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L'ACTUALITE DE LA DANSE 25 avril 2024

Incidence chorégraphique à l'Orangerie de Roissy-en-France.

L'autre façon de créer

Gesualdo, de Nicolas Paul.

Face au flot de dérapages en tous genres qui encombrent aujourd'hui la scène théoriquement chorégraphique, un spectacle comme celui proposé par l'Art du Sablier à Roissy-en-France est une source de jouvence : de vrais danseurs et de vrais créateurs. Une autre façon de créer pour cette Incidence chorégraphique qui fait intervenir des danseurs de l'Opéra de Paris.
 

Orangerie, Roissy-en-France
Le 20/05/2006
Gérard MANNONI
 



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  • Avant d'examiner plus en détail la série de pièces composant ce programme, il convient de souligner la magnifique sincérité sans prétention qui caractérise le talent de tous ces jeunes chorégraphes au talent incontestable. Hormis Luca Vegetti et deux invités de marque du ballet de Leipzig, Kiyoko Kimiura et Rémy Frichet, superbes danseurs à la plastique de rêve, à la danse déliée, expressive, subtile, venus défendre deux très beaux extraits d'oeuvres d'Uwe Scholtz, les autres protagonistes étaient tous membres du Ballet de l'Opéra national de Paris.

    Deux remarques s'imposent d'ailleurs ici. L'oeuvre d'Uwe Scholtz est-elle donc interdite de séjour en région parisienne depuis que Pierre Moutarde qui nous la révéla à Saint Quentin-en-Yvelines ne dirige plus ce théâtre ? C'est pourtant une figure incontournable du néoclassicisme. Bruno Bouché doit être remercié pour en avoir affiché ces très beaux exemples. Et puis, soulignons aussi que Brigitte Lefèvre, directrice du Ballet de l'Opéra, mène une politique intelligente en laissant ces jeunes danseurs s'exprimer aussi dans un cadre plus apte à accueillir pour l'instant certaines de leurs oeuvres que les ors du Palais Garnier ou les froides structures de Bastille.

    Pour cette soirée, Luca Vegetti proposait une nouvelle version de O pièce créée en 2005, mais refondue sur une nouvelle musique. La rigueur des lignes, de la gestuelle, la pureté des dessins sur l'espace scénique restent bien caractéristiques du travail de ce chorégraphe imaginatif qui poursuit une oeuvre sans concessions. Béatrice Martel, Séverine Westermann, Bruno Bouché et Stéphane Bullion en sont les interprètes très investis.

    Après le si beau pas de deux extraits du Jeune hommed'Uwe Scholtz vient une habile et spirituelle création de Béatrice Martel, en forme de clin d'œil parodique et respectueux à Balanchine sur des pages de Stravinski, et dansée par elle-même et Bruno Bouché. Un rien de tzigane, ne serait-ce que dans le tutu, des rythmes ingénieux, de l'abattage et de l'humour, un vrai divertissement comme l'eut apprécié Mr.B !

    Charlotte Ranson, seule ballerine dans l'univers de Gesualdo

    La deuxième partie débute par Gesualdo de Nicolas Paul, sur des pages du compositeur. Nicolas Paul est sans aucun doute un vrai chorégraphe qui sait imaginer comment le langage des corps et des lumières peut nous entraîner dans une réflexion complexe sur une personnalité contradictoire que celle de ce génie assassin de sa femme. Rien n'est montré explicitement mais tout est dit, car chaque mouvement se place dans une logique générale qui ne s'éloigne jamais du fond du propos. Statue féminine au corps parfait, dans la fluidité affolée du geste ou dans l'immobilité absolue d'une Ève de Cranach, Charlotte Ranson est la seule ballerine dans cet univers d'hommes constitué de l'inquiétant Stéphane Bullion, d'Adrien Couvrez, du toujours excellent Jean-Christophe Guerri et d'Erwan Leroux.

    Après deux extraits de la Création d'Uwe Scholtz, somptueusement dansés par Kiyko Kimura et Rémy Frichet, Bruno Bouché propose le Temps des lilas sur les chansons de Barbara et Jeff Buckley. C'est une très jolie pièce bien néoclassique dans son langage mais néoromantique par sa nostalgie distanciée avec tact. Une page intime, pleine d'émotion, illustrée avec charme et élégance par Séverine Westermann, Erwan Leroux et Bruno Bouché.

    Et pour conclure ce bien rassérénant programme, Soli Ter vient confirmer aussi le brillant talent de chorégraphe de José Martinez, qui manie avec une dextérité toujours plus exercée les changements de ton, l'humour, le sérieux, dans une écriture chorégraphique très personnelle où la technique la plus précise est présente mais sans jamais envahir le propos et semble toujours passer pour une plaisanterie. Dans les ravissants costumes d'Agnès Letestu, c'est, de manière moins développée, mais quand même un travail dans l'esprit du Scaramouche de l'École de Danse, avec un ton, un climat et un authentique sens de la scène. Jean-Christophe Guerri, Martin Chaix, Adrien Couvez et Charlotte Ranson habitent cette proposition avec tout l'enthousiasme et le talent voulus.

    Beaucoup de foi, de professionnalisme, d'énergie et de talent dans ces créations et chez ces interprètes qui sont par ailleurs tout aussi capables de défendre les expressions les plus avant-gardistes, comme ils le montreront encore la saison prochaine à l'Opéra ne serait-ce qu'avec le programme Robyn Orlin, et qui gardent une rigueur, une intégrité et un sens de la vraie structure aussi bien intérieure qu'extérieure qui rassurent sur l'avenir de la danse et de la création chorégraphique.




    Orangerie, Roissy-en-France
    Le 20/05/2006
    Gérard MANNONI

    Incidence chorégraphique à l'Orangerie de Roissy-en-France.
    Incidence chorégraphique
    Chorégraphies de Luca Vegetti, Uwe Scholtz, Béatrice Martel, Nicolas Paul, Bruno Bouché, José Martinez.

     


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