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L'ACTUALITE DE LA DANSE 27 avril 2024

Asobu de Josef Nadj par la compagnie Buto Dairakudakan au Théâtre de la Ville, Paris.

Nadj voit la vie en gris
© Laurent Philippe

Perle, mastic ou souris, le gris est le maître, la métaphore surfilée, à croire le sens même de la dernière pièce de Josef Nadj, cet Asobu créé cet été au festival d'Avignon dont le chorégraphe fut président et que reprend en ce début de saison le Théâtre de la Ville, hommage à Henri Michaux jouant à une certaine contemporanéité.
 

Théâtre de la Ville, Paris
Le 03/10/2006
François FARGUE
 



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  • Sol, murs, costumes, table, chaises, arrosoirs : tout est gris, spectaculairement gris. Gris si ce n'est le bandage blanc sur le visage d'un homme immobile, ou l'écran blanc improvisé. Gris si ce n'est quelques éclats de couleurs passé une grosse vingtaine de minutes de spectacle, lambeaux de tissus rouge, orange, bleu glissant d'une poche ou d'un chapeau comme autant de signes précurseurs du déferlement de longs vêtements bigarrés portés par les danseurs et dont on se plait à penser qu'il serait la résolution de cette lente traversée grisâtre. Mais les couleurs passent. Et ça continue


    Cela s'appelle Asobu, qui signifie « jeu Â» en japonais. Japonaise est aussi la compagnie Buto Dairakudakan composée de quatre danseurs qui viennent s'ajouter aux douze autres. Le titre est amusant, mais on a connu Nadj plus joueur, plus malicieusement mystérieux. Du temps de ses décors casse-tête, tables escamotables, danseurs casse-cou cambrioleurs. Asobu n'a de mystère qu'un petit film abscons, plutôt joli mais tellement dans l'air du temps, un alignement d'arrosoirs qu'on croit avoir vu pour la millième fois dans une énième installation muséale, un barbu récurrent dont la malice et une certaine truculence nous font, pour l'anecdote, penser aussitôt à un autre personnage présent dans la salle en ce soir de première. Barbu « souffle de vie Â» au sein d'un mystérieux désastre de corps, qui hiératiques et froids, qui infirmes, cabossés, de travers, corps pantins, corps de bois.

    Asobu est aussi, et c'en est très exactement le sous-titre, un hommage à Henri Michaux ; l'agaçant Henri Michaux que décidément personne ne semble lire hormis nos chorégraphes contemporains. Mais inutile de lire ou relire Michaux pour trouver la moindre clé à ce spectacle. N'y voyons peut être qu'un Josef Nadj grisonnant résolument engagé sur une autre voie que celle qui fit sa gloire. Asobu serait tout le contraire d'un jeu, Asobu, c'est du sérieux, du consciencieux, de la belle ouvrage avec ce qu'il faut de travail pointu du corps, de contrepoints, d'emprunts, d'esthétisme implacable, de mixité musicale entre percussions à la fois nobles et charmeuses et élégant free jazz.

    Asobu serait tout court Nadj jouant à une certaine contemporanéité. C'est vrai qu'on lui préfère encore son idiosyncrasie passée, mais même s'il en conserve une moitié d'âme et quelques accessoires, il est d'évidence parti autre part. D'évidence aussi il n'est pas au bout de son voyage mais, même si on se laisse aller à quelques autres songes pendant cet Asobu, on est aussi encore prêts à le suivre.

    Avec lui, la saison du Théâtre de la Ville commence donc sûrement quoiqu'un peu mollement. À suivre cela aussi




    Théâtre de la Ville, Paris
    Le 03/10/2006
    François FARGUE

    Asobu de Josef Nadj par la compagnie Buto Dairakudakan au Théâtre de la Ville, Paris.
    ASOBU
    chorégraphie et scénographie : Josef Nadj
    composition musicale : Akosh Szelevenyi & Szilard Mezel

    Compagnie Buto Dairakudakan

     


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