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L'ACTUALITE DE LA DANSE |
27 avril 2024 |
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Deuxième programme du Ballet du Théâtre Bolchoï à l'Opéra de Paris.
Le Ballet du Bolchoï dans tous ses états
Ilze Liepa (la Comtesse) et Nikolaï Tsiskaridzé (Hermann) dans la Dame de Pique de Roland Petit.
Avec ce deuxième programme au Palais Garnier, le ballet du Théâtre Bolchoï de Moscou montre un visage plus complet de ses possibilités actuelles qu'avec le massif Corsaire. Une belle soirée dominée par la somptueuse Svetlana Zakharova dans l'acte des ombres de la Bayadère et par la Dame de Pique de Roland Petit.
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Conçu pour sept danseuses et huit danseurs, Jeu de cartes d'Alexei Ratmanski, actuel et jeune directeur de la compagnie, est bien typique du type de travail accompli par ce talentueux chorégraphe. Sur la partition de Stravinski, truffée de citations musicales, il a bâti une chorégraphie tonique, rapide, nerveuse, elle aussi pleine d'évidentes références aux maîtres américains comme Balanchine et Robbins. Mais avec une énergie bien russe.
Il y a de l'enthousiasme, de l'humour, une certaine manière d'être très physique sans en avoir l'air, une opposition sympathique entre la finesse de ligne des ballerines et les muscles de certains garçons. Notons cependant que la plupart de ces derniers se caractérisent plutôt par leur gabarit réduit.
Le trop petit gabarit de Denis Matvienko
C'est d'ailleurs ce gabarit qui gêne un peu chez Denis Matvienko, que l'on retrouve comme partenaire de la splendide Svetlana Zakharova dans l'acte des ombres de la Bayadère. Ses qualités techniques sont incontestables, comme il le prouve dans la grande variation qui est dansée au II dans la version Noureev de l'Opéra de Paris. Son défaut est un excès permanent d'étirement, de cambrure, qui accentue sa minceur et confère un maniérisme parfois gênant à sa danse.
Il est de plus assez mal assorti à la Zakharova, largement aussi grande que lui et dont la pureté stylistique somptueuse semble appartenir à un autre univers. Si elle n'était aussi belle, aussi féminine, aussi délicatement subtile, on pourrait presque dire qu'elle est la plus virile des deux !
Les mille merveilles de Svetlana Zakharova
Au-delà de cette boutade, soulignons une fois de plus les mille merveilles de l'art d'une ballerine qui a tout pour elle : une morphologie de rêve, la grand technique classique dominée jusqu'à devenir poésie, une manière unique de tout raconter par la limpidité des lignes, la juste rigueur de chaque pas, de chaque déplacement, sans forcer les effets de prouesses qu'elle accomplit pourtant.
Belle entrée bien en place des trente-deux ombres dans ce moment mythique du répertoire, mais un peu plus de désordre ensuite, sans que cela soit très grave, car l'attention est alors plutôt sur les solistes. Trois fortes personnalités pour les trois variations des ombres, avec la si belle Maria Alexandrova, Ekaterina Shipulina et Maria Allash, bien jolies personnes et danseuses accomplies.
Triomphe pour la Dame de Pique
En conclusion de cette excitante soirée, la Dame de Pique telle que Roland Petit l'a refaite pour le Bochoï en 2001 remporte le triomphe attendu, car c'est un ballet magnifique, fort, original. Comme toujours, mais il faut le répéter, Roland Petit sait mieux que quiconque raconter une histoire en allant à l'essentiel, avec cet incroyable instinct qui lui fait éliminer tout ce qui pourrait alourdir ou rendre confuse l'action.
Sur la musique de la Symphonie Pathétique de Tchaïkovski, il raconte donc le drame de passion, de folie et de mort contenue dans la célèbre nouvelle de Pouchkine. Le rôle de Lisa, tenu par la merveilleuse Lunkina, est assez effacé, car tout s'oriente autour des personnages d'Hermann et de la Comtesse, entourés des indispensables comparses distribués dans de très beaux ensembles construits avec une implacable efficacité théâtrale.
La stature de rêve de Nikolaï Tsiskaridzé
Hermann, c'est Nikolaï Tsiskaridzé. Il a la stature que l'on rêve pour une Étoile russe, un physique de cinéma et outre la puissance d'une danse techniquement parfaite, un sens du jeu théâtral aux bords de l'expressionnisme, parfaitement à sa place ici. Une composition en tous points impressionnante, de celles qui marquent la carrière d'un danseur. Face à lui, Ilze Liepa campe la plus inquiétante et démoniaque Comtesse, filiforme, perverse comme un serpent, inquiétante, sortie tout droit de l'enfer.
Dirigé par Pavel Klinichev, l'Orchestre Lamoureux sert avec foi la musique de Tchaïkovski et Roland Petit n'a plus qu'à venir recueillir aux côtés de ses interprètes l'ovation que mérite à la fois son travail et celui de ceux qui le servent. Avec le Spartacus de Youri Grigorovitch, c'est encore un autre aspect de son répertoire que la compagnie du Bolchoï montrera dans son troisième programme.
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Palais Garnier, Paris Le 11/01/2008 Gérard MANNONI |
| Deuxième programme du Ballet du Théâtre Bolchoï à l'Opéra de Paris. | Jeu de cartes
Créé pour le Ballet du Théâtre Bolchoï en novembre 2005
chorégraphie : Alexeï Ratmanski
musique : Igor Stravinski
décors et costumes : Igor Chapurin
éclairages : Damir Ismagilov
La Bayadère (Acte III)
chorégraphie : Marius Petipa adaptée par Olga Iordan et Fedor Lopoukohov
musique : Ludwig Minkus
décors et costumes : d'après les maquettes originales de 1877
La Dame de Pique
Nouvelle version créée pour le ballet du Théâtre Bolchoï en octobre 2001
chorégraphie : Roland Petit
musique : Piotr Ilich Tchaïkovski
décors : Jean-Michel Wilmotte
costumes : Luisa Spinatelli
éclairages : Marion Hewlett
Ballet du Théâtre Bolchoï | |
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