme de menace météorologique des passages plus tourmentés. Convulsions mal maîtrisées, sexe licencieux avec des lolitas exotiques, il ne se complait pas dans un univoque divertissement.
Rentrée sans danger pour le public du Théâtre de la Ville habitué à plus d'audace. Représentation sans abonnés quittant furieux leur siège en plein spectacle, sans doute prémices d'une saison assagie.
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Théâtre de la Ville, Paris Le 27/09/2005 Vincent LE BARON |
| Les 4 saisons
d'Angelin Preljocaj au Théâtre de la Ville, Paris. | Les 4 Saisons
chorégraphie : Angelin Preljocaj | |
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