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L'ACTUALITE DE LA DANSE 19 avril 2024

Reprise de Casse-Noisette dans la chorégraphie de Rudolf Noureev à l'Opéra de Paris.

La puissance de la danse seule
© David Elofer

La nouvelle Étoile Dorothée Gilbert.

Avec un seul décor, fort peu d'éclairages, pas de costumes sauf pour les deux principaux protagonistes, la reprise du Casse-Noisette selon Rudolf Noureev au ballet de l'Opéra s'est imposée malgré la grève et a assuré la nomination par Gerard Mortier de Dorothée Gilbert comme Étoile. Un triomphe de la danse seule.
 

Palais Garnier, Paris
Le 19/11/2007
GĂ©rard MANNONI
 



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    Pour les costumes, uniquement ceux de Manuel Legris, de Dorothée Gilbert et du Roi des rats, les garçons en collant ou survêtement sombre, les filles en collant et en tutu de travail, les élèves de l'École de danse dans leur tenue de travail aussi. Dans la salle, finalement beaucoup plus de monde qu'on aurait pu le croire, de vrais amateurs de danse sans aucun doute, et ceux, peut-être moins fanatiques, mais résignés à prendre ce qu'on pouvait leur donner. L'énorme triomphe final prouve que personne n'a regretté d'être là.

    En lever d'un rideau d'ailleurs absent, Brigitte Lefèvre vient courageusement annoncer la couleur, ou plutôt l'absence de couleur. On va danser Casse-Noisette, envers et contre tout. Sans tomber dans la sentimentalité ni dans d'héroïques flonflons déplacés, saluons simplement le professionnalisme de tous les danseurs, des petits rats aux Étoiles, et le courage qu'ils ont montré en se présentant sans les atours et l'environnement qui contribuent à les mettre en valeur.

    Et ils ont raison, car la qualité seule de leur danse, la force de leur engagement, leur enthousiasme collectif certainement renforcé par les rumeurs de nomination qui galvanisent toujours les forces de la compagnie, viennent à bout de tous les éléments contraires et assurent le triomphe de la chorégraphie et de l'oeuvre.



    À cet égard, notons que tous les passages très chorégraphiés, grands ensembles, pas de deux, danses de caractère, souffrent finalement peu de cette austérité, même si la magie purement décorative est absente, devenue d'ailleurs presque secondaire. La pureté du style de tout un chacun, le niveau technique des solistes, leur investissement, des petits rats qui s'efforcent de convaincre dans leur tenues roses bien peu évocatrices de leurs personnages, aux Espagnols, Chinois et Arabes en survets, tout permet à la représentation de prendre son essor et de culminer comme il se doit dans le fabuleux pas de deux final.

    Et là, il faut bien reconnaître que Manuel Legris et Dorothée Gilbert sont l'image même de ce que l'on attend des Étoiles du Ballet de l'Opéra national de Paris. Legris est plus tonique, plus agile que jamais, avec cette technique souple, naturelle, brillante sans effort apparent, poétique, qui fait toujours de lui l'idéal du grand danseur classique. Il a aussi cette contagieuse joie de danser, où chaque pas, chaque geste est un cadeau pour nous. Il y a d'autres superbes danseurs dans la compagnie et ailleurs, mais Manuel Legris reste un artiste unique, exemplaire, au rayonnement absolument intact.

    C'est aussi un partenaire d'exception. Il l'a de nouveau prouvé en permettant à Dorothée Gilbert de parvenir ce soir à une nomination attendue, certes, mais qui ne fut jamais plus méritée. À 24 ans, la jeune ballerine possède l'énergie, la foi, le talent qui s'ajoutent à son charme naturel. Précise, heureuse elle aussi de danser, jamais indifférente, généreuse, c'est une très belle nature à la technique impeccable, exactement le type de personnalité que l'on a hâte de voir s'emparer du grand répertoire.

    Une perfection unique dans le monde de la danse

    Son émotion à l'annonce par Gerard Mortier de sa nomination, celle mêlée aussi de vraie joie du Corps de ballet et des Premiers Danseurs présents, symbolise tout ce qui lie les artistes de cette compagnie dans un même effort, dans une même volonté de parvenir autant qu'ils le peuvent à une certaine perfection qui demeure unique dans le monde de la danse et, pourrait-on même dire, dans celui du spectacle vivant.

    On admire aussi beaucoup le travail des élèves de l'École de danse, très présents dans Casse-Noisette comme il se doit. De vrais professionnels déjà eux aussi, et que l'on a à l'évidence bien fait travailler. Mallory Gaudion et Géraldine Wiart défendent avec humour et imagination les personnages de Fritz et de Luisa. Nathalie Aubin, Caroline Bance, Aurélia Bellet, Bruno Bouché, Stéphane Elizabé et Vincent Chailley sont des Espagnols très en verve et fort crédibles malgré leurs absence de costumes, tout comme, d'ailleurs Stéphanie Romberg et Karl Paquette, voluptueux Arabes ou Sébastien Bertaud, Aurélien Houette et Alexis Renaud en Chinois pervers et malicieux, ou encore Eve Grinsztajn, Ludmilla Pagliera et Gilles Isoart parvenant à rendre crédible une pastorale en costumes de répétition !

    La fort longue standing ovation qui salue l'annonce de la nomination de Dorothée Gilbert et les multiples rappels qui s'ensuivent montrent non seulement le plaisir que le public a pris au spectacle, mais aussi l'attachement qu'il porte à la nouvelle Étoile et sa reconnaissance pour tous ces danseurs qui, dans des circonstances périlleuses, ont su engendrer une aussi forte et authentique émotion.




    Palais Garnier, Paris
    Le 19/11/2007
    GĂ©rard MANNONI

    Reprise de Casse-Noisette dans la chorégraphie de Rudolf Noureev à l'Opéra de Paris.
    Casse-Noisette, ballet en deux actes
    Sujet de Marius Petipa d'après un conte d'E.T.A. Hoffmann, adapté par Alexandre Dumas
    musique : Piotr Ilitch TchaĂŻkovski
    chorégraphie : Rudolf Noureev (Opéra national de Paris, 1985)

    Avec les Étoiles, les Premiers Danseurs et le Corps de ballet de l'Opéra de Paris, avec la participation des élèves de l'École de Danse.

    Maîtrise des Hauts-de-Seine / Choeur d'enfants de l'Opéra de Paris
    Orchestre de l'Opéra national de Paris
    direction : Kevin Rhodes

     


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