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L'ACTUALITE DE LA DANSE |
19 avril 2024 |
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Docteur Labus de Jean-Claude Gallotta au Théâtre de la Ville, Paris.
La jeunesse de Gallotta
Recréé pour le Ballet de Lorraine, Docteur Labus n'a pas vraiment changé. Jean-Claude Gallotta prend soin de son répertoire et de sa transmission. Il a raison. Ses oeuvres en valent la peine. Ce passage de relai est exemplaire à tous égards.
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L'univers de Jean-Claude Gallotta a toujours été le fruit d'un imaginaire très riche, parfois débridé, parfois très sérieux, où rêve et réalité, vérité et fantaisie absolue se côtoient volontiers. S'il part du vécu, il peut en faire une fiction poétique totale. S'il part d'un rêve ou d'une idée qui lui est venue, il peut en faire un personnage ou une histoire plus vrais que nature. Son Docteur Labus, qu'il dit avoir rencontré au Mexique et qui aurait eu quatre vies parallèles avec quatre femmes différentes dans quatre villages peut aussi bien avoir été une vraie rencontre qu'une mystification totale de la part de Gallotta. Aucune importance, d'ailleurs. Ce docteur fait dorénavant partie de notre patrimoine culturel et compte parmi nos amis.
Créée en 1988, la pièce vient donc d'entrer au répertoire du CCN Ballet de Lorraine, revue mais non corrigée par son auteur en personne. On ne redira jamais assez l'importance de ce genre de transmission si l'on veut que ne se perdent pas les pièces majeures des créateurs actuels et surtout si l'ont veut qu'elles leur survivent. Connaissant la qualité du Ballet de Lorraine et du travail effectué par Didier Deschamps à sa tête, on ne s'étonnera pas de constater que ce passage de relaie est magistral.
Docteur Labus ne connaît pas une deuxième jeunesse, mais vit sa jeunesse d'une manière un peu différente, dans la mesure, déjà , où il est défendu par des danseurs de formation classique, ce qui donne d'emblée un autre climat, quant à l'énergie, à la mobilité, à l'approche globale du langage chorégraphique, d'autant que les dits danseurs pratiquent en majorité un répertoire de création. Alors, tout ce qui fait le charme et la force, l'éclat et la saveur des chorégraphies de Gallotta n'en ressort que mieux.
On se délecte de cette vivacité, de cette saveur sucré salé permanente, de la subtilité avec laquelle les mille aspects de ces rapports humains et amoureux sont évoqué, suggérés ou carrément représentés. Tout cela est rapide, expressif, original, sans redondance, défendu magistralement par ces neuf interprètes de haut vol, aussi habiles comédiens que valeureux danseurs. Ils se prêtent avec tout le talent possible à ce jeu habile et un peu pervers, à ces propositions qui aguichent et déroutent, à ces images aussi présentes que furtives, à la construction de cet univers mi rêvé mi réaliste, merveilleusement étrange.
Tout cela est pétillant et profond, léger et puissant, bien présent et totalement insaisissable. Tout ce qu'on aime dans la danse, quelle qu'elle soit.
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Théâtre de la Ville, Paris Le 06/06/2006 Gérard MANNONI |
| Docteur Labus de Jean-Claude Gallotta au Théâtre de la Ville, Paris. | Docteur Labus
chorégraphie et mise en scène : Jean-Claude Gallotta
musique : Henry Torgue, Serge Houppin
Ă©clairages : Thibaut Leblanc
décors et costumes d'après Jean-Yves Langlais récréés par Martine Augsbourger et Jacques Schiotto
Production du CCN-Ballet de Lorraine
Avec les danseurs du Ballet de Lorraine
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