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L'ACTUALITE DE LA DANSE 19 avril 2024

Clytemnestra, par la Martha Graham Dance Company au Théâtre du Châtelet, Paris.

Les Atrides selon Graham
© Costas

Présenté en troisième programme de la série de spectacles donnés au Théâtre du Châtelet par la Martha Graham Dance Company, Clytemnestra, ballet de 1958, n’avait jamais été vu à Paris. C’est pourtant un panorama assez complet du rapport récurrent de la grande chorégraphe avec le monde antique. Impressionnant.
 

Théatre du Châtelet, Paris
Le 18/04/2009
Gérard MANNONI
 



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  • Malgré d’épisodiques difficultés financières, comme d’ailleurs la plupart des compagnies américaines qui ne vivent toutes que de sponsoring et de mécénat, la Martha Graham Dance Company parvient à garder sous la direction artistique de Janet Eilber une image digne de sa réputation.

    La solidité stylistique et technique des danseurs, leur investissement enthousiaste, la qualité des décors et costumes, tout témoigne du sérieux qui préside aux destinées de la compagnie. Et l’on sait combien est difficile la tâche de garder vivante et intacte la personnalité du travail d’un grand chorégraphe lorsqu’il n’est plus là lui-même pour veiller au grain. C’est donc dans d’excellentes conditions que le public parisien a pu voir pour la première fois cette belle et étrange traduction chorégraphique de l’histoire des Atrides.

    On sait que les thèmes antiques sont l’un axes principaux de l’inspiration de Martha Graham, au point d’avoir très profondément marqué son style et son esthétique. Dans cette œuvre de 1958, elle a choisi la forme d’un grand ballet en trois actes, sorte de voyage intérieur dans les souvenirs d’une Clytemnestre descendue aux enfers et contrainte de s’y remémorer les différents drames de sa vie terrestre.

    Inutile d’y chercher une continuité dramatique, chaque épisode, sous forme de courte scène, intervenant non pas dans un ordre chronologique mais dans celui qui vient à l’esprit de l’héroïne. D’où l’utilité des surtitres qui situent chaque scène de manière précise. D’où aussi le manque de souffle tragique qui pourrait animer un récit mené de façon moins morcelée, comme c’est le cas dans l’immense majorité des innombrables traitements dramatiques ou musicaux de l’histoire des Atrides.

    Hormis ce reproche qui affaiblit la portée de l’œuvre, on ne peut qu’admirer la subtilité du traitement chorégraphique de chaque situation, du rapport des personnages entre eux, dans un ensemble de pas, de gestes, de postures, de déplacements à la fois exacte reproduction de la statuaire et de la peinture grecques et interprétation subjective devenue langage personnel de la chorégraphe.

    La beauté et la perfection des sauts, du travail des bras et des mains, de la géométrie des ensembles – les déplacement collectifs des Furies dont la quasi reproduction de ceux des nymphes du Faune de Nijinski –, les éléments de décors d’Isamu Noguchi, les costumes de Graham elle-même, l’étrange musique de Halim El-Dabh si typée et hors du temps et de l’espace, tout contribue à faire de cette Clytemnestre une sorte de catalogue du langage de Graham. Il n ‘y a pas tout Graham, mais presque, ou du moins l’essentiel, notamment en ce qui concerne l’énergie très spéciale exigée du corps et qui donne ces silhouettes sculpturales aux danseurs.

    Et c’est surtout dans le dernier acte, plus lyrique, plus humain que les deux premiers, que ces personnages un peu glacés parviennent à nous émouvoir, se rapprocher quelque peu de nous. Mais la beauté du travail chorégraphique ne saurait laisser quiconque indifférent, surtout si l’on ne tente aucune comparaison avec les grandes tragédies grecques ou même avec l’Elektra de Richard Strauss par exemple. C’est un autre univers, plus cérébral et plus directement physique, peut-être tout aussi proche de l’essentiel.




    Théatre du Châtelet, Paris
    Le 18/04/2009
    Gérard MANNONI

    Clytemnestra, par la Martha Graham Dance Company au Théâtre du Châtelet, Paris.
    Clytemnestra
    chorégraphie : Martha Graham
    musique : Halim Ei-Dahn
    décors : Isamu Nogushi
    éclairages : Jean Rosenthal
    costumes : Martha Graham et Helen McGehee
    adaptation : Beverly Emmons

    Avec les danseurs de la Martha Graham Dance Company

     


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