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L'ACTUALITE DE LA DANSE |
26 avril 2024 |
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Hommage à Béjart par le Tokyo Ballet aux Nuits de Fourvière 2008.
Hommage nippon Ă BĂ©jart
Sylvie Guillem dans Boléro
Plusieurs milliers de personnes seront montés trois soirs de suite au Grand Théâtre gallo-romain de Fourvière, emplissant le vaste lieu d’une atmosphère si particulière en ces tièdes nuits d’été pour assister à cet Hommage à Béjart du Tokyo Ballet avec les Étoiles Sylvie Guillem, Laurent Hilaire et Manuel Legris en vedettes.
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Le Tokyo Ballet dirigé par Tadatugu Sazaki, a toujours eu un rapport privilégié avec Maurice Béjart qui a fait pour lui trois grandes créations et lui a confié pas moins de quinze de ses ballets. C’est, avec l’Opéra national de Paris, la compagnie la plus riche en ce domaine, excepté, bien sur, le Béjart Ballet Lausanne. Par ailleurs, Béjart est venu trois fois avec ses danseurs se produire par le passé aux Nuits de Fourvière.
Il était donc dans une certaine logique que, en tournée en occident, le Tokyo ballet réalise cet hommage dans ce lieu exceptionnel, typique précisément des grands espaces que le chorégraphe a ouverts à la danse. Trois des plus grands danseurs français de notre époque, familiers eux aussi tant du répertoire béjartien que du Japon, étaient les invités de ces soirées qui ont joué à bureau fermé.
Voir le Sacre du printemps par le Tokyo Ballet demeure une expérience assez étonnante. S’il est inutile de revenir sur les immenses qualités de fond de cette compagnie chef de file de la danse classique au Japon, on doit souligner, outre l’excellence technique des solistes, la remarquable précision des ensembles. Réglés et exécutés au millimètre, ils permettent de redécouvrir la géométrie, l’harmonie, la variété de multiples figures dont on avait un peu oublié la minutie et les détails, voire la signification.
L’énergie et la sensualité des danseurs japonais ne sont pas absolument celles des danseurs occidentaux, mais elles s’imposent d’une autre manière, par la force intérieure d’une spiritualité vivace et par l’instinct d’une culture où le sacré et ses rites sont plus vivants que chez nous.
C’est très beau, d’une puissance intérieure qui s’exprime moins par l’exhibition de masses musculaires que par une intensité et une rigueur du geste qui sont aussi du grand art. Naoyashi Nagase, l’Élu, et Yuki Iwaki, l’Élue, ont, comme leurs camarades du Corps de Ballet, une très belle qualité de travail, à l’image de l’évolution qu’a connue la danse au Japon depuis quelques décennies, jusqu’à faire de ce pays l’un des plus dynamiques au monde en la matière.
Sylvie Guillem interprétait d’abord le solo la Luna, sur des pages de Bach, que Béjart avait créé en 1984 pour Luciana Savignano et qu’avait repris en 1988 la toute jeune Étoile française qui y révélait et y déployait une partie de ses incroyables dons physiques. Vingt ans plus tard, la technique est aussi impressionnante et l’interprétation a évolué vers la rigueur et le dépouillement au détriment de la poésie et de la spontanéité. C’est différent, aussi brillant, mais un peu sans âme.
Laurent Hilaire et Manuel Legris, Étoiles de l’Opéra de Paris et plus illustres représentants de l’irremplaçable génération Noureev dite aussi « génération dorée », dansaient le Chant du compagnon errant, ce chef-d’œuvre que Béjart avait réglé pour Noureev et Bortoluzzi sur la musique de Mahler.
Moment rare, intense, où ces deux interprètes d’exception allient la plus absolue beauté de la danse à une capacité d’expression qui, sans jamais céder au moindre effet facile, engendre une émotion profonde, permanente, que la dimension du lieu en cette chaude nuit d’été augmente encore.
Et puis, pour finir, Sylvie Guillem, entourée des garçons du Tokyo Ballet, dansait le Boléro. On y a retrouvé la ballerine unique en son genre, investie cette fois avec toute son énergie et une vraie générosité. Une interprétation magistrale, soutenue par ses partenaires masculins et qui suscite comme on s’en doute une enthousiasme délirant dans l’assistance, le tout s’achevant sous une pluie de petits coussins rouges, ceux que l’on distribue aux spectateurs à l’entrée pour améliorer le confort un peu rude des gradins de pierre. Image joyeuse et colorée qui étonne puis ravit les danseurs japonais !
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Grand Théâtre gallo-romain, Fourvière Le 26/06/2008 Gérard MANNONI |
| Hommage à Béjart par le Tokyo Ballet aux Nuits de Fourvière 2008. | Hommage à Béjart par le Tokyo Ballet
Le Sacre du printemps
La Luna
Chant du compagnon errant
Boléro
Chorégraphie de Maurice Béjart, avec Sylvie Guillem, Laurent Hilaire et Manuel Legris, Danseurs Étoiles de l’Opéra national de Paris. | |
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