Il sait aussi faire simple, direct, dans une démarche d’une belle pureté. Et puis, parmi les créateurs actuels, Sidi Larbi Cherkaoui est l’un de ceux qui savent établir un rapport vivant, exact, avec des musiques toujours choisies avec une originalité et une motivation génératrices d’inspiration.

Ainsi, la présence de la chanteuse Fabia Tomb El-Hage avec l’Ensemble Sarband composé de Miriam Andersen, chant et harpe gothique, et de Vladimir Ivanoff, direction musicale, arrangements percussion et luth, donne-t-elle une dimension remarquable au travail chorégraphique. Voix superbes pour ces chants, qu’ils soient scandinaves, maronites ou syriens, comme pour les pages d’Hildegard von Bingen, présence esthétique aussi des deux chanteuses, et même beauté des instruments, tout cela se fond avec le travail chorégraphique, respire d’un même souffle.

Pour tenter cette démarche vers une recherche de nos origines, le chorégraphe a choisi quatre interprètes d’origines bien diversifiées : Japon, États-Unis, Islande et Afrique du Sud. Des physiques et des morphologies qui parlent d’eux-mêmes, mais aussi une énergie, un sens du mouvement qui tantôt trouvent une unité par la volonté du chorégraphe, tantôt vivent librement leur spécificité.

C’est constamment original, rapide, lisible, avec de belles idées visuels qui rappellent que l’on peut faire hyper contemporain, notamment avec un ordinateur, sans renoncer à une certaine rigueur esthétique, et pourquoi pas même esthétisante. Et puis, dans la scénographie, les costumes, les accessoires, on retrouve ce sympathique et astucieux mélange des civilisations et des habitudes quotidiennes dans une fausse pagaille qui sont autant de pistes à suivre dans cette tentative de remonter à nos origines communes, par le cheminement de chacun.

Sidi Larbi Cherkaoui signe là une pièce concise, efficace, marquante, exemplaire par la manière dont le propos est maîtrisé dans l’alliance quasi parfaite de la musique, de l’image et du geste, avec en prime un zest d’humour sous jacent.