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L'ACTUALITE DE LA DANSE |
26 avril 2024 |
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La Belle au bois dormant par le Ballet royal des Flandres au Concertgebouw de Bruges.
Frêle beauté
Aki Saito et Wim Wanlessen
Le Ballet royal des Flandres, non sans une ambition certaine, remonte la Belle au bois dormant dans la version que Macia Haydée créa pour le Ballet de Stuttgart. La compagnie d'une cinquantaine de danseurs s'y présente à son avantage, pari gagné pour sa récente directrice Kathryn Bennets.
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Si les grands classiques du répertoire connaissent parfois des adaptations ou des compromis envisageables pour un effectif réduit, la Belle au bois dormant exige un luxe et une pompe difficilement révisables à la baisse. Aussi, le Ballet Royal des Flandres en programmant cet incontournable édifice a réuni tous ses danseurs, entourés d'élèves de l'école du Ballet et le résultat s'avère digne des plus grandes phalanges nationales. Kathryn Bennets, ancienne répétitrice de Forsythe n'a pas la prétention de relire l'oeuvre ou de la remonter seule mais s'adjoint intelligemment les services de Marcia Haydée, entourée des répétiteurs maison.
La chorégraphie de Marcia Haydée paraît très proche de la version de Marius Petipa, telle qu'elle est présentée aujourd'hui par le Mariinski ou l'Opéra de Paris notamment. L'illustre interprète de Cranko a néanmoins considérablement renforcé le rôle habituellement plutôt mimé de Carabosse, interprété par un danseur travesti omniscient. Cette fée malveillante est utilisée ingénieusement entre chaque acte et damne le pion sans appel à sa consoeur Lilas.
Malheureusement, quelques idées perturbent un peu plus. Tout d'abord, pourquoi avoir banni à la place du Roi les tricoteuses que le début du premier acte appelle par sa mélodie ? Ensuite, au deuxième acte, si le réveil d'Aurore surprend toujours par sa rapidité, l'idée de changer la musique pour ce moment-clé aboutit à une perte des repères.
Tchaïkovski et Petipa ont travaillé tellement étroitement pour ce ballet que dans une lecture prétendument classique, un tel subterfuge semble difficile. Encore moins envisageable, au dernier acte, Haydée sur une toute autre musique nous impose un Aladin sorti du chapeau sur la chorégraphie du Corsaire. Là , le patchwork frise la caricature
Du côté des danseurs, le rôle-titre revient à la japonaise Aki Saito. Talentueuse sans conteste, la danseuse manque d'aura sur scène et ce rôle majestueux se trouve réduit à une série de variations charmante mais dénuées de sens. Entre le premier acte et le mariage princier au troisième, aucune réelle évolution du personnage ne se dessine. En revanche, son prince, le belge Wim Vanlessen suscite plus d'enthousiasme. Si sa taille modeste ne le prédestine pas au rôle, l'élégance et la précision du mouvement lui confèrent du sang bleu. Ses qualités se rapprochent de l'école française, une chance pour cette oeuvre si « louis-quatorzienne ».
Le couple réuni fonctionne à merveille, les trois poissons, modèles du genre, concluent l'adage du grand pas avec grand panache. L'oiseau bleu, l'ukrainien Geniy Kolesnik brise et vole à souhait tandis que sa Princesse Florine, l'espagnole Altea Nunez brille dans une variation souvent mésestimée par rapport à celle de son partenaire.
Marcia Haydée affectionne l'abondance de contes, de Cendrillon à Blanche-Neige, en passant par le Petit Chaperon rouge, tout Perrault est convié à la noce et les enfants nombreux dans la salle, maintenus éveillés par cette apothéose, redoublent d'applaudissements. La Belle au bois dormant ravit une fois encore tous les publics avides de belles histoires ou de belle danse.
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Concertgebouw, Bruges Le 17/06/2006 Vincent LE BARON |
| La Belle au bois dormant par le Ballet royal des Flandres au Concertgebouw de Bruges. | La Belle au bois dormant
Ballet Royal des Flandres | |
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