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L'ACTUALITE DE LA DANSE |
26 avril 2024 |
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G., de Garry Stewart au Théâtre de la Ville, Paris.
Une Giselle verte
Le chorégraphe russe Boris Eifman avait créé une Giselle rouge en hommage à la sublime Spessivsteva. Celle de l’Australien Garry Stewart serait plutôt verte, tant par la couleur des costumes que par une volonté affirmée de nouveauté dans l’approche du mythique ballet romantique. Une audace en grande partie positive.
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« Ne touche pas à ma Giselle ! » est le réflexe spontané des tenants du tout classique. Pourtant, nombreux sont ceux, y compris l’incomparable Yvette Chauviré, qui se sont ralliés d’emblée à la relecture aujourd’hui universellement acclamée de Mats Ek.
Dans les années 1980, Andy Degroat avait aussi ouvert la voie avec une chorégraphie sacrilège et drôle qui avait fait école. Garry Stewart n’est donc qu’un profanateur de plus sur une liste déjà longue. Oublions toute indignation aveuglante et tâchons plutôt de comprendre ce que l’Australian Dance Theatre veut nous raconter avec cette production au demeurant très soignée en tous domaines.
Un peu comme dans le cas de Brumachon et de Molière dont nous parlions récemment, il s’agit de la confrontation d’un imaginaire, celui de Garry Stewart, avec un thème et un personnage mythiques et donc forcément tentant pour toute personne concernée par la danse. L’histoire de la danse est pleine de traitements multiples des mêmes thèmes sans que cela ne gêne personne. Alors, même si Giselle doit sa vie artistique essentiellement au ballet de Coralli et Adam, pourquoi la priver d’autres vies chorégraphiques ?
Le reproche préalable que l’on peut cependant faire à ce spectacle est un certain manque de lisibilité. Même si le texte qui défile sur le bel écran lumineux aux couleurs changeantes qui occupe le fond du plateau sert un peu de guide, il n’est pas aisé de suivre le cheminement de la pensée du chorégraphe.
On est vite perdu avec ces personnages vêtus de manière semblable et aux comportements identiques. Mais en fait, le propos n’est pas de nous raconter à nouveau l’histoire. Il s’agit pour Stewart d’aborder quelques thèmes, celui du romantisme vaporeux, celui de la folie ou hystérie des héros et héroïnes du XIXe siècle, celui de la danse classique.
En un défilé permanent et, c’est vrai quelque peu monotone, semblable à un mouvement perpétuel, les danseurs passent devant nous alternant pas de bourrée et poses classiques, avec de magnifiques sauts très acrobatiques, des chutes incroyablement dangereuses et spectaculaires, des crispations hystériques volontairement inspirées des travaux de Charcot sur cette maladie.
On ne peut qu’admirer la virtuosité des interprètes, leur agilité, leur maîtrise corporelle, leur aptitude à jouer ce jeu très particulier où un simple effleurement peut occasionner une chute aussi complexe que violente. Ce mélange de folie et de douceur, de références et d’invention finit quand même par créer un climat original, spécifique, révélateur d’un vrai travail tant au niveau de la réflexion que de la danse.
Certes un peu abscons, pas totalement nouveau non plus dans ses désirs iconoclastes, le spectacle ne peut donc laisser indifférent car il a une vie, une énergie, un homogénéité et surtout une grande qualité d’exécution qui marquent l’esprit et la sensibilité. Ce n’est pas si courant dans la création actuelle !
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Théâtre de la Ville, Paris Le 02/12/2008 Gérard MANNONI |
| G., de Garry Stewart au Théâtre de la Ville, Paris. | G.
concept et direction artistique : Garry Stewart
chorégraphie : Garry Stewart et les danseurs de l’Australian Dance Theatre
concept du décor : Garry Stewart
costumes : Daniel Jaber & Gaelle Melli
Ă©clairages : Geoff Cobham
musique : Luke Smile
Avec les danseurs de l’Australian Dance Theatre. | |
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