Il faut bien reconnaître, ne serait-ce que pour les traiter comme d’authentiques professionnels, que les élèves de l’École de danse déçoivent un peu dans le premier ballet de ce programme par ailleurs bien réussi. Péchés de jeunesse de l’Étoile Jean-Guillaume Bart, créé pour l’École en 2000 sur des pages de musique de chambre de Rossini, est une pièce très académique, un enchaînement de pas d’école qui ne prend son sens et son relief qu’avec une exécution des plus rigoureuses, à laquelle doit forcément s’ajouter un certain charme, voire un peu d’esprit à la Balanchine.

Il manque malheureusement pas mal de ces éléments au soir de la première, et l’on doit normalement penser qu’au fil des spectacles, cela prendra une autre vitesse de croisière. Manque de précision, notamment dans les ensembles, une certaine raideur chez les garçons, davantage d’aisance, c’est vrai, chez les filles, un travail encore trop appliqué pour avoir une vraie portée scénique, tout cela est un peu en retrait de ce qu’offrent d’habitude ces danseurs déjà de haut niveau. Nul doute que cela n’aura pas échappé à leur directrice, la grande Elisabeth Platel, qui effectue avec eux un travail complet et enrichissant, et qu’elle rectifiera le tir.

D’autant que dès le deuxième ballet, la célèbre Somnambule de Balanchine sur la musique de Bellini, on retrouve tout l’impact qu’ont toujours les spectacles de l’École. Décors et costumes aident sans doute à l’affaire et on admire aussi le talent de comédiens des interprètes de la pastorale, de la danse orientale et de l’Arlequin, l’habile Étienne Ferrère.

Avec beaucoup d’intelligence, expressif avec retenue et distinction, Pierre-Arthur Raveau, bon physique de danseur noble, incarne le Poète, un rôle difficile tout en nuances subtiles qu’il assume très bien. Julia Cogan est une Somnambule au solide travail de pointes et Calista Ruat une bien jolie et piquante Coquette.

Mais c’est sans doute de Yondering, le petit chef-d’œuvre de John Neumeier sur des chansons américaines chantées par Thomas Hampson, que le public gardera le souvenir le plus brillant. Voilà bien une danse joyeuse, tonique, inventive, spirituelle, parfois nostalgique, parfaitement adaptée à ce que ces artistes presque prêts à la vie professionnelle peuvent assumer en montrant toutes les facettes de leurs possibilités. Un vrai régal qui obtient un réel triomphe.

On y remarque à nouveau Pierre-Arthur Raveau, dans un rôle où il peut s’exprimer davantage, joli style et décidément excellent physique maison. Remarqué aussi dans ses différentes apparitions, Neven Ritmanic, très beau saut, belle énergie, enthousiasme et personnalité certaine, avec un long cou si flatteur pour les danseurs. Intéressante présence aussi d’Elio Clavel et de Calista Ruat.

Au Japon, l’École présentera aussi l’excellent Scaramouche de José Martinez, un vrai bijou conçu pour les tout petits ! Nul doute que là-bas, le succès sera aussi au rendez-vous.