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L'ACTUALITE DE LA DANSE 29 mars 2024

Reprise de Don Quichotte de Noureev à l'Opéra de Paris.

Un Don Quichotte d'anthologie
© SĂ©bastien MathĂ©

Agnès Letestu (Litri) et José Martinez (Basilio).

Certains soirs, tout fonctionne bien au ballet. Les Étoiles éblouissent, les danseurs brillent, le public est rayonnant. Ce qui aurait pu n'être qu'une reprise de plus du Don Quichotte selon Noureev est une très grande soirée de danse menée par deux Étoiles d'exception, Agnès Letestu et José Martinez.
 

Opéra Bastille, Paris
Le 27/02/2007
GĂ©rard MANNONI
 



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  • On ne le dira jamais assez : les vraies grandes Étoiles sont celles qui ne dansent pas uniquement pour elles en se contenant de faire leur prestigieux numĂ©ro, mais pour tout le corps de ballet dont elles sont l'âme, le pivot, le moteur, l'Ă©lĂ©ment dynamique galvanisant l'ensemble des forces prĂ©sentes en scène.

    Dès le début de cette représentation, on comprend qu'Agnès Letestu et José Martinez sont bien décidés à entraîner tout le monde, à communiquer leur énergie et leur humour à tous ceux qui peuplaient le plateau, danseurs et même figurants. Dans ces rôles de sympathiques garnements du petit peuple espagnol, ils sont à l'évidence partie prenante de cette foule joueuse et un peu dévergondée et aussi deux êtres bien à part, au centre de toute l'action.

    Sollicitant sans cesse les uns et les autres du geste ou du regard, ils communiquent une vie extraordinaire à toutes ces scènes d'ensemble d'ailleurs extrêmement bien réglées. La totalité des participants s'est lancée à leur suite dans l'aventure avec un très bel investissement. Et alors, ce qui pourrait n'être qu'une démonstration classique est devenu une comédie pleine de joie de vivre, de drôlerie, de poésie, un vrai spectacle de théâtre.

    Un couple Letestu-Martinez en pleine maturité

    Faut-il aussi redire qu'Agnès Letestu comme José Martinez sont aujourd'hui en pleine maturité de leurs magnifiques dons artistiques ? La technique est au-delà de la maîtrise : pureté des arabesques, précision des parcours, vivacité du jeu de bas de jambe, perfection du travail de pieds chez Letestu, des sauts et des tours chez Martinez, ralentis fascinant des développés à la seconde de Letestu, équilibres, et, bien sûr, ces fouettés doubles placés absolument sur la musique, ce qui implique un contrôle presque invraisemblable de l'équilibre et de la force giratoire ! Ajoutez à ces quelques exemples techniques un jeu théâtral très complet, le visage toujours expressif, narquois, frondeur, voyou, amoureux, et vous aurez une idée du plaisir ressenti par le public qui manifeste bruyamment sa satisfaction tout au long de la soirée.

    Mais il faut être juste et parler aussi du toujours excellent Don Quichotte de Jean-Marie Didière, irremplaçable aujourd'hui dans ce type de rôle, de l'hyper brillant gitan d'Alessio Carbone, bondissant, énergique, dans un style complètement adéquat, du pétillant et virtuose Cupidon de Mélanie Hurel, ballerine en plein épanouissement et faisant en ce moment un parcours sans faute, de la Reine des Dryades de la belle Émilie Cozette et de la variation pleine de charme et de peps de Muriel Zusperreguy en Demoiselle d'honneur. Et nous allions oublier le très beau couple Espada-Danseuse de rue formé par Jean-Guillaume Bart et Nolwenn Daniel. Les rôles comiques sont aussi très bien tenus.

    Soirée de grande et belle danse pour débuter une longue série de spectacles où d'autres distributions vont se succéder et alterner. Pour tous, il va falloir maintenant tenir la distance et garder cette joie de danser et ce tonus communicatifs.




    Opéra Bastille, Paris
    Le 27/02/2007
    GĂ©rard MANNONI

    Reprise de Don Quichotte de Noureev à l'Opéra de Paris.
    Don Quichotte, ballet de Rudolf Noureev d'après Marius Petipa.
    musique : Ludwig Minkus.
    décors : Alexandre Beliaev.
    costumes : Elenaz Rivkina.
    Ă©clairages : Philippe Albaric
    Orchestre de l'Opéra national de Paris
    direction : Pavel Sorakin

    Avec :
    Agnès Letestu, José Martinez, Jean-Guillaume Bart, Nolwenn Daniel, Emilie Cozette, Mélanie Hurel, Alessio Carbonne et le corps de ballet de l'Opéra national de Paris.

     


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