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L'ACTUALITE DE LA DANSE |
19 avril 2024 |
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Nouvelle distribution pour la Dame aux Camélias de John Neumeier à l'Opéra de Paris.
La Dame aux Camélias (2) :
Eleonora Prima Pandora
Troisième prise de rôle de Marguerite dans la Dame aux camélias de John Neumeier. La Première Danseuse Eleonora Abbagnato s'y distingue par sa beauté et son intensité dramatique. Benjamin Pech, son partenaire récemment étoilé, lui répond avec autant de ferveur.
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John Neumeier, sans trahir sa propre compagnie à Hambourg, apprécie de travailler avec le Ballet de l'Opéra national de Paris. Sa fidélité, de notoriété publique, se manifeste jusque dans le choix des interprètes qu'il connaît pour travailler avec eux au moins tous les deux ans. Eleonora Abbagnato eut cette chance à deux reprises, dans le rôle de Titania de son Songe d'une nuit d'été, ainsi que dans Sylvia où, gainée dans une robe rouge, elle enflammait l'Opéra Bastille. Ainsi, elle se trouve Première Danseuse seule distribuée dans cette entrée au répertoire parisien de la Dame aux camélias. Nul doute dès la publication des distributions que l'Italienne affectionne d'incarner ce destin tragique.
Au premier acte, Abbagnato offre les charmes faciles et séduisants d'une courtisane à l'apogée de sa célébrité au coeur du XIXe siècle. Souriante et même rieuse, elle vampirise le public du Théâtre des Variétés, troublée par la présence du Duc et agacée par celle du Comte de N. La découverte d'Armand semble l'inciter à plus d'authenticité, vérité du sentiment amoureux révélée dès le premier pas de deux. Le personnage de Manon, pour laquelle elle semble partagée entre attraction et répulsion, met à jour une certaine fragilité de l'élégante.
Au deuxième acte, à Bougival, la danseuse irradie de fraîcheur et tout simplement de beauté. À nouveau si souriante, elle apparaît plus sincère et ostensiblement abandonnée au transport amoureux dans le deuxième pas de deux. Enfin, au troisième acte, l'entrée en scène bouleverse, tant cet être de beauté s'avance vieillie, gagnée par la maladie. Eleonora Abbagnato y montre toutes ses qualités d'interprète, absolument à son aise dans la chorégraphie flatteuse de Neumeier.
Une telle aisance dans le rôle de Marguerite exige une réelle complicité avec son partenaire. Benjamin Pech permet cette alchimie rare et précieuse face à la complexité des portés pour chacun des trois grands pas de deux. Le danseur Étoile a régulièrement montré sa prédilection pour les oeuvres dramatiques. Dès le premier acte, malgré l'agitation sur scène et la diversité des caractères, il s'attire les regards de Marguerite mais aussi de tous les spectateurs. Ses qualités de partenaire sont éprouvées, à l'issue de trois actes effroyables pour tout danseur, un test redoutable qu'il transforme en faire-valoir.
Parmi les nombreux rôles secondaires, Simon Valastro en Comte de N. se montre à la fois désopilant et touchant de fidélité pour Marguerite qui n'a cesse de le rejeter de façon humiliante. Michael Denard poursuit son interprétation du rôle de Monsieur Duval. Le bras tremblant, probablement de fatigue, il permet un contraste fort à -propos avec Abbagnato lorsqu'il enjoint à la courtisane de ses séparer de son fils.
L'oeuvre et ses interprètes connaissent chaque soir un accueil sans réserves. Sans grande nouveauté, elle peut probablement dès sa création à Paris devenir un pilier du répertoire.
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Palais Garnier, Paris Le 12/07/2006 Vincent LE BARON |
| Nouvelle distribution pour la Dame aux Camélias de John Neumeier à l'Opéra de Paris. | La Dame aux camélias
chorégraphie : John Neumeier
Ballet de l'Opéra national de Paris
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