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L'ACTUALITE DE LA DANSE 27 avril 2024

Nouvelles distributions pour la reprise de Giselle à l’Opéra de Paris.

Giselle (3) :
Générations confrontées

© Julien Benhamou

Aurélie Dupont (Giselle)

Dans le cadre des changements de rôles inhérents à la reprise de Giselle à Garnier, très intéressante confrontation de deux générations d’Étoiles en peu de jours, avec une première distribution (6 octobre) réunissant Aurélie Dupont et José Martinez, un sommet, et Dorothée Gilbert et Mathias Heymann (8 octobre), toute l’ardeur de jeunes prises rôles.
 

Palais Garnier, Paris
Le 08/10/2009
GĂ©rard MANNONI
 



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  • On croit souvent avoir tout dit et tout Ă©crit sur des artistes que l’on suit depuis l’aurore de leur carrière. Et pourtant, les plus grands parviennent toujours Ă  vous Ă©tonner, encore et encore. Il serait aussi ridicule que hors de propos de dĂ©couvrir le talent exceptionnel tant d’AurĂ©lie Dupont que de JosĂ© Martinez. Ces deux Étoiles exemplaires de la plus belle Ă©cole de danse classique possible ont dĂ©jĂ  montrĂ© l’infinie Ă©tendue de leurs possibilitĂ©s, ensemble, ou sĂ©parĂ©ment.

    Mais voilà qu’à l’occasion de ce spectacle où Aurélie Dupont prend la place d’Agnès Letestu blessée, ce 6 octobre, l’on a presque l’impression de les découvrir sous un jour nouveau. Quelle imagination chez Aurélie Dupont pour incarner au I une Giselle toute pétrie d’amour, moins naïve qu’aveuglée par ses rêves et sa passion, spontanée, confiante, débordante d’un bonheur qui trouve tout naturellement dans la danse son expression la plus naturelle !

    Quelle splendide variation avec la célèbre diagonale maîtrisée de façon magistrale ! Et puis, le rêve brisé la transforme soudain en une pauvre créature détruite éperdue, proie facile du royaume des Wilis qui l’appelle. Le II est naturellement une démonstration totalement fascinante de style, de technique, d’intériorité intelligemment traduite, sans la moindre faute de goût ni de jugement. Purement splendide, avec ce travail de pieds d’un raffinement et d’une précision délectables.

    Face à elle, José Martinez est au I un prince pris lui aussi au jeu de cet amour qu’il sait bien impossible mais auquel il croit quand même comme le démontrera le II. Découvert, il est aussi brisé que Giselle, mais selon les règles de son monde à lui qui le poussent à tirer l’épée contre Hilarion. Martinez parvient à montrer avec un grand art cette dualité de prince qui se voudrait paysan et de prince qui ne peut malgré lui se défaire de cette noblesse qui lui colle à la peau et fera son malheur.

    Il n’est pas facile de mettre autant de choses dans l’interprétation d’un personnage si souvent jugé de manière très manichéenne. Au II, hyper romantique, il donne aussi une idée de ce la danse classique masculine peut montrer de plus beau et de plus émouvant à tous égards.


    Distribution du 8 octobre

    Richesse de la compagnie de l’Opéra de Paris, deux jours plus tard, deux des plus brillantes jeunes Étoiles relevait le défi avec un enthousiasme, une foi et des qualités tout à fait dignes de l’illustre tradition dont ils sont parmi les plus récents héritiers. Superbe technicienne, Dorothée Gilbert n’a aucun mal à convaincre au I, même si elle devra travailler les expressions de son visage pour les varier et donner plus de relief à son personnage.

    Elle a d’ailleurs presque trop de santé pour annoncer sa fragilité congénitale et là encore, le visage pourra compléter et équilibrer la force expressive naturelle d’une danse si technique. Au II, l’immobilité du visage est parfaite et la pureté des arabesques, du travail de pieds et de bras peut alors prendre toute sa valeur. Une bien belle prise de rôle qui annonce certainement une grande interprète de ce ballet.

    Mathias Heymann, avec ses dons formidables, a presque tout ce qu’il faut pour être Albrecht. Au II, on est béat devant la facilité de cette danse aux sauts incroyables, à l’onctuosité permanente, à l’élégance naturelle. Ses grands jetés en particulier sont assez fascinants. Il sait également émouvoir quand il le faut. Au I, en revanche, il manque de stature, entouré de paysans et de seigneurs physiquement plus imposants que lui.

    Encore trop adolescent d’allure, il a du mal à être crédible dramatiquement. Il lui manque ici une épaisseur scénique et dramatique qu’il aurait certainement davantage avec une partenaire plus petite que lui. Non que Dorothée Gilbert soit vraiment grande, mais son énergie n’est pas de la même nature et elle s’oppose trop à celle de Mathias Heymann.

    Tous les Albrecht, et certains parmi les plus illustres, n’ont pas été plus grands, mais avec des partenaires leur correspondant davantage. La danse d’Heymann est exceptionnelle, mais ce serait lui rendre un mauvais service que de lui dire qu’on ne l’a pas vu dans des rôles lui convenant pour l’instant mieux et qu’ici, seule la qualité de sa technique et le charme de sa danse peuvent suffire.

    À mentionner aussi, la très remarquable Reine des Wilis d’Émilie Cozette aux côtés de Martinez et Dupont. Une reine tout en subtile froideur, très altière, sans inutile agressivité, le geste et le saut ample et élégant, rien d’une mégère, mais une femme poussée à la vengeance par une blessure intime qui la rend implacable pour rendre ce qu’elle pense être la justice, sans jamais déroger ni perdre son rayonnement royal. Elle n’est pas reine seulement pour sauter davantage que les autres. Une superbe composition.

    Belle et virtuose présence aussi de Mélanie Hurel et d’Emmanuel Thibaut dans le pas de deux des paysans avec Gilbert et Heymann. Solide tenue aussi d’un Corps de ballet de grand luxe, mené chez les dames par Alice Renavand et où se côtoient chez les garçons l’élite de la nouvelle génération avec Bruno Bouché, Vincent Chailley, Josua Hoffalt, Allistair Madin notamment et Sébastien Bertaud quand il n’incarne pas Wilfried.

    Les mêmes vont maintenant changer totalement d’univers avec les programmes Milepied-Paul-MacGrégor et Joyaux de Balanchine. Une autre aventure ! Enfin, impossible de ne pas déplorer la plus que médiocre interprétation de la partition par l’Orchestre Colonne mené comme une charge de cavalerie par un Koen Kessels que l’on a connu plus inspiré.




    Palais Garnier, Paris
    Le 08/10/2009
    GĂ©rard MANNONI

    Nouvelles distributions pour la reprise de Giselle à l’Opéra de Paris.
    Giselle, ballet en deux actes (1841)
    Livret de Théophile Gautier et Jules-Henri Vernoy de Saint-Georges
    musique : Adolphe Adam
    chorégraphie : Jean Coralli et Jules Perrot
    adaptation : Patrice Bart et Eugène Poliakov
    décors et costumes : Alexandre Benois

    Orchestre Colonne
    direction : Koen Kessels

    Avec les Étoiles, les Premiers Danseurs et le Corps de ballet de l’Opéra national de Paris.

     


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