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L'ACTUALITE DE LA DANSE 25 avril 2024

Reprise de Caligula – Nicolas Le Riche à l'Opéra de Paris.

Reprise surprise
© Anne Deniau

Benjamin Pech (Mnester)

Avec Caligula créé en 2005 au Palais Garnier avec les danseurs de l'Opéra de Paris, l'Étoile Nicolas Le Riche signait sa deuxième pièce chorégraphique. Repris de façon inattendue cette année vu l'enthousiasme discret qu'il suscita à sa création, le ballet s'impose aujourd'hui dans une version revue et corrigée comme une oeuvre émouvante et de très belle facture.
 

Palais Garnier, Paris
Le 27/03/2008
François FARGUE
 



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  • Que saisir sinon qui s'échappe, que voir sinon qui s'obscurcit, que désirer sinon qui meurt ? Trois vers du poète Jean-Yves Bonnefoy qui passent soudain dans la tête au fil de la reprise magistrale du Caligula de l'Étoile Nicolas Le Riche créé il y a trois ans au Palais Garnier. En abordant le projet d'une pièce sur le célébrissime jeune empereur romain, Le Riche, en collaboration avec le dramaturge Guillaume Gallienne, s'est toutefois refusé d'emblée à verser dans l'orgie et le sanguinaire qu'évoquent la simple mention du nom qu'on croirait d'un serpent lubrique.

    Le chorégraphe craignait-il de tomber dans la facilité en abordant l'aspect le plus connu et attendu du terrible satrape, propre, façon de parler, à satisfaire nos instincts les plus voyeurs ? Il faut dire que pour cela existe déjà, dans un scénario du sulfureux Gore Vidal, le film spectaculaire et sans complexe de Tinto Brass et Bob Guccione avec l'immense Malcolm McDowell qui interprétait avec génie les multiples facettes de l'empereur tyran.

    Le Riche choisit donc de n'en retenir qu'une seule, celle de l'homme certes fier mais aussi poète, amoureux transi de la lune – que saisir sinon qui s'échappe ? Il a raison. Il n'y a souvent rien de plus attachant mais aussi monstrueux que ces hommes poètes, adultes attardés dans une pseudo innocence d'enfant. Les enfants sont rarement innocents, ce sont des monstres qui n'ont pas encore appris à aimer et ne cherchent qu'à posséder. Caligula le Magnifique, amoureux fou d'une lune insaisissable finira donc par la tuer – que désirer sinon qui meurt ? Allez savoir comment cela est possible ! C'est comme on dit une métaphore et c'est ici magnifique à regarder.

    Du Caligula de 2005, on conservait en mémoire l'image d'un décor sobre et beau, un escalier s'envolant vers le ciel, des piliers rouges entre le Japon impérial et Knossos, la plastique superbe du jeune Mathieu Ganio en empereur vêtu de pourpre mais aussi un sentiment de fadeur et d'ennui qu'on pouvait croire engendrés par la volonté farouche du créateur de ne pas donner dans le spectaculaire. On se souvient en effet d'une pièce bien avare d'elle-même.

    Le « miracle Caligula Â»

    Elle nous paraît cette année enchanteresse. C'est le miracle Caligula. On en sort éblouis, voire volontairement aveugles à ses défauts. On dit que la pièce aurait été remaniée, retravaillée. Le Riche le dit lui-même, Le Riche qui souhaitait rester dans l'ombre et qui a dû cette année se substituer en dernière minute à des interprètes « cassés Â». Ceux qui l'ont vu dans le rôle l'ont trouvé rien moins que prodigieux.

    Autre interprète, prévu celui-là, et très attendu, le Premier Danseur Stéphane Bullion, dont on a déjà eu souvent l'occasion de noter les talents d'interprète, s'approprie le rôle avec une justesse bouleversante. À la fois viril et frémissant, il termine le ballet dans un solo infiniment émouvant et compose tout du long des duos palpitants avec l'insaisissable Lune – la parfaite Muriel Zusperreguy – ou le pantomime Mnester interprété également avec maestria par l'Étoile Benjamin Pech. C'est dans ces duos et ce solo final que la chorégraphie de Le Riche est au comble de sa maîtrise, touchant à l'essentiel tout en faisant naître l'émotion.

    On avait été surpris il y a trois ans par le choix des Quatre saisons de Vivaldi comme accompagnement musical d'un tel thème. Non sans une pointe de mauvais esprit, on y aurait même bien vu une simple volonté d'aller à contre-courant. Il s'avère aujourd'hui que cette musique colle parfaitement à la peau de ce Caligula. Le Riche en use et en abuse mais à notre plus grand délice. Et Frédéric Laroque qui en assure la direction musicale ainsi que la partie soliste dévolue au violon est tout simplement sublime à écouter et à regarder.




    Palais Garnier, Paris
    Le 27/03/2008
    François FARGUE

    Reprise de Caligula – Nicolas Le Riche à l'Opéra de Paris.
    Caligula – Nicolas Le Riche
    Caligula, ballet en cinq actes (2005)
    Argument de Nicolas Le Riche et Guillaume Gallienne
    chorégraphie : Nicolas Le Riche
    musique : Antonio Vivaldi
    création électro-acoustique : Louis Dandrel
    décors : Daniel Jeanneteau
    vidéo : Raymonde Couvreu
    costumes : Olivier Bériot
    éclairages : Dominique Bruguière

    Orchestre de l'Opéra national de Paris
    direction et violon solo : Frédéric Laroque

    Avec :
    Stéphane Bullion (Caligula), Jean-Christophe Guerri (Chaerea), Benjamin Pech (Mnester), Muriel Zusperreguy (la Lune), Gil Isoart (Inciniatus), Miteki Kudo (Caesonia).

     


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