|
|
L'ACTUALITE DE LA DANSE |
18 avril 2024 |
|
Cher Ulysse, de Jean-Claude Gallotta, au Théâtre national de Chaillot, Paris.
Un Ulysse de trop ?
Est-il positif de revenir tant de fois sur un thème, ou même seulement sur un titre ? Encombrée par une bande son médiocre, voire mauvaise, cette quatrième approche d'Ulysse par Jean-Claude Gallotta laisse assez perplexe au Théâtre national de Chaillot, malgré une chorégraphie très tonique et des danseurs superbes.
|
|
L’amour virtuose
Ivresse grecque
Flambeau partagé
[ Tout sur la danse ]
|
Pas facile de revenir avec un Ulysse tout neuf après le souvenir laissé au moins par les deux spectacles de l'Opéra de Paris. On comprend l'esprit dans lequel Gallotta a sans doute voulu tenter une quatrième approche, car c'est un habitué de cette pratique : ne pas laisser les pièces vivre toutes seules en les abandonnant sous une forme figée à jamais, continuer à construire sur ce qui existe déjà . Cela peut donner de bons résultats. Il l'a montré. Mais cela ne marche pas forcément non plus à tous les coups.
Ici, il ne s'agit pas de regretter les fastes de l'Opéra, la scène de la Bastille, la qualité unique des interprètes, la possibilité d'avoir commandé une partition à Jean-Pierre Drouet. La déception de ce nouvel Ulysse ne tient pas à la mise en oeuvre de moyens scéniques et musicaux moins luxueux. Les danseurs sont excellents, enthousiastes, expressifs, en un mot parfaits. Le dépouillement de la scénographie était presque identique à la Bastille. Et puis, on le sait bien, l'ampleur des moyens utilisés n'a rien à voir avec la réussite artistique profonde d'un travail.
À preuve, cette bande son très pauvre, peu expressive, souvent agressive et répétitive, inutilement truffée de petits bouts de textes, et qui semble tellement être là parce qu'il en faut bien une, qu'elle est presque sans cesse en contradiction avec la vie, l'originalité, la construction de la chorégraphie. Bref, elle gêne, alors qu'en d'autres cas, une bande son peut être une réussite à elle seule, sans besoin d'un grand orchestre.
La chorégraphie, on l'aura compris, est loin d'être inintéressante ou ennuyeuse à regarder, mais que nous dit-elle de plus ? Assez absconse, elle se réfère sur certains points aux Ulysse précédents, dans l'ampleur et le déploiement des ensembles, dans la manière dont tout à coup un personnage ou un couple, voire un trio, s'isole miraculeusement dans une vie autonome, dans cette dominante du blanc, dans la nature de la lumière.
Mais elle incarne peut-être un cheminement trop intime du chorégraphe, un rapport trop personnel avec son oeuvre pour qu'on puisse aisément le suivre, lui emboîter le pas, se sentir concerné. On a l'impression que le titre, les références, nous égarent volontairement sur de fausses pistes et, très vite, on ne sait plus très bien où on en est. Ce genre de malice n'est pas inhabituel non plus chez Gallotta, mais cette fois, on reste un peu à la porte. Dommage, car, il y a vraiment de belles idées chorégraphiques et des danseurs de grande qualité.
| | |
|
Théâtre national de Chaillot, Paris Le 12/10/2007 Gérard MANNONI |
| Cher Ulysse, de Jean-Claude Gallotta, au Théâtre national de Chaillot, Paris. | Cher Ulysse
chorégraphie et mise en scène : Jean-Claude Gallotta.
musique : Strigall
éclairages : Marie-Christine Soma
costumes: Jacques Schiotto, assisté de Marion Mercier | |
| |
| | |
|