|
|
L'ACTUALITE DE LA DANSE |
19 avril 2024 |
|
Le Songe d'une nuit d'été, de Jean-Christophe Maillot par les Ballets de Monte Carlo à l'Auditorium de Dijon.
Beauté sans tâche
Dans une esthétique très soignée, sobre et sans erreur, Jean-Christophe Maillot aborde le Songe d'une nuit d'été. Une lecture claire, efficace, fort poétique, qui prend place aux côtés de celles de John Neumeier et de Mauro Bigonzetti parmi les plus réussies de l'époque. Une magnifique démonstration des Ballets de Monte Carlo à l'Auditorium de Dijon.
|
|
L’amour virtuose
Ivresse grecque
Flambeau partagé
[ Tout sur la danse ]
|
Le Songe d'une nuit d'été est l'une des pièces de Shakespeare dont l'intrigue peut sembler la plus embrouillée. Trois univers superposés, plusieurs couples dans une quête amoureuse complexe et contradictoire, cette nuit et cette forêt shakespeariennes, lieux de toutes les métamorphoses et de toutes les illusions, voilà de quoi égarer les esprits les plus clairs.
Curieusement, la danse semble permette des caractérisations si précises que les principales tentatives d'approche chorégraphique de cet imbroglio sont parfaitement lisibles. Le premier mérite du travail de Jean-Christophe Maillot et de son équipe est donc d'avoir rendu toutes ces actions et tous ces mondes intelligibles d'emblée, de leur avoir imaginé une possibilité de cohabiter qui laisse à chacun sa propre personnalité. Le costume, bien sûr, permet une rapide identification et différencie à l'évidence les Athéniens, les artisans et les fées, mais c'est encore plus la chorégraphie elle-même qui permet d'individualiser chaque groupe.
Faux désordre et apparente naïveté pour les artisans, rigueur plus néo-classique pour les Athéniens, fluidité et fantaisie inventive pour les fées, tout se met vite en place et reste cohérent jusqu'au bout. À l'intérieur de chaque groupe, c'est encore plus la chorégraphie que le costume qui caractérise les personnages, comme la souple gestuelle et la largeur des pas et figures du bel Obéron de Jérôme Marchand, la vivacité et les grands jetés du Puck de Jeroen Verbruggen ou la finesse et la légèreté de la Tatiana de Bernice Copieters au travail de pieds d'un raffinement exceptionnel.
Parodique sans excès, doté d'un langage aux accents multiples et aux savoureuses onomatopées, le groupe des artisans est mené avec esprit par Gioia Masala en Quince le charpentier et par Gaëtan Morlotti, Nick Bottom aussi habile comédien que bon danseur. Chez les Athéniens, April Ball, Agalie Vandammee, Julien Bancillon et Asier Uriagereka campent avec fougue et virtuosité respectivement Helena, Hermia, Lysandre et Demetrius, les quatre jeunes gens en perdition pendant cette chaude nuit.
Un très astucieux dispositif scénique composé au sol d'éléments blancs géométriques facilement amovibles et dans l'air d'une superbe structure arachnéenne en forme de voile vivante, permet de définir les lieux de manière allusive et figurative tout à la fois. Dans l'esprit du Songe de Neumeier, Jean-Christophe Maillot a choisi d'attribuer une musique différente à chaque groupe de personnages : Mendelssohn pour les Athéniens, musique acousmatique de Daniel Teruggi pour les fées et « musique des métiers » de Bertrand Maillot pour les artisans. Tout cela fonctionne à la perfection et contribue naturellement à définir le climat de chacun de ces univers.
Quant à la compagnie elle-même, avec sa remarquable diversité de nationalités, elle est toujours brillante, intéressante et d'un dynamisme créatif à toute épreuve. Dans le magnifique Auditorium de Dijon où les Ballets de Monte Carlo passaient en tournée, le succès a été total.
| | |
|
Auditorium, Dijon Le 03/02/2006 GĂ©rard MANNONI |
| Le Songe d'une nuit d'été, de Jean-Christophe Maillot par les Ballets de Monte Carlo à l'Auditorium de Dijon. | Le Songe
chorégraphie et mise en scène : Jean-Christophe Maillot
musique : FĂ©lix Mendelssohn, Daniel Teruggi, Bertrand Maillot
scénographie : Ernest Pignon
costumes : Philippe Guillotel
Ă©clairages : Dominique Drillot
Ballets de Monte Carlo | |
| |
| | |
|