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L'ACTUALITE DE LA DANSE |
26 avril 2024 |
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La Belle de Jean-Christophe Maillot, par les Ballets de Monte-Carlo au Théâtre du Châtelet, Paris.
La Belle et sa bulle au Châtelet
Créée en 2001 au Grimaldi Forum de Monaco, la Belle de Jean-Christophe Maillot est enfin à Paris au Châtelet qui accueille des Ballets de Monte-Carlo trop rares à l'affiche de la capitale. Succès évident pour ce très beau spectacle, en présence de SAR la princesse de Hanovre accompagnée de son mari et sa fille.
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Alors que les différentes versions de la Belle au bois dormant sont légion, en voici une qui avait innové tout particulièrement, en allant explorer la seconde partie, méconnue, du conte de Perrault. En effet, si l'on sait tous l'histoire de la princesse s'endormant cent ans après que la fée Carabosse lui a jeté un sort, puis qu'un baiser du prince la réveille – « Ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants » – les fans de Walt Disney ignorent la suite.
Pourtant, après, le roi meurt et son fils, le prince, part à la guerre : sa mère, désormais reine-mère, en profite pour enfin assouvir son désir d'enfants à croquer, puisque de race ogresse. C'est alors qu'elle se met en tête de manger la princesse, après que de multiples ruses l'ont empêché de manger le reste des jeunes membres de sa famille. Mais le prince revient à temps, et sauve sa bien-aimée en tuant sa mère, la jetant dans la marmite où elle s'apprêtait à cuire la princesse. Ils continuèrent à avoir beaucoup d'enfants – on ne chôme jamais à la cour.
Jean-Christophe Maillot prend prétexte de cette partie méconnue de la Belle pour réinterpréter l'oeuvre de Perrault dans le sens d'une lutte féroce pour la vie de chaque être. La scénographie vient renforcer ce sentiment, par les costumes très typés des personnages, signés Philippe Guillotel, ou encore par l'opposition des deux univers – du prince et de la princesse –, décors sombres et oppressants d'un côté, clairs et ouverts de l'autre, le lien ne se faisant que par le rêve d'un personnage, en l'occurrence celui du prince. Et puis, il y a cette magnifique entrée de la princesse dans sa bulle transparente et magique, un symbole de maternité utilisé dans les costumes et les décors à maintes reprises.
L'ensemble est exceptionnel, dans l'originale et décorative scénographie d'Ernest Pignon-Ernest. La danse virtuose des Ballets de Monte-Carlo est envoûtante, avec notamment la fantastique Étoile Bernice Coppieters dans le rôle de la princesse, Jérôme Marchand dans le rôle de la mère du prince, Chris Roelandt dans celui du prince et Paola Cnatalupo en fée Lilas très interventionniste.
Le tout est accompagné par un Orchestre d'Île de France dont la prestation est respectable sans toutefois éblouir outre mesure. Il est vrai que la partition de Tchaïkovski est suffisamment géniale pour résister à certaines approximations, en particulier en début de représentation. Tout se mettra sans doute en place au fil des spectacles.
On entre donc totalement dans cet univers méconnu créé par Jean-Christophe Maillot, fait de dangers et de morts, de luttes et d'espérances, qui conduit à une réflexion très psychanalytique, autour de thèmes tels que le meurtre de la mère, la surprotection de l'enfant, et bien sûr la passage initiatique de l'adolescence à l'âge adulte. Une vraie valeur ajoutée à l'oeuvre de Perrault, qui ravira tant les fans de danse que tous ceux qui gardent au fond d'eux une certaine âme d'enfant.
Avis toutefois à ceux que la mort de Bambi a traumatisés à jamais : cette version de la Belle au bois dormant est sensiblement moins féerique que d'autres que nous connaissons mieux !
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Théatre du Châtelet, Paris Le 11/06/2007 Arthur RICHER |
| La Belle de Jean-Christophe Maillot, par les Ballets de Monte-Carlo au Théâtre du Châtelet, Paris. | La Belle (2001)
chorégraphie : Jean-Christophe Maillot
scénographie : Ernest Pignon-Ernest
costumes : Philippe Guillotel
Ă©clairages : Dominique Drillot
Par les Ballets de Monte-Carlo | |
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