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L'ACTUALITE DE LA DANSE 19 avril 2024

Don Quichotte dans la chorégaphie de George Balanchine par le Suzanne Farrell Ballet au festival d'Édimbourg.

Douche écossaise
© Douglas Robertson

Le Don Quichotte de George Balanchine tient du mythe. Un mythe qui reprend vie grâce à Suzanne Farrell qui le remonte avec sa compagnie et grâce au Festival d'Edimbourg qui a l'heureuse initiative de l'inviter. Première européenne du ballet, l'attente est aussi grande que la déception.
 

The Edinburgh Playhouse, Edinburgh
Le 26/08/2006
Vincent LE BARON
 



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  • La toute première européenne de Don Quichotte est différée de quelques minutes, un spectateur du premier rang pris d'un malaise devant être évacué. Sans aller jusqu'à l'évanouissement, nombreux sont les balletomanes et adeptes de Balanchine émus de voir enfin cette création. Qu'attendre de cette oeuvre imaginée en 1965 par Balanchine pour Suzanne Farrell, alors que treize années après la première, Balanchine après maints remaniements la retira du répertoire du New York City Ballet ?

    Au regard d'une production plus qu'abondante du maître, son Don Quichotte figure parmi les quatre ballets d'une soirée entière. Pour la musique, ni Tchaïkovski, ni Mozart ou Stravinski mais une commande de Balanchine à Nicolas Nabokov. Plus que dans bien d'autres pièces, Balanchine qui connaissait bien la chorégraphie de Marius Petipa et d'Alexandre Gorski a faible table rase de l'héritage russe pour faire oeuvre entièrement nouvelle. L'esprit en est fondamentalement plus fidèle à l'épopée de Cervantès. Ainsi, malgré un deuxième acte en forme de divertissement, l'ouvrage dans son ensemble met plus logiquement au centre de l'argument le chevalier à la triste figure.

    Cette reprise de Don Quichotte retient aussi l'attention car elle est remontée par Suzanne Farrell. La légendaire muse de Balanchine avait 19 ans en 1965. Quarante ans après, elle transmet ce que Balanchine lui présenta comme le témoignage d'un amour à cette époque révélé publiquement. Alors que ses relations avec le Balanchine Trust demeurent toujours complexes, Farrell conserve sur Don Quichotte une légitimité et une liberté totales. Dans la mesure où le ballet en treize années de représentations connut beaucoup de modifications, l'intégrité de l'entreprise ne prête pas a priori trop le flanc à la critique.

    Malheureusement, le ballet ne convainc absolument pas. Le prologue et le premier acte s'étirent comme un interminable mime sans conviction. Don Quichotte y apparaît presque sénile, tandis que les apparitions de Dulcinée frisent le mysticisme ou la chromo doucereuse. L'unique variation sur pointes de Dulcinée évoque ce qui aurait pu convenir à Farrell. La canadienne Heather Ogden semble paralysée pour cette première. Sur la place d'un village, le folklore repensé par Balanchine demeure à la recherche de son identité. On se demande si le ballet a ainsi toujours cherché ses marques ou si Suzanne Farrell peine à reconstituer l'original.

    Passé l'entracte pour souffler ou reprendre espoir, un divertissement constitue l'essentiel de la deuxième partie. Aucune sorte d'amélioration, les danseurs de cette compagnie éphémère s'avèrent unanimement dépassés par les pas et la musique de Nicolas Nabokov ne compense pas un tel vide chorégraphique. Le troisième et dernier acte ne fait que reprendre des recettes déjà épuisées et peu comestibles.

    Il arrive d'être déçu ou un peu perplexe face à une oeuvre inconnue. Pour ce Don Quichotte, c'est la consternation plus encore que la déception. Il est vrai que l'ouvrage du temps sélectionne les chefs-d'oeuvre et abandonne raisonnablement ce qui ne suffit plus. Suzanne Farrell en exhumant cette pièce vieille de presque trente avant son retrait de son vivant par Balanchine a créé l'évènement aux États-Unis comme au Royaume-Uni. Une entreprise bien périlleuse pour l'avenir de sa compagnie !




    The Edinburgh Playhouse, Edinburgh
    Le 26/08/2006
    Vincent LE BARON

    Don Quichotte dans la chorégaphie de George Balanchine par le Suzanne Farrell Ballet au festival d'Édimbourg.
    Don Quichotte
    chorégraphie : George Balanchine
    The Suzanne Farrell Ballet

     


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