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L'ACTUALITE DE LA DANSE 20 avril 2024

Proust ou les intermittences du coeur de Roland Petit à l'Opéra de Paris.

Proust (1) :
Roland Petit au coeur de la danse

© Laurent Philippe

Matthieu Ganio (Saint-Loup) et Stéphane Bullion (Morel).

Créé en 1974 par le Ballet de Marseille à l'Opéra de Monte-Carlo, mal compris alors puis miraculeusement réhabilité auprès du public français après un triomphe en Amérique, le ballet Proust de Roland Petit entre enfin au répertoire de l'Opéra où il a absolument sa place parmi d'autres chefs-d'oeuvre du maître.
 

Palais Garnier, Paris
Le 01/03/2007
GĂ©rard MANNONI
 



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  • Seul un Roland Petit, avec son fabuleux esprit de synthèse qui lui permet d'aller Ă  l'essentiel d'un roman, pouvait oser aborder un sujet pareil. Pas question pour lui de concevoir un ballet fleuve, mais au contraire de choisir quelques personnages, quelques situations, quelques rapports affectifs, quelques particularitĂ©s de caractère donnant chacun lieu Ă  un ensemble, Ă  un solo, Ă  un pas de deux.

    En cent minutes de danse, le plus significatif est dit et montré par le seul langage du corps, dans un savant rapport avec les musiques écoutées à l'époque de l'action. Cette suite de scènes qui s'enchaînent naturellement est une sorte de kaléidoscope d'attitudes proustiennes, ciselées dans un langage chorégraphique d'une subtilité et d'une pureté grisantes. Comme toujours chez Roland Petit, aucun effet facile ou inutile, aucune démonstration technique de bluff ne viennent entacher le propos de cette analyse si finement psychologique.

    Il suffit d'un groupe construit Ă  dessein, d'un geste tout juste esquissĂ©, aussi bien que d'un gĂ©nial pas de deux comme celui dit « de la prisonnière Â» ou celui de Morel et de Charlus ou encore de Morel et de Saint-Loup pour que tout un univers social ou un univers de passions claires ou troubles prenne vie devant nos yeux. On est Ă  la fois dans le charnel et dans l'immatĂ©riel, dans le concret parfois le plus sordide et dans l'abstraction impalpable des sentiments.

    Les images sont belles, comme les décors et les costumes, comme les éclairages. On est pris d'emblée dans ce monde où triomphe l'essence la plus profonde de la danse, sa capacité à tout dire par la seule magie d'une alliance parfaite entre corps, mouvement et musique. Rien d'autre.

    Roland Petit et Brigitte Lefèvre ne se sont pas trompés en réunissant cette abondante distribution, à laquelle une autre succédera, vu la multiplicité des rôles. Cette multiplicité, d'ailleurs, fait que chaque danseur intervient relativement peu, même si solos ou pas de deux sont largement développés. Par qui doit-on commencer ? Sans doute par Manuel Legris, totalement nouveau dans un rôle d'homme vieillissant, Charlus en l'occurrence. Une incarnation extraordinaire, qui révèle un aspect moins connu du talent sans limite de cet immense danseur.

    © Laurent Philippe

    Somptueuse incarnation de Proust jeune par Hervé Moreau, danse parfaite de poésie, de technique, de facilité, d'élégance. Une grande Étoile, décidément. Matthieu Ganio est le plus séduisant des Saint-Loup et son pas de deux d'anthologie avec Stéphane Bullion restera dans les mémoires. Bullion est un Morel athlétique, sensuel bien sûr, mais encore plus un excellent danseur que l'on se félicite de revoir dans un rôle de premier plan. C'est bien l'une des personnalités les plus fortes de la classe des sujets.

    Eléonora Abbagnato, ravissante Albertine, Stéphanie Romberg parfaite aussi bien en Madame Verdurin qu'en Duchesse de Guermantes, la délicate Mathilde Froustey, Laura Hecquet et Christophe Duquenne dans La petite phrase de Vinteuil, et à vrai dire tous les autres, dont notamment Eve Grinsztjan et Alexis Renaud, sans oublier ceux du pas de quatre Rencontre fortuite dans l'inconnu, Peggy Dursort, Bruno Bouché, Grégory Dominiak et Cyril Mitillan, tous, donc sont excellents par leur danse et par leur capacité à incarner leurs personnages.

    Et il serait injuste de ne pas mentionner le jeune baryton Vladimir Kapsuk, membre de l'Atelier lyrique de l'Opéra national de Paris et à qui revient la redoutable tâche d'assurer le lever de rideau en chantant l'Heure exquise de Reynaldo Hahn et qui s'en tire avec les honneurs.

    Le public a accueilli triomphalement ce spectacle, avec d'interminables rappels et un vrai Ă©lan d'enthousiasme pour un Roland Petit plus tonique et dynamique que jamais !




    Palais Garnier, Paris
    Le 01/03/2007
    GĂ©rard MANNONI

    Proust ou les intermittences du coeur de Roland Petit à l'Opéra de Paris.
    Proust ou les intermittences du coeur
    Ballet de Roland Petit inspiré du roman de Marcel Proust À la recherche du temps perdu
    décors : Bernard Michel
    costumes : Luisa Spinatelli
    éclairages : Jean-Michel Désiré
    musiques : Beethoven, Debussy, Fauré, Franck, Hahn, Sain-Saens, Wagner
    Vladimir Kapsuk, baryton
    Orchestre de l'Opéra national de Paris
    direction : Koen Kessel

     


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