Il faut sans aucun doute être de tempérament très Zen ou aspirer à une soirée de grand calme pour apprécier sans restrictions cette nouvelle pièce de Christian Rizzo donnée au Théâtre de la Ville juste après sa création à Lille. Dans un ralenti permanent, les interprètes passent autant de temps à déplacer des pots plus ou moins grands de plantes vertes qu'à composer des groupes ou des solos, voire des duos comme on s'y attend généralement dans un spectacle de danse, même contemporaine.

Pénombre, musique riche tour à tour discrète et bien sonore, mais d'une constante qualité grâce notamment à la présence en direct des musiciens et à celle de Mark Tomkins devenu à la fois chanteur et récitant, gestuelle minimaliste, grosses boules noires se mêlant mystérieusement aux danseurs en lentes évolutions magiques et multipliées, tout cela crée un climat bien particulier, à la fois dense et assez répétitif.

On est emporté dans une sorte de rêve, tout en se disant que, quand même, il ne se passe pas grand chose. Chansons et textes sont en anglais, ce qui irrite un peu, une fois encore, et donne un côté chicos et élitiste au propos.

Si on reconnaît un incontestable travail en tous domaines, on en a un peu assez de ces démarches à la mode où on associe un propos peu accessible à tout un chacun à des costumes volontairement populaires, et à une absence affichée de sophistication des interprètes, pas de maquillage, physiques disparates, comme si on les avait recrutés quelques instants avant sur le trottoir. On fait peuple mais terriblement intello, tout ce qu'on aime aujourd'hui ; mais pour combien de temps encore ?

Et pourtant, il y a du talent là-dedans, de belles images, de beaux mouvements, et sans doute de belles idées
pour ceux qui sauront les lire.