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L'ACTUALITE DE LA DANSE 27 avril 2024

Nouvelle distribution d’Onéguine de John Cranko au Ballet de l’Opéra national de Paris.

Onéguine (2) :
Un grand rĂ´le pour Martinez

Après la remarquable prise de rôle d’Hervé Moreau au soir de la première, José Martinez a incarné à son tour de manière magistrale le héros de Pouchkine Eugène Onéguine vu par John Cranko. À quarante ans, la maturité n’a en rien érodé la perfection de sa technique. Un grand de la danse.
 

Palais Garnier, Paris
Le 21/04/2009
GĂ©rard MANNONI
 



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  • On a beau suivre depuis pas mal d’annĂ©es la carrière d’un artiste, il peut parvenir encore Ă  vous Ă©tonner. Si personne ne put jamais mettre en question la qualitĂ© exceptionnelle de la technique ou du style de JosĂ© Martinez, certains ne manquèrent pas, parfois, de regretter qu’il garde une certaine rĂ©serve pudique dans le drame. Il avait une manière Ă  lui de traduire la violence ou la profondeur des sentiments de ses rĂ´les qui Ă©taient Ă  l’opposĂ© du lyrisme tous azimuts de certains de ses collègues.

    Pour les amateurs de théâtre d’une génération passée, on pourrait dire qu’il avait un côté Gérard Philippe et non Pierre Brasseur. Et puis, aujourd’hui, au sommet de la plus belle des carrières, le voilà qui se révèle tragédien sobre, certes, mais totalement bouleversant dans un rôle où l’expression du visage tient une part aussi grande que celle de la chorégraphie.

    Dès son entrée, il est évident que cet ami que Lenski introduit dans cette société aisée, sympathique et provinciale, est d’une nature différente. Il est d’emblée dangereux, inquiétant, porteur d’un drame intérieur qui ne demande qu’à exploser. Peut-être surgit-il déjà de quelque aventure affreuse, comme il le fera lors de sa réapparition à Saint-Pétersbourg chez les Grémine.

    Dès lors, tout s’inscrit dans une logique de la tragédie. Il courtise Tatiana parce que personne d’autre n’est là pour le faire, avec un mélange de politesse distanciée, de provocation et une pointe d’agacement devant sa naïveté et sa fraîcheur. Il a du en courtiser des dizaines de cette sorte, le temps d’une villégiature à la campagne. Et c’est d’ailleurs autant pour lui prouver qu’il n’est pas question qu’il lui appartienne, pour déranger l’ordre bien établi de cette micro société, qu’il s’amuse à cette fausse séduction d’Olga sous le nez de Lenski.

    Martinez montre magnifiquement le côté narquois de son comportement pendant ce bal qu’Onéguine trouve certainement assez ridicule dans sa gaîté paysanne. Son monde est celui du prince Grémine, pas celui de Madame Larina. Toutes ces nuances d’une vraie subtilité sont idéalement traduites par Martinez, par les mille expressions du visage accompagnant les pas et la gestuelle dans une osmose dramatique totale.

    Et c’est en toute logique un être déchiré que Tatiana peut foudroyer d’un regard déjà de princesse à l’issue du duel. On songe à Werther s’autodétruisant consciencieusement à la poursuite d’un amour qu’il sait impossible. Onéguine a ce même masochisme romantique de l’autodestruction et, dès lors que Tatiana a non seulement rejoint son clan social – n’oublions pas qu’à l’époque tout se joue et se juge à ce niveau – et surtout se trouve hors d’atteinte, elle devient un objet de désir impérieux, absolu, irrésistible.

    Une fois encore jusqu’à l’admirable pas de deux final où le visage du danseur exprime avec la danse la totalité de ces déchirements intérieurs, Martinez s’est montré somptueux tragédien. En le voyant à pareil niveau dans un tel rôle, comment ne pas regretter que personne n’ait songé à lui chorégraphier un Hamlet où toutes ses qualités seraient employées ? Mais pourquoi pas lui-même ?

    Face à pareille composition, Dorothée Gilbert a plus de mal à imposer un personnage théâtralement évolutif et prenant. C’est toute la différence entre une Étoile à la vaste expérience et une très brillante jeune Étoile dont la technique est encore le langage principal. Superbe en ce domaine, éblouissante même, Dorothée Gilbert est une Tatiana toute de fraîcheur, d’enthousiasme, de fougue, un régal pour tous ceux qui aiment la perfection de notre école de danse. Elle parviendra sans nul doute au fil des spectacles, et aussi des années, à donner plus d’épaisseur et de complexité psychologique à ce type d’héroïnes.

    Belle école française également défendue par Muriel Zusperreguy et Florian Magnenet, travail impeccable, mais aussi assez impersonnel. Quitte à le répéter, car il doit l’entendre fort souvent, il faudrait vraiment que Florian Magnenet, avec le potentiel physique qu’il a, trouve la motivation intérieure de faire un usage plus abouti de ce que la nature lui a donné. Pour faire un grand soliste, il faut encore plus qu’une haute taille, une belle gueule et une solide technique. Il doit bien y avoir quelque part dans la maison ou ailleurs, un maître capable de lui inculquer cela.




    Palais Garnier, jusqu’au 20 mai




    Palais Garnier, Paris
    Le 21/04/2009
    GĂ©rard MANNONI

    Nouvelle distribution d’Onéguine de John Cranko au Ballet de l’Opéra national de Paris.
    Onéguine, ballet en trois actes
    livret, chorégraphie et mise en scène : John Cranko (1965)
    musique : TchaĂŻkovski
    arrangement et orchestration : Kurt-Heinz Stolze
    décors et costumes : Jürgen Rose
    Ă©clairages : Steen Bjorke
    répétitions : Reid Anderson et Jane Bourne

    Orchestre de l’Opéra national de Paris
    direction : James Tuggle

    Avec les Étoiles, les Premiers Danseurs et le Corps de ballet de l’Opéra national de Paris

     


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