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L'ACTUALITE DE LA DANSE |
19 avril 2024 |
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bahok d’Akram Kahn au Théâtre de la Ville, Paris.
Les joies de l’attente
Bien connu des habitués du Théâtre de la Ville et des Abbesses, Akram Khan aborde un travail différent de ses pièces habituelles avec la création parisienne de bahok. Une tonalité inédite pour ce chorégraphe, probablement grâce à la contribution de danseurs du National Ballet of China, et un bel exemple de fusion entre orient et occident.
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Tout débute par une attente dans la salle d’embarquement ou le terminal d’un aéroport international. Ce lieu bigarré et anonyme devient pour quatre-vingt-dix minutes le théâtre de rencontres, révélateur de comportements exacerbés par les annonces des retards des vols. Les séquences sont marquées par des mots inscrits sur le panneau d’affichage central en anglais sous-titré – était-ce vraiment nécessaire ? – au-devant de la scène.
Après quelques minutes à l’arrêt, comme si les sept protagonistes achevaient une nuit d’attente dans ces lieux, un danseur débute le mouvement par des tours-arabesques semblables aux pales d’un hélicoptère. On identifie rapidement parmi les physiques et la façon de se mouvoir des danseurs la formation classique d’une partie des interprètes.
Akram Khan connaît ce vocabulaire, il a déjà travaillé avec Sylvie Guillem pour une œuvre récemment présentée au Théâtre des Champs-Élysées. Cette confrontation du chorégraphe au vocabulaire codifié pluriséculaire enrichit son langage habituellement basé sur une interprétation contemporaine du kathak, danse traditionnelle indienne.
Long danseur brun, le premier protagoniste demeure pendant toute la pièce celui dont la technique et la souplesse laissent sans voix. Sorte de Valentin le désossé, il associe vitesse et fluidité, un mouvement d’une grande amplitude. Une impression au sol véritablement planante.
Chaque interprète, avec un style parfois très identifié, de la street dance au plus académique, se voit offrir un solo en rapport à une personnalité. Les caractères bien trempés sont également décrits par des saynètes en anglais ou en chinois – on imagine –, non sans rappeler une certaine Pina Bausch bientôt en représentation annuelle dans ce théâtre. Parfois anecdotiques ou plus profonds, les textes dits ainsi que ceux affichés sur le panneau donnent un peu de sens à l’ensemble. Pas d’argument à part entière, mais des croquis que l’imagination complète sans effort.
L’œuvre, sans prétention, se regarde avec plaisir. Dans l’air du temps, Akram Khan prouve une fois encore, en s’ouvrant à d’autres horizons, sa capacité à fusionner orient et occident sur scène.
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Théâtre de la Ville, Paris Le 03/06/2008 Vincent LE BARON |
| bahok d’Akram Kahn au Théâtre de la Ville, Paris. | bahok
chorégraphie : Akram Khan
National Ballet of China | |
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