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L'ACTUALITE DE LA DANSE 29 mars 2024

Entrée au répertoire du Ballet de l’Opéra de Paris d’Onéguine de John Cranko et nomination de deux nouvelles Étoiles.

Onéguine (1) :
Magic Cranko

© SĂ©bastien MathĂ©

Mathias Heymann (Lenski)

Entrée vraiment festive de l’Onéguine de John Cranko au répertoire de l’Opéra national de Paris, avec un très gros succès public couronné par la nomination de deux nouvelles Étoiles. L’œuvre est certes un peu datée à certains égards mais contient de nombreux passages de très belle danse et ses héros sont remarquablement caractérisés.
 

Palais Garnier, Paris
Le 16/04/2009
GĂ©rard MANNONI
 



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  • Il y a quelque chose de magique dans l’art de John Cranko et dans la dimension mythique prise par l’artiste lui-mĂŞme depuis sa mort dramatique Ă  46 ans en 1976. NĂ© en Afrique du Sud, engagĂ© au Sadler’s Wells Ballet par Ninette de Valois qui lui commande ses premières chorĂ©graphies, vite rĂ©vĂ©lĂ© au monde la danse comme un authentique crĂ©ateur, il prit en 1960 la direction du Ballet de Stuttgart dont il fit l’une des compagnies majeures europĂ©ennes. C’est dans l’avion qui ramenait la compagnie d’une tournĂ©e et qui ne put atterrir assez vite Ă  cause du mauvais temps qu’il mourut d’une crise cardiaque au milieu de ses danseurs.

    Son image est restĂ©e depuis celle non seulement d’un grand chorĂ©graphe mais d’une personnalitĂ© très humaine dont JiřĂ­ Kylián notamment s’enorgueillit d’être le disciple. L’essentiel de son Ĺ“uvre est très significatif du style nĂ©oclassique de l’époque et couvre les grands ballets du rĂ©pertoire acadĂ©mique et bon nombre de ballets anecdotique comme le Prince des Pagodes sur une partition commandĂ©e Ă  Benjamin Britten, la MĂ©gère apprivoisĂ©e, ainsi qu’une Belle HĂ©lène que crĂ©a en 1955 Yvette ChauvirĂ© Ă  l’OpĂ©ra et un RomĂ©o et Juliette entrĂ© au rĂ©pertoire de la compagnie en 1983.

    On ne peut donc qu’approuver la politique actuelle menée par Brigitte Lefèvre à l’Opéra et qui consiste, parallèlement au développement d’un répertoire contemporain, à acquérir certaines pièces majeures d’un néoclassicisme aujourd’hui devenu très classique, comme celles de Neumeier également, et qui, faute de vraie relève actuelle dans la maîtrise de ce style, permet aux danseurs de la compagnie de perpétuer l’enseignement de l’École classique.

    Cela dit, on ne peut nier qu’à certains égards, cet Onéguine, vu jadis à Paris au Festival international de Paris avec Ivan Lishka et Natalia Makarova dans les principaux rôles, ne paraisse un peu daté. Un décor passe-partout trop peu contrasté selon les actes et les situations, des personnages âgés, au deuxième acte, dotés d’un mimodrame trop caricatural et une partition musicale collectionnant certaines des plus mauvaises pages de Tchaïkovski, alors qu’il en existe tant de sublimes.

    Mais cela est compensé par la rigueur des structures étayant le récit, par de multiples moments de danse magistralement imaginée, surtout dans les pas de deux de Lenski et Olga et de Onéguine et Tatiana, avec aussi une caractérisation dramatique très poussée des personnages, demandant aux interprètes de vraies qualités d’acteurs. Bref, un ballet beau à regarder, émouvant, car le drame est traité avec sobriété et aussi vraiment très bien dansé par cette première distribution.

    Puisqu’ils sont les doubles héros de la soirée, parlons d’abord d’Isabelle Ciaravolla et de Mathias Heymann, les deux nouvelles Étoiles. On ne va pas découvrir la première qui vient d’arriver à un remarquable degré de maturité après ses impressionnantes apparitions dans la Dame aux camélias, dans les Enfants du Paradis, dans Troisième symphonie de Mahler. Ovale de visage parfait, immenses yeux bleus, jambes magnifiques et pieds au travail idéal, elle mérite cette nomination d’autant que son interprétation de Tatiana montre une fois encore les qualités poétiques et dramatiques de sa danse dans ce rôle vraiment difficile à tous égards.

    Isabelle Ciaravolla (Tatiana) et Hervé Moreau (Onéguine) / © Sébastien Mathé

    Il est vrai qu’elle a en Hervé Moreau un Onéguine idéal par le physique d’un sobre romantisme, le style, la technique, l’intériorité qui se libère peu à peu, en un mot la classe absolue. On se rappellera en particulier, outre l’extraordinaire pas de deux final avec ses incroyables portés, la fin du premier tableau du deuxième acte où déjà, Tatiana, blessée, commence à se comporter en princesse face à Onéguine que le doute commence à atteindre.

    Quant à Mathias Heymann, il suffit de rappeler que, entré dans le corps de ballet en 2004, il est Coryphée en 2005, Sujet en 2006 et Premier Danseur en 2007. Ascension type des Étoiles incontestables. Le voilà donc, à 22 ans, au sommet de la hiérarchie. Une évidence pour tous ceux qui l’ont vu danser depuis quelques années et que sa parfaite prise du rôle de Lenski confirme naturellement. Tout est beau dans sa danse, la facilité, le travail, l’éclat de la jeunesse, l’énergie, la grâce, avec un physique très scénique au visage expressif prenant très bien la lumière.

    Son Olga est Myriam Ould-Braham, elle aussi en plein épanouissement dans ce type de répertoire. Une ravissante danseuse, tout en finesse, en précision, un tout petit peu précieuse parfois, mais avec esprit et… en nette amélioration dans ce domaine.

    Il faut aussi parler, non seulement du bel enthousiasme du Corps de ballet, mais de ces rôles moins dansés mais indispensables pour tenir la structure du récit et son homogénéité et qui peuvent rendre une œuvre de ce type très ennuyeuse s’ils ne sont pas bien interprétés. Nicolas Paul, superbe Prince Grémine, Béatrice Martel Madame Larina bien présente et Ghyslaine Reichert, nourrice très intelligemment caractérisée contribuent largement au grand succès remporté par le spectacle. D’autres distributions sont attendues avec le plus vif intérêt, notamment celle où Manuel Legris fera ses adieux le 15 mai.




    Palais Garnier, jusqu’au 20 mai




    Palais Garnier, Paris
    Le 16/04/2009
    GĂ©rard MANNONI

    Entrée au répertoire du Ballet de l’Opéra de Paris d’Onéguine de John Cranko et nomination de deux nouvelles Étoiles.
    Onéguine, ballet en trois actes
    livret, chorégraphie et mise en scène : John Cranko (1965)
    musique : TchaĂŻkovski
    arrangement et orchestration : Kurt-Heinz Stolze
    décors et costumes : Jürgen Rose
    Ă©clairages : Steen Bjorke
    répétitions : Reid Anderson et Jane Bourne

    Orchestre de l’Opéra national de Paris
    direction : James Tuggle

    Avec les Étoiles, les Premiers Danseurs et le Corps de ballet de l’Opéra national de Paris

     


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