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L'ACTUALITE DE LA DANSE |
20 avril 2024 |
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Incidence Chorégraphique 2008 de l'Art du Sablier au Théâtre de Fontainebleau.
Rendez-vous avec le talent
Gesualdo, de Nicolas Paul
Devenu incontournable, le spectacle Incidence Chorégraphique de l'Art du Sablier, groupe créé et dirigé par Bruno Bouché de l'Opéra de Paris, reste un rendez-vous aussi tonique que gratifiant. Le Théâtre de Fontainebleau l'accueillait en ce froid printemps 2008. Une soirée rassérénante et offrant pas moins de six chorégraphies.
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On se répète forcément en constatant chaque année combien certains danseurs de l'Opéra national de Paris gardent vivante leur envie de créer et de s'évader par instants du brillant et imposant répertoire qu'ils pratiquent au plus haut niveau au Palais Garnier et à la Bastille.
Comment, en pleines et ultimes répétitions du spectacle Balanchine-Noureev-Forsythe, trouvent-ils le temps et l'énergie de monter un programme comme celui que l'Art du Sablier vient de présenter à Fontainebleau ? C'est une bonne question, répondrait un homme politique. Car rien n'est laissé au hasard ni dans l'approximation. Reprises ou création, tout est présenté avec le plus absolu professionnalisme et, bien sûr, beaucoup de talent.
On revoit d'abord avec joie l'intelligent et farfelu Soli Ter de José Martinez, avec ses trois séquences décalées, vives, habilement dansées par Jean-Christophe Guerri, Erwan Leroux et Aurélien Houette, et qui poussent à plus de réflexions que leur allure humoristique ne le laisse croire au premier abord. On découvre ensuite le fort solo Vivre avec, de Bruno Bouché, interprété par Ghyslaine Reichert qui développe avec foi cette pièce créée sur et pour elle. Un moment d'une grande humanité, et d'une inspiration dont la sincérité ne peut qu'émouvoir.
Gesualdo reste une pièce majeure dans la création de Nicolas Paul, chorégraphe dans l'âme, qui sait développer un propos d'une belle profondeur dans un climat alliant sensualité et spiritualité. La beauté du travail sur les corps, dans des ralentis soutenus par la musique de Gesualdo, l'originalité de la manière dont les groupes se forment et se défont, le rapport qui s'établit entre la présence de la femme – ravissante Charlotte Ranson – et la masculinité des quatre autres interprètes, tout cela est maîtrisé à la perfection.
Stéphane Bullion, Adrien Couvez, Alexandre Carniato et Erwan Leroux peuvent y déployer des qualités personnelles révélatrices des richesses contenues dans la compagnie de l'Opéra. Les images néo-classiques sur pointes de Sonate d'Uwe Scholtz qui enchaîne, n'en prennent que plus de relief, grâce notamment au très beau travail de Ludmilla Pagliero et de Bruno Bouché, dont les élégantes silhouettes accentuent encore la rigueur et la pureté.
Corps immatériels
Après l'entracte, création de Scénario, courte pièce de Luca Vegetti, avec pour prétexte le texte du Ballet spatial de Marguerite Duras. Deux corps immatériels se croisent, se perdent, se cherchent, se retrouvent, s'interrogent, s'observent. Apesanteur physique ou bien, davantage, celle de nos rapports à l'autre ? Un questionnement mis en valeur à nouveau par Ludmilla Pagliero et Bruno Bouché dont on admire la manière avec laquelle ils passent efficacement d'un mode d'expression chorégraphique à un autre.
Il y a beaucoup de talent dans tout cela, comme dans El Olor de la Ausencia (L'Odeur de l'absence) de José Martinez qui conclut la soirée. Sur fond de guerre d'Espagne, avec d'impressionnantes projections, dramatiques dans leur sobriété, Martinez évoque l'angoisse intérieure faite de violence contenue et de révolte difficile à maîtriser qui s'empare de nous devant la mort, la destruction de la vie sous de multiples formes, comme l'errance des émigrés chassés de chez eux.
Ghyslaine Reichert et Aurélien Houette sont les deux protagonistes très investis de cette pièces bien construite, peuplée d'images fortes, expressives, significatives. On attend avec d'autant plus d'impatience la grande création sur les Enfants du paradis que José Martinez donnera la saison prochaine avec le ballet de l'Opéra national de Paris.
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Théâtre, Fontainebleau Le 29/03/2008 Gérard MANNONI |
| Incidence Chorégraphique 2008 de l'Art du Sablier au Théâtre de Fontainebleau. | Soli Ter
chorégraphie : José Martinez
Vivre avec
chorégraphie : Bruno Bouché
Gesualdo
chorégraphie : Nicolas Paul
Sonate
chorégraphie : Uwe Scholtz
Scénario
chorégraphie : Luca Vegetti
El Olor de la Ausencia
chorégraphie : José Martinez
Compagnie l'Art du Sablier | |
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