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L'ACTUALITE DE LA DANSE 08 mai 2024

Concours 2007 du Corps de ballet de l'Opéra de Paris.

Récompenses et surprises
© Sébastien Mathé

Mathias Heymann

Comme chaque année à la même époque, le Concours annuel du Corps de ballet de l'Opéra national de Paris a permis une revue de détail d'un grand nombre d'artistes. Se présentent tous ceux qui souhaitent monter dans la classe supérieure. Le jury décide, en fonction du nombre de places disponibles. Des évidences et aussi des questions.
 

Palais Garnier, Paris
Le 21/12/2007
Gérard MANNONI
 



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  • Rien de plus difficile que de rendre compte de ce concours. Pas question en effet de gâcher la joie des élus, même si on n'est pas vraiment d'accord. Le jury est souverain. Mais pas question non plus de ne pas souligner ce qui semble avoir échappé à l'aréopage rassemblé pour juger et qui comporte le directeur de l'Opéra, la directrice de la danse, le maître de ballet associé à la direction de la danse, cinq danseurs de la compagnie élus par leurs camarades et deux invités extérieurs, en l'occurrence la directrice du Ballet national de Chine et le futur directeur de celui du Danemark.

    Le concours femmes se déroulait le 20 et le concours hommes le 21. Des cinq Quadrilles femmes montées Coryphées , il n'y pas grand chose à dire. La classe est plutôt forte dans son ensemble et le jury a fait une part presque égale entre la jeunesse d'Eléonore Guérineau et de Fanny Gorse (19 ans) et l'expérience de Juliane Mathis (29 ans) et de Ghyslaine Reichert (35 ans), Carole Robert (25 ans) se situant entre les deux.

    Ce sont des danseuses solides, mais aucune personnalité majeure ne s'est révélée à ce niveau. Il faut attendre un peu. On serait tenté de faire le même type de constats pour la classe des Coryphées, les trois élues : Ludmilla Pagliero, Christelle Granier et Sabrina Mallem montées Sujet n'ayant pas démérité même si on y aurait vu aussi légitimement Laurène Lévy et Charlotte Ranson.

    Pour les deux Sujets montées Premières Danseuses, d'autres considérations ne peuvent être écartées. Certes, Ève Grinsztajn (26 ans) est une très jolie ballerine, aux vraies qualités artistiques. C'est une personnalité qui doit pouvoir encore se développer brillamment. Muriel Zysperreguy (30 ans) a déjà été applaudie dans maints rôles de soliste, dans des pas de trois et diverses interventions de ce type. Elle y a montré beaucoup de solidité et elle sera un élément fort de la classe des premières danseuse.

    Mais comment se fait-il qu'il y ait une telle discordance entre ce qui semble être les choix de la direction de la danse et ceux du jury à ce niveau ? En effet, aucun des Sujets qui se sont vus confier en ce moment des grands premiers rôles dans Casse-Noisette et dans Paquita, n'a été choisi par le jury. L'Opéra juge adéquat d'afficher l‘excellente Mathilde Froustey ou la brillante Laura Hecquet en Étoile, et le jury du même opéra ne les juge pas capables d'être seulement Premières Danseuses. Cherchez l'erreur
    Toutes les qualités qu'on leur reconnaît depuis un certain temps auraient-elles subitement disparu le jour du concours ? Certes, un concours n'est pas un spectacle, mais quand même, aucune des deux, c'est trop !


    Mathias Heymann, une évidence absolue

    D'ailleurs, côté hommes, les deux Premiers Danseurs désignés ne soulèvent pas ce type de questions. Mathias Heymann est une évidence absolue. Son concours a été éblouissant, tant dans la difficile variation imposée – coda du troisième acte de la Bayadère – que dans la variation libre extraite d'Arepo de Béjart. Il a tout, on l'a dit maintes fois, la technique, la facilité, la morphologie, l'élégance, la théâtralité
    et la jeunesse : 20 ans.

    Stéphane Bullion mérite lui aussi totalement ce poste de Premier Danseur. Souvent distribué dans des rôles de tout premier plan – il fut notamment Ivan le Terrible de Youri Grigorovitch et tout récemment Morel dans le Proust de Roland Petit, c'est un excellent danseur, solide, intelligent, au physique parfait. Il danse d'ailleurs en ce moment le rôle de l'Étoile dans Paquita.

    Tout comme Florian Magnenet qui n'est pas monté, mais qui a fait un beau concours. Bruno Bouché également a montré de très belles qualités de style, avec un beau travail tout en finesse ; mais il n'y avait que deux places ! Pour accéder à la classe de Sujets également. Les deux élus ont été Aurélien Houette, régulier mais sans éclat particulier ce jour-là, et Vincent Chaillet qui, à 23 ans, a confirmé son vrai potentiel de soliste.

    Grand, très sûr techniquement, aussi à l'aise dans le classique que danse contemporain, avec une excellente variation libre extraite d'Approximate Sonata de William Forsythe, il va pouvoir maintenant accéder aux rôles plus importants qui lui permettront de le confirmer comme l'une des vraies personnalités de la compagnie.

    Excellent concours aussi de Sébastien Bertaud. Dommage que le jury n'ait pas apprécié comme il le méritait le travail tout en subtilité et dans la meilleure tradition maison qu'il a montré dans la variation libre extraite du Roméo et Juliette de Noureev. C'est lui aussi l'une des très intéressantes personnalités de cette génération, tout comme Axel Ibot, toujours poétique et juste.


    Cinq quadrilles montés Coryphées

    Les cinq Quadrilles montés Coryphées sont absolument les meilleurs, sans beaucoup de discussion possible. Mais quand il y a cinq places, cela change tout ! On admire les superbes petites batteries de Fabien Révillon dans la variation de la Sylphide, la rigueur de Mathieu Botto dans le Lac des cygnes, la vaillance de la mazurka d'Études d'Alister Madin, l'élégance de Gregory Dominiak particulièrement musical dans Vaslaw de Neumeier – et quelle silhouette ! – la qualité de saut et la précision de Cyril Mitilian. Ils ont tout bien dansé, avec d'excellents physiques, chacun à leur manière, ce qui est important.

    Un concours de plus, avec tous les espoirs de ceux qui ont réussi et, malgré la déception, ceux également des autres. Un seul conseil à leur donner : se remettre au travail tout de suite sans s'éterniser sur les raisons qui les ont écartés. Elles peuvent être bonnes ou mauvaises, peu importe. Cela a toujours été ainsi.

    N'oublions pas que trois des plus brillants danseurs de la génération précédente n'ont jamais été choisis par le jury comme Premiers Danseurs : Laurent Hilaire et Manuel Legris, tous deux nommés par Noureev alors qu'ils étaient Sujet et ne montaient pas aux concours où on leur préférait des danseurs qui se sont pour la plupart effacés depuis, alors qu'ils furent tous deux la gloire de la danse française et internationale pendant vingt ans. Et Éric Vu An, qui partit aussi comme Sujet et brilla ensuite ailleurs comme on le sait. Des leçons à méditer, autant pour les candidats que pour les jurys !




    Palais Garnier, Paris
    Le 21/12/2007
    Gérard MANNONI


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