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L'ACTUALITE DE LA DANSE |
26 avril 2024 |
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Connivences de Juin au Centre Chorégraphique National de Nantes.
Un Silence éloquent
Toujours en recherche, Claude Brumachon a choisi l'occasion de la Biennale de danse contemporaine des Connivences de juin du Centre Chorégraphique de Nantes pour créer ce solo-duo pour les deux fortes personnalités que sont Benjamin Lamarche et Vincent Blanc. Une oeuvre forte et qui donne à réfléchir.
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[ Tout sur la danse ]
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Claude Brumachon aime alterner petites et grandes formes pour faire avancer sa recherche qui ne cesse d'évoluer. Dire que ce Silence est une « petite forme » n'est d'ailleurs pas exact. Même si l'oeuvre ne dure qu'une cinquantaine de minutes et ne comporte que deux interprètes, sa structure et sa force expressive relèvent d'une démarche qui n'a rien d'anecdotique.
Autour du thème de Robinson, Brumachon s'interroge visiblement sur la solitude, mais en quelque sorte sur une solitude active, ponctuée certes de moments de méditation. L'homme est-il jamais seul, jamais réconforté de silence, alors qu'un monde hostile l'entoure et l'oblige sans cesse à répondre à des agressions multiples ? Il est plutôt en état de défense permanente, instinctive, avec ces moments de repli sur soi-même, de volonté d'intériorisation qui ne tardent pas à exploser à nouveau en une magnifique violence physique. Jusqu'à l'apparition, car il s'agit bien d'une apparition, de l'autre, double, sosie, ennemi et ami, qui sera à la fois un confort et une inquiétude, un réconfort et un danger.
Tout cela se construit en une série très équilibrée de séquences où cette fois, le rythme connaît des temps de pose d'une grande poésie, qui nous permettent de revenir vers nous-mêmes et de repartir dans l'attente de quelque nouveau déchaînement. Car l'écriture de Brumachon, qui trouve aujourd'hui la voie d'une gestuelle aux contours souvent plus arrondis, plus tempérés, garde cette capacité de faire exprimer au corps des sursauts et des affres d'une formidable expressivité, qui ont encore plus d'efficacité et de puissance émotionnelle dans un contexte moins tendu en permanence.
Benjamin Lamarche, à la plastique et à la technique toujours impressionnantes, est naturellement la principal interprète de cette réflexion chorégraphique, inspiré, vibrant, engagé de tout son art dans la défense de cette nouvelle étape dans le travail de Brumachon. Vincent Blanc, présence magnifique d'intensité et d'engagement, est le « double » fulgurant dont notamment l'entrée en scène inattendue est un grand moment de théâtre.
En première partie, on revoyait un duo extrait de la création que Brumachon avait donnée à Nancy autour du thème de Jeanne d'Arc. C'est une pièce brève, mais dont la chorégraphie est d'une telle pureté, d'une telle rigueur qu'elle figure parmi les moments d'anthologie de l'oeuvre du chorégraphe. Elle était défendue avec intelligence et conviction par deux danseurs du Ballet de Lorraine qui ont prouvé toute l'efficacité du travail effectué dans cette compagnie en se montrant vraiment contemporains sans rien effacer de leur base classique. Deux belles personnalités à la hauteur de l'enjeu posé par ce duo très attachant.
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Studio Jacques Garnier, Nantes Le 12/06/2007 Gérard MANNONI |
| Connivences de Juin au Centre Chorégraphique National de Nantes. | Connivences de Juin au CCN de Nantes
L'Héroïne, duo extrait de l'Héroïne ou la gloire imprudente
Chorégraphie de Claude Brumachon pour le Ballet de Lorraine
Dansé par Juliette Mignot et Alexis Guttierrez-Wosylus
Silence
Création mondiale
Chorégraphie de Claude Brumachon
Bande son d'Anthony Baizé
Dansé par Benjamin Lamarche et Vincent Blanc | |
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