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L'ACTUALITE DE LA DANSE |
25 avril 2024 |
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bODY_rMEMIX/vARIATIONS_gOLDBERG de Marie Chouinard au Théâtre de la Ville, Paris.
Pointes et autres fétiches
Retour de la Canadienne Marie Chouinard au Théâtre de la Ville avec une pièce qui se veut pleine d'excès mais somme toute assez sage. Une chorégraphie contemporaine qui contrairement à l'habitude, ne renie pas le travail de pointes mais le détourne et se l'approprie comme procédé principal du spectacle.
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Le travail de Marie Chouinard contient une esthétique très particulière, illustrée dès les posters promouvant le spectacle. Deux pieds sur pointes d'une danseuse en seconde s'affichent comme deux armes aiguisées, prêtes à traverser le tapis de sol ou taquiner le partenaire qui s'y frotte. Marie Chouinard se focalise sur ce qui ne pourrait apparaître qu'une technique mais qui pour les danseuses et novices depuis des générations relève du mythe ou de la torture. Aussi, la pièce débute dans sa première partie par un défilé mixte d'éclopés, avec pour point commun le port d'un chausson de pointes, femmes et hommes. En appui sur un pied et l'autre sur une béquille ou un déambulateur, les danseurs administrent une diagonale digne de la cour des miracles.
Les danseuses de la Compagnie Chouinard étonnent par leur aisance sur pointes et leur prise de risque. Assez charpentées, elles témoignent ainsi d'une solide formation et de la volonté assumée de la chorégraphe de mettre en évidence leur technique. Comme Jerome Robbins dans The Cage, elles apparaissent dominatrices et même prédatrices. Les garçons, entorse à l'orthodoxie de leur art, démontrent que le morceau de coton ou de caoutchouc glissé dans le chausson n'est pas un apanage exclusivement féminin. Leur danse, à plusieurs reprises féline voire explicitement lascive contribue à mettre en cause leur virilité.
L'oeuvre est traversée par un défilé de fétiches et de fétichismes sexuels, corps lacés et dénudés, poitrines à l'air, tétons peinturlurés. L'ensemble dénote une réelle crudité à laquelle le spectateur assidu du Théâtre de la Ville est néanmoins déjà habitué. Partout en Europe mais également en Amérique du Nord réputée plus prude, le sexe fait donc parler et se mouvoir.
La soirée comprend deux parties, une césure assez rare en danse contemporaine. Au premier rideau, on s'interroge sur la capacité à rebondir ou le contraste possible d'un deuxième tableau. Malheureusement, le propos s'avère identique et par conséquent un peu redondant. Pourquoi ne pas avoir joué plus évidemment sur le classicisme des Variations Goldberg pour les remixer ensuite. Ceci ne ruine pas l'impression positive confirmée quant au travail de cette chorégraphe et de sa compagnie. Pas une contestation parmi le public finalement peu familier de ces pointes et la dame salue du haut de son mètre quatre-vingts, une main au sol et avec des gestes de méditation bouddhiste. A moins qu'il s'agisse d'un rituel indien peut-être annonciateur du printemps de la danse outre-Atlantique.
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Théâtre de la Ville, Paris Le 28/02/2006 Vincent LE BARON |
| bODY_rMEMIX/vARIATIONS_gOLDBERG de Marie Chouinard au Théâtre de la Ville, Paris. | bODY_rMEMIX/vARIATIONS_gOLDBERG
chorégraphie : Marie Chouinard
Compagnie Marie Chouinard | |
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