En France, évoquez Cabaret et le plus grand nombre pense d'abord à Liza Minnelli, à Bob Fosse ou bien encore à Jérôme Savary. Stage Entertainment, société internationale de production de spectacles, a opté pour une reprise de la relecture de Sam Mendes qui date de 1993. Succès public et critique incontesté, la comédie musicale fit les belles heures de West End et de Broadway, à maintes reprises récompensée par les César et Molière locaux. Sur ce principe, une équipe française a été constituée pour cette saison parisienne ; traduction, castings et répétitions pour un résultat franchement enthousiasmant.

Le spectateur arrive accueilli par un groom aux Folies Bergère, dans ce lieu magique du cabaret parisien. Difficile d'imaginer plus bel écrin à Paname. Les plus chanceux prennent placent au Kit Kat Club doré, des chaises disposées autour de petites tables. Les serveurs sélectionnés avec le même soin que les artistes du musical teasent les clients attablés et consommant sans retenue. L'entreprise n'a rien de philanthrope mais l'ambiance n'a rien de trop commerciale non plus.

Les premières danseuses arrivent sur scène, s'étirent et se délassent avant leur numéro. Emcee, le maître de cérémonie arrive sur scène et le show débute instantanément, avec le talent révélé par cette pièce de Fabian Richard. Beau, androgyne sans trop d'ambiguïté, il joue, danse et chante de façon harmonieuse. Tout au long des deux parties, il demeure le fil rouge de ces numéros tour à tour provocants, comiques ou émouvants. Pour un premier spectacle de cette envergure, sa contribution tourne à la révélation.

Son pendant féminin, la ravissante Claire Pérot, ne ruine pas le souvenir de Mademoiselle Minnelli, mais elle réunit toutes les qualités pour devenir une grande interprète de cet art à part entière qu'est la comédie musicale. La voix, à la fois haut perchée et puissante lorsqu'il le faut, ne faiblit pas pendant les deux heures de spectacle. Le récit de cette danseuse qui complète ses cachets de ses charmes émeut et permet de mesurer toute l'ambiance décadente du Berlin des années folles avant le nazisme.

Les seconds rôles abondent et permettent à quelques comédiens de se distinguer. Ainsi, la très grande Catherine Arditi interprète avec force et pudeur l'hôtesse des lieux, sa voix paraissant néanmoins un peu limitée pour les numéros chantés. Les duos avec Pierre Reggiani offrent le pathos attendu. Le rôle plus naïf du narrateur, Cliff Bradshaw, échoit à Geoffroy Guerrier qui assure une composition sérieuse.

Les danseuses, les musiciens et l'ensemble des artistes méritent d'être salués tant cette entreprise harmonieuse fait date dans les dernières années de la comédie musicale à Paris.