Il fut l'un des premiers à nous étonner en faisant danser des gens qui n'avaient a priori pas le physique ni l'âge traditionnel des danseurs. Avec ces Gens qui dansent, il nous rappelle que ce choix est plus que jamais valable et efficace, à condition bien sûr d'avoir l'art et la manière de s'en servir. Dynamique et jubilatoire, cette pièce concise et rapide prouve que Gallotta est toujours grand maître en cette matière.

Un peu de texte, mais astucieux et utilisé à bon escient, et surtout avec humour, beaucoup de danse, imaginative, tonique ou émouvante, une succession très vive de scènes en forme de sketches, d'excellents danseurs au milieu desquels Gallotta en personne circule comme un lutin un peu fou, et voilà une grande heure de spectacle délectable passée sans qu'on s'en aperçoive.

On l'aura compris, tout cela est d'une vive intelligence et d'une non moins brillante subtilité, avec un sens tout à fait exact de ce que peut être l'homogénéité de ton d'une oeuvre de ce type. La musique est adéquate, la sobre scénographie également, les lumières parfaitement réglées. La danse peut donc s'exprimer en vedette. Elle est au centre du propos, amuse, intéresse, fascine, étonne.

Gallotta fait ici preuve une fois encore d'une grande maîtrise des ensembles autant que des duos ou des solos. Tout est minutieusement construit dans une perspective globale, sans en avoir l'air, comme s'il s'agissait d'un jeu. Alors, on retrouve tout le plaisir que peut procurer le mouvement des corps, l'énergie des danseurs, quel que soit leur âge, la couleur de leurs cheveux.

Jeunes et moins jeunes, chevelus et chauves, petits et grands, tous sont vraiment des gens qui dansent, véritable hymne à la « oui-danse Â» et pied de nez magistral à tous ceux qui nous endorment à longueur de soirées avec leur narcissisme abscons, statique, prétentieux et désespérément stérile.